Le paquet cadeau (Rayan)

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Papa avait posé le courrier sur la table en dessous de son trousseau de clés où s'accrochait la petite figurine de chat que je lui avais offert pour Noël. J'aimais énormément que Papa se serve de mes cadeaux. L'année d'avant, pour la fête des pères, je lui avais offert un miroir de poche qu'il gardait toujours dans son sac. Papa n'aimait pas quand il était décoiffé, il disait que ça ne faisait pas sérieux devant les élèves. Mais comme c'était quelqu'un de nerveux et de stressé, il se passait toujours les mains dans les cheveux des centaines de fois par jour au moins !
En plus, quand il se réveillait le matin, ce n'était pas beau à voir.

Et pour son anniversaire aujourd'hui, j'avais demandé à Maman une petite avance sur mon argent de poche pour lui acheter un beau stylo plume avec du doré partout, j'étais sûre qu'il allait adorer.
Je repensai à mon petit paquet qui attendait sagement dans le tiroir de mon bureau et je souris. J'avais plié et collé le papier cadeau toute seule dès que j'étais rentrée de l'école. Maman m'avait montré comment faire la semaine dernière quand j'étais chez elle.

— Comment ça va, Princesse ?

Papa me fit un baiser sur le haut de la tête et me demanda comment s'était passée ma journée d'école. Je lui répondis que ça avait été comme d'habitude et il s'en contenta. J'aimais bien l'école, ce n'était pas difficile, mais je préférais quand il me laissait l'accompagner sur le campus pendant les vacances. C'était immense et je voulais moi aussi travailler dans un beau et grand bâtiment avec des énormes fenêtres, une bibliothèque avec des petites lampes sur les tables et des escaliers larges comme deux fois les trottoirs des Champs Elysées. 
J'avais bien aimé quand il m'avait emmenée à Paris pendant les vacances de Pâques l'année dernière. Maman avait proposé de m'y emmener à nouveau cet été et j'avais répondu qu'on pouvait peut-être essayer d'y aller tous les trois ensemble. Elle avait levé les yeux vers le plafond pendant longtemps avant de me promettre d'y réfléchir et d'en parler avec Papa. Je crois qu'elle aimerait bien qu'on le fasse, ce petit séjour tous les trois. On ferait des photos rigolotes et je pourrais filmer le haut de la Tour Eiffel avec mon appareil photo tout rose qui prenait aussi des vidéos.

Mon œil fut attiré par une enveloppe rouge vif sur la table, dont je me saisis immédiatement. La couleur me plaisait tellement. 

« M. Rayan Zaïdi
45 Bis Impasse des Peupliers... » commençai-je à lire dans ma tête.

Je fis la moue. L'écriture ne me plaisait pas du tout. Elle était ronde et grosse, détachée. Pas comme celle de Papa, qui faisait des belles boucles et qui écrivait tout penché.

« Mélody Serre » déchiffrai-je sur le dos de la lettre.

Je grinçai des dents. Ce n'était pas la première fois que Papa recevait une lettre comme celle-là. Il avait eu le même genre de courrier à Noël déjà, avec la même écriture sur le papier.
Je me mis à tâter l'enveloppe. Il y avait l'air d'avoir une carte à l'intérieur. Sûrement une carte pour son anniversaire...

— Tu attends que je me change vite fait ?
— Hm hm, répondis-je distraitement.

Papa devait m'emmener au restaurant pour son anniversaire, on devait manger italien tous les deux et commander la plus grosse glace de la carte en dessert. Celle avec de la vanille, de la sauce au chocolat et des amandes sur le dessus.

Je reposai l'enveloppe en la cachant sous la pile de lettres toutes blanches. J'avais envie de la déchirer.
Je connaissais Mélody. C'était une fille qui aidait Papa à son travail. Elle avait les cheveux bruns, les yeux bleus et une petite voiture noire toute carrée. La voiture, je l'avais déjà vue trois fois. Elle était déjà venue ici. Mais Papa ne l'avait jamais fait monter.

Sweet AmortentiaWhere stories live. Discover now