Chapitre 24; Part 5

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ADE

     De retour à la tour, des natifs en quantité sont venus nous aider, on nous a directement envoyés à l'infirmerie mais cette fois on a eu droit à un suivi psychologique obligatoire. Les médecins ont conclut qu'on était tous en état de choc et ont suspendu les contrats. Heya a appris la nouvelle dans son lit d'hôpital. Elle a refusé qu'on lui parle. Nos instructeurs n'ont pas mis longtemps à venir nous voir, chacun nous a adressé un mot et nous a encouragé à aller mieux. Mais comment on est censé aller mieux lorsque les personnes avec qui ont a été enfermées pendant des mois, avec qui ont a affronté les mêmes galères sont parties ? Comment va-t-on pouvoir s'endormir lorsque le lit d'à côté est vide ? Personne n'a cessé de pleurer. Tout le monde s'est isolé. Il régnait une ambiance pesante au Prétoire d'habitude si animé le soir, le bar s'est retrouvé plongé dans le noir, personne ne parlait. On pouvait entendre des murmures mais la majorité des bruits provenait des pleurs retenus ou non des recrues. Ils ne peuvent pas comprendre nos larmes.

     A mon grand étonnement les natifs ont rapatrié les corps, ils nous accordent un dernier moment avant de les ramener auprès des familles. Pour ma part je n'ai pas souhaité leur faire mes adieux. On a été plus nombreux à ne pas souhaiter les voir que l'inverse. Jamais ils ne s'en iront pour nous. Leurs souvenirs resteront intactes dans nos mémoires. Quatre. Officiellement. Mais très certainement vingt-quatre recrues sont mortes en même temps que Makayla, Matt, Anjali et Cirkel. C'est même une certitude. Toute l'équipe informatique a fait ses adieux à ces coéquipiers d'un autre genre. Ils étaient même désolés de ne pas avoir reçu les mêmes cartes que nous lors de notre entrée ici. Plus rien n'a de sens. Pourquoi sommes-nous choisis pour décider du droit de vie ou de mort des ces personnes ? Pourquoi est-ce que l'on fait ça ? Surtout pourquoi est-ce que c'est tombé sur nous ?

     La nuit s'est installée bien vite comme si elle voulait finir cette journée plus tôt pour nous persuader qu'elle n'a jamais existé. Je traîne un peu partout dans le Prétoire, je ne sais pas où me poser, je ne sais pas quoi faire. Ma question est vite réglée lorsque je remarque pas mal de recrues tassées les unes aux autres sur la place du Prétoire. Même Heya a fait le déplacement, on lui a installé une chaise car bien trop faible pour rester debout. Je viens me ranger aux côtés de Loan qui m'enserre plus pour avoir une présence que pour me réconforter. A ce niveau-là on a plus besoin d'être soigné que de soigner les autres. Nos instructeurs sont rejoints par des natifs qui s'entassent aux rembarres des Arceaux. Kelsey prend la parole en premier, timidement, d'une voix peu assurée.

- Nous avons fait état de quatre pertes dans nos rangs. Matt Qudice, Anjali Boujarali pour mon escouade, Cirkel Jones pour celle de Caden et Makayla Jane pour celle de Noah. Mais toutes pour vous. Puissiez-vous trouver la paix.

     Je n'ai jamais compris cette coutume d'énumérer les noms des morts, des « victimes », elles ne reviendront pas qu'on les cite ou non. Peut-être est-ce pour les rendre bien mortes ou pour faire exister officiellement une dernière fois leurs mémoires.

- Je suis sincèrement désolé pour cette journée et pour toutes les autres. Puissiez-vous trouver la paix.

     Noah est très sobre dans ses propos. Il se retire visiblement ému. Sincèrement ému. Des trois, ça a toujours était lui le plus humain, le plus attentif à nos problèmes, le meilleur. Je ne comprends pas pourquoi des gens si bons se retrouvent à faire des choses si horribles. Caden prend place dans la salle, vraiment. Je ne veux tellement pas écouter ce qu'il veut nous dire. Enfin, le meilleur pour la fin.

- Recrues ! Ne vous laissez pas abattre par cette épreuve. Au contraire, c'est dans l'adversité qu'on voit lesquels ont les nerfs pour cette tâche qu'est l'Organisation.

     Des cris d'approbations s'élèvent des Arceaux. Sérieusement ? C'est ça la mentalité d'ici ? Je comprends mieux pourquoi Noah a préféré se retirer.

- Je suis tout aussi touché que vous par la perte de vos amis. Sans compter que ma recrue était de loin la meilleure que j'ai pu avoir jusqu'à présent. Ça sera avec grande émotion que j'accueillerai la prochaine promotion.

- Tes propos sont maladroits, s'il-te-plaît ne salie pas davantage leur mémoire, implore Kisaija.

- Je déplore tout autant que vous la mort de vos amis, peut-être plus celle de ma recrue que j'ai entraîné durant des mois.

- Non tu déplore simplement que sur les cinq que tu avais, ce soit la meilleure qui soit morte et non pas une autre, intervenais-je (et objectivement c'est vrai).

- C'est sûr que si ça pouvait être la marquée ça m'aurait plus arrangé. T'as étais une vraie emmerdeuse Ade.

- J'ai eu un excellent formateur.

     Loan m'attire à lui pour nous faire quitter le Prétoire. Les autres recrues nous emboîtent le pas. On préfère de loin se recueillir tous ensemble plutôt que de partager ce moment avec lui. Glimoth et Kah ont aidé Heya à se déplacer, elle souffre encore pas mal de ses blessures. Son état reste préoccupant pour les médecins donc fini les contrats jusqu'à nouvel ordre.

     Nous avons décidé de rejoindre le sous-sol. C'est là que tout à commencé, que l'on a souffert ensemble, que l'on a passé le plus clair de notre temps. Il arrivait que Cirkel reste quelques heures de plus une fois l'entraînement finit pour pouvoir s'améliorer encore plus. Ce n'est pas étonnant qu'elle est été première de notre promotion. On s'est rassemblé sur les tatamis durant un long moment où personne n'avait vraiment envie de parler. On se contentait de se soutenir par la présence. 

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant