Chapitre 2

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Ma nuit, a été troublée par le visage du bel inconnu. J’ai l’impression qu’il ne s’agissait pas d’un rêve mais qu’il était bien là, au piedde mon lit.

Je me réveille vers onze heures et suis encore fatiguée, mais je n’ai pas le choix. Je dois me lever si je veux être à treize heures trente à mon second boulot.

Je cumule deux emplois pour joindre les deux bouts, comme on dit ; mais, drôlement, ces « bouts » sont tout autant difficiles à réunir malgré tout que ces deux jobs sont opposés l’un à l’autre. La nuit, je suis strip-teaseuse dans un club, et le jour, je suis vendeuse dans une petite librairie du quartier, pas très loin de chez moi. Le poste que je préfère est celui de libraire, dans cet emploi, en plus de m’y sentir toujours à l’aise, je peux pleinement vivre ma passion pour la littérature.

Après plusieurs minutes à me savonner, je parviens à m’extirper de la douche, j’enroule mes cheveux dans une serviette éponge, sèche mon corps et enfile un peignoir. Puis je sélectionne un jean bleu marine avec un gros pull-over noir.

Une fois prête, je prépare rapidement une salade, accompagnée de deux œufs durs et d’un yaourt. Me brosse les dents et file travailler.

Deux heures plus tard, je jette pour la première fois depuis que j’ai pris mon poste un coup d’œil à ma montre, réflexe qui marque généralement l’apparition des premiers symptômes de fatigue, même si je ne les ressens pas directement : elle indique 15 heures 30. Sachant que je finis à 18 heures 45, le calcul est vite fait : il me reste encore pas mal d’heures de boulot. Je profite donc de l’absence de clients pour me plonger dans un roman que je dévore. Ainsi le temps paraît moins long et, pour peu que l’on tombe sur certaines pages bien écrites, on a même tendance à ne plus le voir passer.

À ce moment-là, ce doit être au bout d’une page moins bonne, car je lève le nez de mon livre en tournant la page, afin de m’assurer qu’il n’y a pas de client dans la boutique qui réclame mes services, quand je le vois. L’homme d’hier ! Mince ! Il est encore plus beau en plein jour ! Il est sur le trottoir opposé à celui de la boutique. Mais un camion passe et il disparaît comme par magie. Est-ce que je suis en train de tout imaginer ? Et si c’est le cas pourquoi mon esprit ferait-il une fixette sur ce type d’homme exactement ? C’est étrange. Pourquoi suis-je si obnubilée par lui ?

Le reste de mon après-midi se déroule normalement. En fin d’après-midi je ferme la boutique avec ma patronne, une très belle brune d’une cinquantaine d’années, toujours très classe. Elle s’inquiète pour moi et me demande d’être sur mes gardes en rentrant, car il fait nuit noire à présent. Je l’apprécie beaucoup, elle est toujours à mon écoute, bienveillante et se soucie de mon bien-être.

Une fois chez moi, je mets le réveil pour ne dormir qu’une petite heure ; il s’agit de ne pas être en retard au club, sinon mon patron ne me fera pas de cadeau.

Je m’enveloppe dans le plaid de mon canapé puis, l’instant d’après, reprends conscience, comme on dirait le premier geste depuis que je suis réveillée, alors que je m’enroule autour de cette barre répugnante, faisant tout ce que je fais chaque soir depuis de nombreux mois maintenant : déployer mon énergie afin de générer l’excitation des « mâles » présentsdans la salle. Les plumes rouges qui pendent à l’arrière de mon costume, frôlent et chatouillent doucement la peau tendre de mes mollets. Je me baisse, doucement, en balançant mon bassin dedroite à gauche, puis je remonte de manière exagérément longue. Une demi-heure seulement après que j’aie commencé à me déhancher voluptueusement, l’homme entre dans le club. Je ne l’ai pas vu directement mais c’est comme si je pouvais sentir sa présence, c’est étrange.

En virevoltant, je remarque qu’il est assis sur un siège situé près de la scène. Il n’est plus dans un coin au fond de salle, mais bien à quelques mètres de l’estrade où il commande un shooter et se remet à me fixer intensément.

Envoûte-moi ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant