Envoûte-moi ...

Chapitre 47

Céleste

Les battements de mon cœur accélèrent sensiblement. Dante me regarde avec bienveillance, presse ma main de la sienne et pousse la porte. Quoique spacieuse, l’atmosphère chaleureuse qui règne à l’intérieur confère à la pièce une dimension raisonnable par rapport aux autres salles du château. Les vampires, la plupart confortablement installés sur des fauteuils ou des canapés bordeaux, sont occupés, les uns à jouer au poker, d’autres à discuter. On se défie au billard ou aux fléchettes également. Dans le fond, des rires fusent, ils proviennent de quelques femmes, assises pour certaines, en groupe et à l’écart des hommes. Quelques rares enfants au milieu de tous ces adultes, et sans doute multicentenaires, courent et rient joyeusement. Une chaleur agréable se dégage d’une grande cheminée en pierre marron, tandis que la lumière tamisée des lampes accroît le sentiment d’intimité qui se dégage de ce lieu que tout contribue à rendre accueillant, y compris la décoration composée de quelques tableaux et de trophées de chasse empaillés accrochés aux murs.

Parmi un groupe d’hommes réunis autour d’une carte sur laquelle ils déplacent des pions, je reconnais immédiatement Mike et Tristan. Plus loin, c’est Léna qui parle avec une femme, tout sourire. Dès qu’ils s’aperçoivent de notre présence et particulièrement de celle de Dante, ils mettent fin sur-lechamp à leurs activités pour s’incliner au son d’un « Votre Majesté » prononcé en chœur. Des regards s’attardent sur moi, me détaillant avant de progressivement retourner à leurs occupations. Bon, l’immersion débute correctement…

Dès que Lena me voit, elle me rend mon sourire et se dirige vers moi, accompagnée de sa comparse.

— Céleste, je te présente Cintia.
Elle est très jolie, tout comme Léna, avec ses cheveux blonds, longs et raides. Ses yeux sont noisette, et elle est plus grande que moi. En même temps, vu ma petite taille, ce n’est pas bien compliqué de me dépasser ! Son corps semble bien proportionné et les traits de son visage sont très fins. Elle affiche un sourire qui semble sincère, au moins elle ne deviendra pas une ennemie, c’est déjà ça.

— Ravie de te rencontrer, Céleste, Léna m’a beaucoup parlé de toi.

— Le plaisir est pour moi. Vraiment ?

Cette marque d’attention me gêne… Je n’ai jamais aimé être le sujet de conversation, cela me gêne terriblement et je me demande ce qu’elle a pu lui dire de moi.

— Oui, elle semble t’apprécier beaucoup et je suis sûre que ça va aussi être mon cas.

Je l’espère. Pour l’instant, je n’ai pas vraiment d’amie féminine hormis Léna, alors j’attrape avec plaisir la perche tendue. De plus, elle semble vraiment gentille, je le sens. Je m’apprête à poursuivre la conversation quand un raclement de gorge m’interrompt.

— Bien, Mesdames, je vous prie de m’excuser.

Il sourit avant de s’éloigner vers la table où, entre autres, Mike et Tristan, sont réunis autour d’une carte.

— Les hommes…

Tout se passe bien. Et désormais je me rends compte que les vampires ne sont pas des monstres pour la plupart. D’ailleurs, si j’avais rencontré Léna et Cintia en dehors du château et ignorais tout des vampires, je les aurais trouvées excessivement gentilles et « normales ». De même, avant que je ne découvre la nature de Dante et qu’il me kidnappe, je pensais qu’il était simplement mystérieux, très beau, charmant et pour moi ce n’était certainement pas un monstre. Il s’est ensuite passé beaucoup de choses. Mais j’essaye de ne plus y penser, préférant me concentrer sur le Dante actuel. Celui qui a conquis et mérite mon cœur. Je ne pourrai l’oublier, il a commis de graves erreurs, mais qui n’en fait pas ?