Chapitre 20

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CÉLESTE


Cinq jours que je croupis dans ce cachot sans bouger. Je ne mange et ne bois même pas les faibles et fades rations de nourriture et d’eau qu’ils m’apportent. J’ai l’esprit vide, je ne pense à rien. Je préfère me laisser mourir. Me contentant de regarder le vide et de dormir.

En outre, je pense que si j’essayais de repousser loin de moi cet état de morbide attente, je constaterais malheureusement l’impossibilité d’esquisser le moindre mouvement à laquelle je suis réduite. Trop faible. Mes muscles sont trop endormis, ankylosés et manquent plus que tout du tonus que la nourriture est censée leur apporter. Pauvre moi. Dépérir ainsi est cruel. Je suis désolée pour mon corps, dont j’ai toujours essayé de prendre soin du mieux que j’ai pu, mais mon esprit, lui, n’en peut plus. Il est résolu. Je ne pense plus à Dante. Ou du moins je le voudrais. Mais si avant de mourir je pouvais le voir une dernière fois, pour qu’il lise dans mes yeux toute ma haine ! Cela dit, je ne sais même pas si j’aurais le courage de soutenir son regard.

C’est étrange de détester autant quelqu’un et d’espérer le croiser pour lui jeter toute cette colère au visage, puis une fois venu le moment de la confrontation, craindre comme la peste d’être en sa présence. La haine mène toujours à de violents affrontements, et à des sentiments encore plus mitigés. D’abord on bout intérieurement sous l’effet de ce maelström d’émotions. Puis on retourne sa colère contre le monde entier. Mais face à lui, comment trouverai-je les armes pour l’affronter alors qu’il ne me vient qu’un instinct, prendre mes jambes à mon cou, à la seule évocation de son prénom ? Je ferme à nouveau les yeux. Préférant oublier l’obscurité profonde de ma geôle à mesure que le pâle rayon froid de la mort descend un peu plus sur mon visage.

Envoûte-moi ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant