Samantha

trois

« 28 août 2015, 17h07.

Dieu merci, on est vendredi, et je suis encore vivante.

Cette première semaine n'a pas été particulièrement dynamique de mon côté, pourquoi l'aurait-elle été ? Tous les jours se ressemblent déjà : hormis les heures de mathématiques et de biologie pendant lesquelles Seth me tient compagnie, je passe mes cours assise dans un coin au fond de la salle à essayer de me faire oublier, ce qui avait, jusqu'ici, toujours fonctionné. Mais cette année, ma professeure de littérature semble s'être auto-décrétée qu'elle allait m'interroger à chacun de ses cours. Moi qui n'aime pas m'exprimer en public, quelle aubaine !

La hantise de voir le regard vitreux de mes vingt-cinq autres camarades se retourner sur moi n'est désormais plus une crainte lointaine, mais un quotidien. Le plus fou, c'est que leurs yeux trahissent très souvent trois mêmes réflexions qu'ils se font à mon égard :

1) "Ah, c'est elle Samantha ?"

2) "J'avais complètement oublié qu'elle était dans ce cours."

3) "Je ne sais ni pourquoi je me retourne, ni ce qu'on étudie."

Ces réflexions, je peux presque les entendre résonner doucement, et pour ça, je peux remercier Mrs. Connors. J'ai l'impression que cette année va être un nouveau challenge d'endurance pour moi.

Je crois que je serais prête à tout donner pour qu'un jour, ils se retournent, le regard pétillant d'admiration, et se disent :

1) "Qu'es-ce qu'elle est belle."

2) "J'adorerais être son ami(e)."

3) "Je donnerais tout pour être à sa place."

Ca doit paraître tellement égocentrique et superficiel de vouloir une chose pareille, et ça l'est complètement. Mais je dois dire que si de tels regards se posaient sur moi, je prendrais peut-être plus de plaisir à être remarquée. »