Backstage - 3 (Lysandre)

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Sa main glissa le long de ma jambe jusqu'en haut de ma cuisse.

Lorsque je percutai, un violent électrochoc me parcourut de haut en bas et mes joues rougirent à la fois de honte et de plaisir.


- Lysandre...! soufflai-je d'une voix mi autoritaire mi suppliante.

- C'est ça ! 


Mon bourreau se recula brusquement, un éclat avide dans ses yeux dépareillés.


- C'est exactement ça ! répéta-t-il.

- Q-Quoi?
- On fait la première partie des Bikini Machine dans deux semaines et il y a le festival de juin peu après. J'avais pensé que pour le festival, on pourrait chanter Whole Lotta Love avant le rappel s'il y en a un. Et j'ai envie que ce soit vraiment très chaud entre toi et moi, comme si on faisait vraiment l'amour sur la scène. Enfin tout du moins, il faut que ce soit ce que les gens se disent. Alors si tu prononces mon nom comme ça à un moment dans le morceau... Si c'était filmé sur smartphone, diffusé en vidéo partout sur la Toile, ça ferait si authentique... Les gens parleraient de nous, Éva... Les choses iraient plus vite...


Je restai pétrifiée.


- J'ai perdu mon temps. À la fac, au boulot. Je me suis toujours dit que je pourrais faire carrière dans la musique après avoir trouvé un emploi stable. Mais ce boulot m'étouffe et j'ai envie de tout envoyer bouler pour ce qui me fait vivre : la musique. Je veux le faire. Là maintenant, tout de suite ! Même si pendant un temps, on parle de moi juste pour mes frasques et pas pour ce que je joue. C'est un sacrifice que je suis prêt à faire.


Tout tournait dans ma tête. Les mots de Lysandre raisonnaient justement et étouffaient totalement le gigantesque incendie qui avait menacé de tout emporter sur son passage une minute plus tôt.

Je sentis mon corps se morceler et devenir aussi lourd et froid que de la pierre.


- Éva? Éva ? appela le claviériste en me secouant un peu, probablement alerté par mon air absent et le vide de mon regard gris.

- Ne me touche pas! criai-je en le repoussant violemment contre le dossier du canapé.


Je me levai, emportai mon sac et me précipitai vers les escaliers, que je gravis le plus vite possible.


- Éva! Tu as dit que c'était ce que tu voulais! Que ça n'allait pas assez vite pour toi!


L'ignorant, je me dirigeai vers la sortie et lorsque j'ouvris la porte, j'entendis la voix se rapprocher derrière moi.


- Éva ! Putain, Éva ! Reviens ! Tu peux pas me faire ça !


Je ne pouvais pas lui faire ça ?! Je faisais ce que je voulais ! Est-ce qu'il s'était préoccupé une minute de ce qu'il me faisait, lui ? Non! Il était trop égoïste, perdu dans son monde de musique et dans ses envies de célébrité ! Qu'il y reste !

Je rentrai chez moi en me maudissant d'avoir voulu plus que ce que j'avais.


***

Sweet AmortentiaWhere stories live. Discover now