Sweet Amortentia

Growing Up (Castiel)

Castiel monta les escaliers quatre à quatre jusqu'au sixième étage et termina sa course à bout de souffle et avec un point de côté. Il appuya brièvement au niveau de la douleur, juste sous les côtes, pour se soulager un peu en reprenant sa respiration un instant. Faudrait peut-être qu'il arrête de fumer un jour. Il avait déjà essayé mais il manquait beaucoup de rigueur et d'auto-discipline et sa volonté mourait en quelques jours à peine. Mais ce n'était pas que de sa faute. À croire que quand il décidait de se sevrer de tabac, l'écrasante majorité de la population choisissait de se balader la clope au bec l'air de dire "j'temmerde et j'emmerde tes bonnes résolutions!" Il craquait, c'était évident. Et puis tout le monde fumait là où il bossait alors bon... Tenter d'arrêter maintenant c'était tout de suite voué à l'échec, autant ne pas essayer.

Il passa la clé dans la serrure, la retira et la réintroduisit plusieurs fois jusqu'à ce qu'il puisse la tourner avec succès, puis il donna un bon coup de hanche dans la porte pour qu'elle s'ouvre enfin. 

Il entra et ne prit la peine d'enlever ni sa veste ni ses chaussures. Il se dirigea machinalement vers la cuisine où il trouva Violette en train de faire la vaisselle, ses cheveux violets grossièrement attachés en queue de cheval haute pour ne pas la gêner. En s'approchant d'elle, une odeur de savon chatouilla ses narines et après la soirée qu'il avait passée, un peu de propre lui fit du bien. Il colla une bise sur sa joue et la jeune femme lui sourit. 

Violette dormait dans son appartement quand il bossait et ça le depannait bien, même si ça l'emmerdait tout autant de devoir dépendre d'elle, surtout qu'elle avait un mari et un gosse qui l'attendaient à la maison et qui ne pouvaient pas se réveiller avec elle cinq jours dans la semaine à cause de lui. 

- Bonjour.
- 'Lut.
- Ça a été, ta soirée ?
- Ouais... Et toi?
- J'ai très bien dormi, merci, dit-elle en posant un bol propre à côté de l'évier.

Il la regarda avec une mine bien embêtée.

- Merci... murmura-t-il en articulant le moins possible.
- Ça me fait plaisir, ce n'est pas un problème.
- Ça me fait chier quand même que tu sois là.
- Ça fait plaisir...
- Tu vois très bien ce que je veux dire.
- Mais j'aime être là, protesta-t-elle en coupant l'eau et en se saisissant du torchon propre qu'elle avait sur l'épaule. Et puis ça ne me fait pas de mal de m'éloigner un peu de la maison... Ça permet à Lysandre de m'apprécier davantage quand je suis là et il devient plus attentionné.
- Vous les nanas, vous êtes toutes des calculatrices, ricana Castiel. Regarde-toi, avec ta gueule d'ange, là, c'est pas ton premier coup pour rendre mon pote chèvre.
- Je ne le rends pas chèvre!
- Ouais ouais, rappelle-moi combien de temps tu t'es forcée à faire la gueule à Lys' quand il a oublié votre anniversaire jusqu'à ce qu'il culpabilise assez pour t'emmener une semaine à Rome pour se faire pardonner?
- Six jours, répondit Violette avec un sourire coupable.

Il éclata de rire.

- Il en dormait plus la nuit tellement il s'en voulait, le con, je suis même étonné qu'il t'ait pas proposé la lune, comme destination.

Violette leva la tête vers le plafond, l'air songeuse.

- Il y a toujours l'an prochain... plaisanta-t-elle. Je peux effacer le rappel qu'il s'est mis sur son portable pour être certaine qu'il oublie de nouveau...
- Femme perfide ! lança le jeune homme en jetant un coup d'œil à son téléphone pour regarder l'heure. Bon, où est ma poupée ?
- Elle s'habille dans sa chambre.

Il fit demi tour et traversa le couloir jusqu'à tomber sur la deuxième chambre à coucher de son appartement, celle dont la porte n'était pas fermée.