Chapitre 8

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Mes yeux s'ouvrent lourdement. Je me relève brutalement et observe tout ce qui se trouve autour de moi. Ma tête, aïe ! Doucement, Céleste ! Deux des murs de la pièce sont peints en noir et deux autres en rouge foncé, face à face. Quelques armes y sont exposées, trois grandes épées, un arc et une grosse hache, créant d'emblée l'illusion de se trouver dans un donjon sadien. Le sol est recouvert de dalles de marbre noir, les armoires sont en bois foncé et le lit où je suis allongée est un lit à baldaquin noir avec pour couverture, une peau de bête tout aussi sombre. Au fond de la pièce, une salle de bain séparée par une paroi de verre. Qu'est-ce que je fais là ? Ce n'est pas lendroit où je me suis réveillée la première fois ! Je me lève, mais cette fois, sans la moindre difficulté.

Je me fige en pleine réflexion. Ce n'est pas normal, je devrais avoir mal ! Pourquoi je ne ressens plus aucune douleur ? Il y a quelques heures à peine, je souffrais le martyre pour faire un simple pas. Je me remémore alors la bête aux yeux rougeoyants et un frisson de terreur naît le long de mon échine. Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Je l'ignore, mais une chose est sûre, cette bête ma forcée à boire du sang : dans ma gorge naît un haut le cur bien naturel.

Je soulève la longue tunique qu'on m'oblige à porter. Je remarque qu'elle est déchirée par endroits et couverte de taches de sang. Sans doute à cause de ma lutte avec la bête. J'examine à présent ma peau et quelle surprise ! Ni plaies, ni cicatrices, ni ecchymoses, plus rien ! Cest impossible !

C'est vrai que je guéris toujours très vite, ça a toujours été le cas. Je me souviens que quand j'étais enfant, la moindre éraflure avait totalement disparu en moins de deux jours, contrairement aux autres, qui, en plus, avaient généralement des cicatrices, alors que moi, aucune. Mon médecin avait alors expliqué à ma mère que mon système immunitaire me permettait de guérir plus vite que la moyenne. Malgré tout, là, il s'agit de plaies profondes, dégratignures importantes et de bleus énormes ! Je ne suis pas spécialiste, mais il me semble quen temps normal, il m'aurait fallu quelques semaines pour me rétablir normalement. Est-ce que je suis là depuis tout ce temps ? Je ne sais même pas. Peut-être des heures, des jours, je ne sais plus. Je veux seulement quitter cet endroit.

Même si ma vie n'est pas parfaite, je n'ai qu'une envie : la retrouver. J'en ai marre dêtre victime de mon destin, il faut que je m'échappe ! Mais comment faire ? J'analyse méticuleusement la pièce, afin d'obtenir un indice ou encore une idée.

Mes yeux se posent sur les fameuses armes accrochées au mur. Pourquoi pas, au point où j'en suis de toute façon ! Je me précipite vers ces dernières et saisis la première qui se présente à moi. Merde ! C'est incroyablement lourd ce truc ! Trop lourd, trop grand, trop voyant. Je la remets à sa place. Il me faut quelque chose de plus petit et moins lourd. Je continue de fouiller dans tous les recoins. Bingo ! Je m'empare dune petite dague dont le manche et le fourreau, en or et en velours rouge, protègent une lame en fer d'une bonne vingtaine de centimètres, bien aiguisée, incroyablement brillante à la lumière.

Je le glisse entre mes seins, en faisant bien attention à ce que le poignard soit bien recouvert du tissu de ma tunique et que cela reste invisible. Puis je massieds calmement sur le lit et réfléchis à la façon dont je vais procéder. Il ne faut pas que jattaque tout de suite. Il faut attendre le bon moment, celui où ces fous baisseront leur garde. À ce moment, il faudra que je sois vive et agile, comme un serpent qui fond sur sa proie pour lui injecter le poison mortel. Hélas, j'ai bien peur que tout ne se passe pas comme prévu, toutefois ai-je le choix ? Je ne veux tuer personne, cependant quelle extrémité violente est-on susceptible datteindre quand on séquestre quelquun et quon lui fait craindre à chaque instant pour son existence ?

Même dans ces moments affreux, la plupart de mes pensées sont pour Dante. Ces psychopathes mont séparée de la seule personne avec qui je me laissais doucement aller et cela, pour la première fois depuis des années. Le destin se montre parfois tellement cruel ! Est-ce qu'il pense à moi ? Est-ce que je lui manque ? A-t-il remarqué ma disparition ? Si oui, est-il inquiet ? Est-il déjà à ma recherche ? Peut-être ! Non, tu délires ma pauvre fille ! Pourquoi penserait-il à toi ? On a seulement passé un peu de temps ensemble, qu'est-ce que je mimagine au juste ? Pff, je suis stupide. Il peut avoir toutes les femmes qu'il veut alors pourquoi jeter son dévolu sur moi ?

