L'Organisation [ TERMINÉE ]

Chapitre 27; Part 3

     Eileen est à la salle d'entraînement. Ça ne m'étonne pas. Elle y passe le plus clair de son temps. Ce n'est pas comme Loan qui refuse de se rallier au mouvement. Aucunes des anciennes recrues ne veulent s'intégrer correctement ici. Je suis obligé de faire des cent et des milles pour que la cohabitation se passe bien. Les habitants d'ici ne les veulent pas, je dois faire tout mon possible pour qu'ils les tolèrent et aucuns d'eux ne fait d'effort pour faciliter cette vie en communauté. A croire que ça leur est égal d'être ici ou à l'Organisation.

     Je laisse mes préoccupations de côté pour l'instant. Je ne peux pas tout régler en même temps. Il faudrait que j'organise une réunion pour discuter avec eux et leur faire part de ce nouveau mode de vie. Pour l'heure il me faut m'entretenir avec Eileen. Elle court dans la salle -un immense hangar souterrain désaffecté- les mains derrière le dos j'attends qu'elle se rapproche pour lui faire signe de me rejoindre. En quelques foulées elle arrive à ma hauteur. Elle est toute haletante, le souffle court.

- Tu t'entraînes dur.

- Il faut ça pour faire face. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

- J'aimerais savoir si les anciennes recrues participent à l'entraînement.

- Non pas vraiment. Ils les évitent. La plupart travaille dans les galeries tu savais pas ?

- Qu'est-ce qu'ils y font ?

- Eh bien, la fille...

- Gaci.

- Oui, elle est avec les enfants. Je suppose qu'elle leur apprend des trucs.

- Je sais déjà que Loan ne fait rien, et quant à Born il erre dans les couloirs.

- Quand il est sobre. Il faut vraiment que tu lui parle, il cause beaucoup de problèmes pendant ses crises, il dérange pas mal.

- Je sais. Je vais faire au mieux pour qu'il comprenne qu'une place ici, en sécurité, se mérite. Et pour Kah et Jethro ?

- Ça peut aller. Ils ne font pas trop de bruits. Mais ils ne cherchent pas non plus à s'intégrer davantage. Tu sais Bajra, il faut que tu leur montre qu'ils vivent dans une nouvelle communauté, avec des règles. Qui s'appliquent aussi à eux.

- Je te rappelle que je suis le leader du mouvement. Fais attention à qui tu t'adresse.

- Entendu... chef.

     Eileen me salue tel un soldat, la main sur la tempe avant de retourner à son entraînement en trottinant. Je regagne la salle du conseil où je demande à Oskar de fermer les portes. Je ne veux recevoir personne. Je fais appeler Bélem pour avoir une réunion avec mes conseillers.

     Oskar arrive avec lui et ferme les portes à leur passage. Je m'installe sur mon fauteuil, légèrement réhaussé.

- Tu voulais me voir ? Demande Bélem.

- Nous voir, corrige Oskar.

- J'ai un problème avec les recrues. Elles ne s'intègrent pas.

- Gaci s'occupe d'aider les enfants à l'école. Et Jethro participe à la surveillance des tunnels.

- Ça ne fait que deux recrues sur cinq Oskar. Je demande à voir leur travail. Bajra on a toujours ce problème avec tes anciens coéquipiers, Loan refuse d'y mettre du sien. Quant à l'autre là... Born, c'est un vrai problème. Il nous amène que des embêtements.

- Et il est censé faire quoi ? L'exclure ? On a besoin du plus de monde possible pour contrer l'Organisation.

- Ce mec se laisse vivre pendant qu'on est en train de bosser comme des dingues. Bajra tu dois l'évincer, on n'a pas assez de temps.

- Non, ce qu'il doit faire c'est intervenir.

- Écoute moi bien Oskar, tu n'es plus le leader de cet endroit. Tu as décidé de laisser ta place à Bajra, c'est à lui de décider.

     J'écoute attentivement leurs arguments. Ces deux-là se battent uniquement pour une seule chose : ma place. Mais Oskar a été stupide de me la léguer : jamais il ne pourra la récupérer. Bélem pourrait me poser plus de problèmes, mais pour l'instant il n'a pas le soutien suffisant pour me renverser. Il n'est pas assez diplomate pour apaiser les tensions ou conquérir une foule. Ça m'étonnerait qu'il puisse prétendre à ma place. Ce siège est le mien désormais, il devra s'y faire. Oskar et Bélem ont continué de débattre mais mes pensées n'étaient plus avec eux.

- Occupez-vous de les surveiller. Assurez-vous qu'ils ne s'attirent pas de problèmes avec les autres. Mais soyez discret.

- Bajra, je ne pense pas que ce soit la solution. Ils leur faut du temps pour s'adapter, les brusquer...

- Nous n'avons pas assez de temps Oskar ! Criais-je.

- Ça fait maintenant quatre mois qu'on les héberge. Ils ont eu largement de temps, conclut Bélem.

     Celui-ci quitte la pièce. Je reste seul avec Oskar. Je le renvoie de la main. Je n'ai pas la force d'entreprendre une discussion avec lui. Je connais par cœur ses arguments et je suis lasse de les entendre. Les recrues doivent s'adapter. Le temps des lamentations est terminé.Nous manquons de temps et nous devons agir vite. Nous avons déjà trop attendu.