Chapitre 49

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Mon cœur manqua un battement, dès que mes yeux croisèrent les siens. Il me fixait intensément.

— Oh désolé, cette petite est plutôt maladroite ! s'exclama mon patron en me relevant, avec l'aide de Jason.

Tout le monde me dévisageait comme si j'étais une bête de foire. Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi gênée de toute ma vie.

— Ma Romane ! cria Clément, avant de m'enlacer.

— Putain mais c'est bien toi ! renchérit Jordan, en venant se joindre au câlin.

— Romaneeeee ! continua Kevin, en s'agrippant lui aussi, à moi.

D'autres personnes veulent se rajouter peut-être ?

Je lançai de brefs coups d'œil à mon patron, qui était complètement déboussolé.

— Eh les gars... dis-je tout bas.

D'un côté je suis super heureuse de les retrouver et d'un autre côté, je suis complètement brisée de le retrouver. Les gars daignèrent enfin à me lâcher afin que je puisse reprendre ma respiration. Ils me fixèrent tous, le sourire aux lèvres.

Sauf un.

Loïs.

Je n'arrivais pas trop à déchiffrer son regard. Était-il content ? Était-il triste ? Je n'en savais rien. Mais je doute fortement qu'il soit heureux de me retrouver, après m'avoir quitté comme ça.

— Je veux des explications ! ricana mon patron, en me tapotant amicalement l'épaule.

Il affichait un grand sourire. Normal, il adore cette équipe. Et savoir que l'un de ses employés connaissait certains membres de cette équipe, ne devait que le réjouir...

— Viens dîner avec nous ! Ça fait si longtemps, reprit Clément, heureux.

— Oui ! Nous avons pleins de choses à se raconter ! renchérît Jordan.

— Désolée... Je suis en service là... dis-je, en baissant la tête.

Je n'avais surtout pas envie de m'attabler avec eux et particulièrement avec un garçon.

— Voyons ma petite Romane ! Tu as l'air d'être proche d'eux et ils ont l'air très contents de te revoir ! Tu peux bien dîner avec eux ! rétorqua mon patron, tout souriant.

J'adore mon patron, mais là...
Non.

J'allais protester quelque chose, mais Clément m'agrippa le bras et m'emmena aussitôt à table. Tout le monde fit pareil, quelque secondes après. À ma droite se trouvait Clément, à ma gauche Jordan, en face de moi Kevin. Loïs était sur le côté, accompagné du coach.

Cette situation était extrêmement gênante.

Je sentais le regard pesant de Loïs sur moi, mais je n'osais même pas le regarder. Son père quant à lui, me faisait de temps à autre de petits sourires attendrissants. Je sais bien qu'il voyait que j'étais mal à l'aise et il devait l'être aussi.

— Bon alors ! Que fait ma petite Romane dans la vie ! demanda enthousiasment Clément, le dîner débutant.

— Je travaille ici et sinon je suis des cours à l'université, pour devenir coach sportive, répondis-je, en essayant de contrôler un maximum ma voix.

Clément siffla, avant de me taper légèrement l'épaule.

— Ton père doit être fière de toi !

Je lui fis un petit sourire, en guise de réponse.

— Et tu vis encore avec lui ? me demanda Kevin.

Je secouai la de droite à gauche, avant de reprendre la parole :

– Non, j'ai pris un appartement qui n'est pas très loin d'ici.

– Ton père t'a laissé faire ?! s'exclama Jordan, visiblement choqué.

Je laissai échapper un petit rire : c'est vrai qu'ils ont tous cette image de lui comme étant un père très protecteur et papa poule.

— À force d'insister, ça a porté ces fruits.

— Mais tu habites toute seule ? demanda Clément.

— Non elle habite avec moi, intervint une voix grave.

Tout le monde se retourna et il ne m'en fallait pas plus pour comprendre que cette voix appartenait à Jason. Clément tourna sa tête vers moi, la retourna vers Jason, puis encore une fois vers moi. Il avait un énorme sourire scotché aux lèvres.

Non Clément, ce n'est pas ce que tu crois...

— TU SORS AVEC LUI ?! hurla-t-il, au passage, en me brisant les tympans.

Je crois que j'avais atteint le niveau 10 de la gênance. J'allais répliquer quelque chose, quand Loïs se leva de table. Il me lança un regard noir et partit ensuite. Même si une année est passée sans que je ne le vois, je connais encore ses regards. Celui-là signifie qu'il était jaloux.  Mais pourquoi il réagit ainsi ? Il n'y a rien plus rien entre nous deux et par sa faute en plus. Je laissai échapper un soupir et le coach le vit directement ; il soupira également.

— Les pizzas sont prêtes ! intervint une nouvelle voix, rompant toute forme de silence.

Le dîner se passa tranquillement. Le sujet de table étant principalement nos retrouvailles, tout le monde se posait des questions, heureux de se retrouver. Loïs n'était même pas revenu à table. Pas une seule fois. Les garçons me présentèrent au reste de l'équipe et ils me posèrent ensuite des questions, sur ma vie, qu'étaient devenus les autres etc... Ils me précisèrent aussi qu'ils comptaient rester ici pendant un petit moment. Après tous les matchs qu'ils avaient disputés, ils avaient enfin le droit à une pause. J'étais donc contente car je pourrais les revoir et passer plus de temps avec eux.

Le dîner se termina enfin ; les garçons me saluèrent, en me donnant leurs numéros de portable.
Sortant enfin du restaurant, je sentis mon bras être attrapé par quelqu'un. C'était le coach. Il me regardait avec des yeux tristes. J'allais dire quelque chose, mais il m'enlaça directement.

— Je suis tellement désolé Romane... Il n'a jamais rien voulu me dire...

— Ce n'est pas de votre faute coach, le coupai-je immédiatement, en lui tapotant légèrement le dos.

Si je ne l'arrêtais pas dans son discours, c'était sûr que j'allais me mettre à pleurer dans ses bras. Je sais qu'il devait s'en vouloir , pourtant ce n'était pas de sa faute.

C'était juste la sienne.
Sa faute.

Le coach retira son étreinte puis posa une main sur ma tête.

— J'espère que tu as passé le cap Romane... J'espère également que tu trouveras quelqu'un dans ta vie... dit-il, très sincère. Je sais bien que tu ne sors pas avec le jeune homme du café, tu ne le regardes pas comme tu regardais Loïs auparavant, continua-t-il, en m'adressant un petit sourire tendre.

Ah...
Il devine vraiment tout...

Il me fit ensuite la bise, puis me donna son numéro au cas où. Il partit ensuite et je crois que tous mes nerfs se sont mis à lâcher. Je me suis mise à pleurer. Mes larmes redoublèrent et j'avais du mal à respirer.

— Romane...  déclara une voix d'homme.

Il était là.

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