Je ne suis pas moche mais pas captivante pour autant. Le genre de fille dont on dit quelle est « passable » ou encore « potable ». J'ai des formes à niveau de la poitrine et des fesses sans qu'elles soient proéminentes comme les stars refaites d'aujourd'hui, là-dessus je ne fais qu'un mètre soixante, autrement dit, je suis loin de rentrer dans les critères de la taille mannequin ! J'ai de longs cheveux roux bouclés qui descendent jusqu'au milieu de mon dos. Un petit nez, des yeux vert émeraude, de longs cils, des lèvres pulpeuses, une peau au teint de porcelaine et des pommettes hautes parcourues de très légères taches de rousseur. Un bruit marrache de mes réflexions. La porte s'ouvre brutalement sur le même homme que la dernière fois.

— Suivez-moi. Le maître vous attend.

Ouais, bah, je passe mon temps à vous suivre et je ne sais toujours pas pourquoi je suis là, ni même qui m'a ramenée jusqu'ici.

— Je vous préviens, si vous m'emmenez à nouveau à cette bête aux yeux rouges et qu'elle me fait à nouveau boire du sang, vous allez passer un sale quart d'heure dès que je vous revois, je vous le garantis ! J'en ai marre de ce petit manège, je ne me laisserai plus faire !

Je tente de garder une certaine contenance et de me montrer forte pour provoquer chez lui la moindre réaction. Un rictus. L'homme semble être amusé par la situation. Torturer des gens, ça l'amuse ? Quelle ordure ! Je vais mettre mon plan à exécution, je vais faire mine de le suivre et, au moment opportun, je lui planterai le poignard avant de m'enfuir de cet endroit à toutes jambes.

Je me lève et passe à côté de lui la tête haute en le bousculant légèrement. Je sais que je ne devrais pas le provoquer. Je joue avec le feu, mais je ne peux pas m'en empêcher ! Il m'observe sans rien dire, sans bouger. Je lance d'un air désinvolte :

— Bon, on y va ou vous attendez le déluge ?

Il me regarde étrangement et se met en route. Tout est immense ici, comment menfuir sans me retrouver perdue dans un tel labyrinthe ? La personne qui possède ces lieux doit être très riche et très ennuyée. Si ça se trouve j'ai atterri chez un gros mafieux ! Nous continuons d'avancer jusqu'à ce qu'il s'arrête devant une porte et annonce :

— Nous y sommes.

Ils ont un problème avec les portes ici ou quoi ? Elle est immense en bois massif et très finement sculptée, réplique exacte de celle de la veille. Le prix de cette porte devrait à lui seul couvrir au moins un trimestre de loyer de mon appartement ! Il enclenche la poignée. À peine l'huis s'entrouvre-t-il que je me retourne rapidement, sors la dague de ma poitrine et la plante dans le bras de l'homme. Aucune réaction. Je le regarde, stupéfaite. Oups, je crois l'avoir mis en colère Il ne bouge pas mais semble furieux. Je perçois comme de petites flammes rageuses qui dansent dans son regard. Il retire la dague de son bras et la laisse tomber sur le sol dans un fracas métallique, tout en plongeant ses yeux ténébreux dans les miens.

Je suis soufflé, comment peut-on être si stoïque et impassible alors qu'on s'est fait perforer le bras ? La douleur est en option chez lui ? Merde à la fin ! Suis-je définitivement condamnée ? Quest-ce que je dois faire pour me défendre dun mec pareil ? Lui tirer dessus avec un fusil à pompe pour qu'il commence à réagir ? De toute façon, même si j'en avais un sur moi, je n'aurais pas le courage dappuyer sur la détente. Mon apparence forte n'est qu'une façade. Toute cette belle et forte assurance nest quune illusion. Ce mec meffraye au plus haut point, mais je mets toute mon énergie à le lui cacher. Il serait trop heureux de voir la peur qu'il m'inspire, il se sentirait puissant et je ne veux pas qu'il utilise cette faiblesse contre moi.

Il lève la main et dun geste rapide il m'envoie balader au milieu de la pièce, sans ménagement. Bon, mon plan ne se déroule vraiment pas comme prévu ! Ils vont sans doute me faire subir un traitement encore plus terrible que ce qu'ils avaient prévu ! J'ai vraiment la poisse jusquau bout ! Que pouvais-je bien faire d'autre ? Me taire docile et subir ? Hors de question, quitte à mourir autant tout tenter.

Je heurte le sol en même temps que des bruits résonnent dans la pièce. C'est l'homme qui veut probablement se venger de mon coup de couteau. Mais une voix sinterpose.

— Ça suffit, Mike.

Cette voix

Envoûte-moi ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant