quarante-six

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« 9 janvier 2016, 23h24.


Seth a passé la journée à la maison. La vie chez lui est devenue insupportable. Son père ne lui adresse plus la parole, et c'est à peine s'il considère qu'il existe encore. Quant à sa mère, elle est persuadée que ce n'est qu'une phase, que "ça passera".

J'aurais dû l'écouter plus tôt au lieu d'agir comme la fille égocentrique et tragiquement rébarbative que j'ai été. Il m'aurait tout simplement suffit de le regarder, et alors, j'aurais vu à quel point il avait besoin d'une amie et de soutien.

Il a véritablement fait preuve de beaucoup de courage, bien plus que moi.

"Au moins, ils ne me frappent pas. N'empêche que je me sens comme un extraterrestre dans mon propre chez moi, comme étranger à ma propre famille. Je les déçois en étant moi-même, finalement."

"Seth, tu es la plus belle personne que j'ai jamais rencontrée."

"A l'exception de Caleb j'imagine ?" il a répondu en esquissant un sourire.

"C'est pas pareil."

"Comment ça ?"

"Il est clair que, physiquement parlant, tu es en dessous."

"Génial."

"Non, ce que je veux dire, c'est que tu es beau à l'extérieur, mais tu l'es encore plus à l'intérieur. Je ne sais pas trop comment l'exprimer autrement, mais... tu as vraiment... une belle âme. Personne ne peut te détester, même pas ton père. Tes parents finiront par l'accepter."

"Comment tu peux en être aussi sûre ?"

"Parce que tes parents sont des gens bons, que tu es leur fils unique et qu'ils t'ont toujours aimé, ça ne risque pas de changer d'un jour à l'autre. Tu es toujours Seth. Et puis si ils ne l'acceptent pas, tu viendras vivre ici."

Il a acquiescé, et même s'il n'était bien sûr pas tout à fait convaincu, il a tout de même essayé d'espérer, chose que j'ai été incapable de faire.

Cette fois-ci, je l'ai regardé, et je l'ai vu. J'ai vu le garçon radial que j'ai toujours connu, là, bel et bien là malgré l'épreuve à laquelle il faisait face. J'ai perçu cette force émanant de lui, cette endurance face au chemin tortueux qu'est la vie. Contrairement à moi, il gardait espoir, il avait compris que cette épreuve n'était pas un mur infranchissable, mais une sorte de marque-page, une leçon à ajouter à son apprentissage.

Il avait compris.

Et je commence à comprendre moi aussi. Il me suffisait tout simplement d'ouvrir les yeux. »

SamanthaWhere stories live. Discover now