Hideous Truth - partie 1 (Peggy) (Lysandre)

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C'était une journée comme je les aimais. Une journée où j'avais pu brandir fièrement ma dispense de sport d'une durée d'un mois à mon professeur d'EPS et rendre verts de jalousie tous mes petits camarades qui allaient jouer à la tour infernale à taille humaine en cours d'acro gym.
Sérieusement, qui était le taré qui avait inventé ce sport?

Une fois mon papier remis à Boris, je me dirigeai vers les vestiaires, ravie et déçue en même temps de ne pas avoir à passer une heure à regarder mes petits camarades s'écrouler, trembler et se crier dessus depuis un des bancs du gymnase gelé. Mais ce n'était pas moins qui dictait les règles n'est-ce pas ? Un mois de dispense au minimum m'autorisait à ne pas assister aux cours. Par un heureux hasard, l'EPS était mon dernier cours de la journée. Par conséquent, cela me permettait de finir mon vendredi à seize heures au lieu de dix-sept. Pendant quatre semaines, certes mais il serait toujours temps de jouer la comédie et de prétendre que ma cheville me faisait toujours souffrir pour tenter de rallonger la dispense. Parce qu'acro gym, même avec la meilleure volonté du monde, même pour les gens très sportifs comme Kim et Kentin, c'était un peu Pearl Harbor...

Je n'étais pas la seule à avoir apporté le précieux sésame qui permettait d'échapper au supplice humiliant d'avoir quelqu'un qui vous marche sur le dos : Rosalya, Violette, Melody et Ambre avaient toutes les quatre un petit problème, plus ou moins exagéré, qui leur donnait la même chance qu'à moi.
Pour Rosalya, c'était du chiquet, tout le monde le savait, elle revenait régulièrement avec des dispenses outrageusement longues en terme de durée et même Boris, comme tous ses prédécesseurs, ne pouvait plus l'encadrer.
Pour Mélody, la question ne se posait pas : elle avait un bandage à la main gauche, rien que ça lui donnait suffisamment d'attention et de crédibilité.
Pour Violette, le mystère restait entier, je ne savais pas ce qu'elle avait pour que la dispense soit de trente jours. Mais ça m'intéressait.
Quant à Ambre, il était de notoriété publique que sa mère lui fournissait les précieux papiers dès qu'un sport qui aurait pu baisser sa moyenne même d'un dixième de point était au programme. Elle ne participait donc que lorsqu'il s'agissait d'athlétisme, sport dans lequel elle excellait et qui, heureusement pour elle, était le seul qu'on devait se coltiner tous les ans. Pour le reste, on jonglait avec un sport collectif, souvent basket ou handball, plus rarement volleyball et un sport plus amusant comme le ping-pong, la boxe,... Cette malheureuse année, nous avions droit à l'acro gym...

Je me dirigeai vers la porte du vestiaire des filles, en essayant de ne pas avoir l'air trop pressée de me carapater et je fis de mon mieux pour ne pas adresser de sourire victorieux à mes gentils petits camarades qui traînaient des pieds en se mettant à installer les tapis sur le sol du gymnase.
Mais toute ma bonne volonté s'effondra lorsque j'entendis Castiel et Nathaniel commencer à râler parce que Boris les avait mis tous les deux dans le même groupe et je me mis à les regarder en souriant.
Ah, ces deux-là, c'était un peu comme un disque rayé ou une chanson un peu trop entendue mais au moins, pour l'animation, on n'était jamais déçus.

Lorsque Nathaniel remarqua mon air amusé, il me lança un regard plus noir que le diable.

- Bon courage, roucoulai-je alors en secouant à côté de mon visage, ma merveilleuse dispense. Je suppose qu'Ambre rentre directement ?

Il souffla d'exasperation, de jalousie peut-être aussi, avant de lever les yeux au ciel et de se rappeler que mes mignonnes petites moqueries ne méritaient pas son attention.

Plus loin, c'était Charlotte qui regardait Capucine de travers, parce que ça la privait de la place en haut de la pyramide : Charlotte était merveilleusement mince mais Capucine était aussi petite que menue et héritait de ce fait de la meilleure place.

Je continuai tranquillement mon chemin, de meilleure humeur encore, jubilant intérieurement des petits malheurs des autres - après tout ce n'était pas si grave, jusqu'à la porte du vestiaire des filles. J'avais dû traîner parce que toutes mes compagnes de fortune avaient déjà filé, trop heureuses de commencer le weekend une heure plus tôt, probablement.
Je refermai la porte et enfilai doucement mon sac dans mon dos, avec la sensation d'être toujours plus légère.

Sweet AmortentiaWhere stories live. Discover now