Chapter 37: La Lignée Maudite

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Le lendemain matin, l'engouement général était consacré à la réouverture du club de duel, mais les pensées de Harry allaient dans une toute autre direction. Les cartes étaient toutes rédigées dans la même langue, mais il n'en comprenait pas le moindre mot : il savait cependant qu'il avait déjà vu cet alphabet dans le grimoire de Leandros et, en conséquence, qu'il ne lui restait plus qu'à réveiller la capacité appropriée de l'œil d'Astaroth. Qui lui avait laissé cette collection ? Le barman était convaincu qu'il ne s'agissait pas de Rumors, mais alors qui ? Harry avait quelques soupçons, en particulier sur Grinval, mais cela n'expliquait pas comment l'ancien Serpentard aurait pu se retrouver sous l'Empire, lui aussi... à moins qu'il n'y ait eu deux arilles argentés sur l'if du cimetière. Et si le Serpentard était le créateur de l'arille ? se demandait-il souvent.

Serpentard, justement - ou plus exactement, les filles de Serpentard -occupaient elles aussi ses pensées, car le comportement des trois jeunes femmes était loin d'être normal. Harry ne doutait pas un seul instant que Bowman avait tout raconté à Deadheart et à Gamp, mais quelque chose le tracassait. Il soupçonnait Bowman d'avoir vu ou su une information qui lui aurait échappé pendant leur aventure à l'auberge, mais il avait beau réfléchir, il voyait mal ce que la Serpentard aurait pu découvrir sans que lui-même ne s'en aperçoive.

Le club de duel attirant la grande majorité des élèves, Harry profita de la tranquillité des couloirs pour filer à la Salle sur Demande. Il ne se souciait pas trop de l'éventuelle intrusion du journal intime de Jedusor : comme il en avait convenu avec Dumbledore, il fallait que la Chambre des Secrets soit rouverte avant d'agir. Ce qui occupait son esprit, ce matin-là, c'était une affaire qu'il avait jusqu'alors négligée, à savoir la Lignée Maudite. Même si la Fraternité ne faisait que supposer que les Maudits avaient été en possession de Reliques des Aînés, Harry n'avait d'autres choix que de s'intéresser à cette possibilité - et quand bien même elle serait fausse, il voulait résoudre le mystère de ces orphelins prétendument issus de familles disparues longtemps avant leurs naissances.

Atteignant le couloir de la tapisserie de Barnabas le Follet, il exécuta les trois allers-retours entre le grand vase et la première fenêtre, puis franchit la porte qui venait d'apparaître dans le pan de mur. La Salle sur Demande lui proposait, pour l'occasion une salle confortable, meublées de gros fauteuils défoncés et confortables, une étagère ridiculement pauvre en livres d'histoire, de généalogies, de vieux journaux intimes en piteux état, de parchemins scellés et brunis par les nombreuses années écoulées, et le long des murs lambrissés, de nombreux tableaux noirs sur lesquels Harry pourrait inscrire les progrès de son enquête.

S'asseyant dans un fauteuil, Harry regarda autour de lui en réfléchissant.

− Il me faut toutes les allusions aux familles Grinval et Rumors, annonça-t-il alors.

Quatre livres disparurent de l'étagère pour réapparaître instantanément sur la table basse encerclée par les gros fauteuils. Harry se pencha pour en prendre un. Des parchemins surgis de nulle part se matérialisèrent aussi - sans doute des lettres échangées entre les camarades des deux Maudits, songea Harry.

Feuilletant le livre, il consulta rapidement la table des matières. Les noms familiers ne manquaient pas, mais il y en avait d'autres que Harry n'avait encore jamais entendus. Par chance, l'ordre des chapitres était alphabétique, il n'eut donc qu'à repérer la première famille au nom commençant par « G » et se rendre à la page indiquée, puis tourner les pages les unes après les autres jusqu'à trouver celle qui l'intéressait.

La famille Grinval était ancienne : l'arbre généalogique représenté sur la double page commençait avec Anton Grinval, près de mille ans auparavant. La précision de la généalogie était impressionnante, car elle indiquait tous les mariages, tous les déshérités et les raisons de ces reniements. La lignée s'était arrêtée en 1458 avec Elizabeth quand celle-ci avait épousé Janus Greengrass - pourtant, Toma était bien là, tout en bas de l'arbre, aucun trait ne le reliant à quiconque d'autre. Cornant la page pour la retrouver plus facilement, Harry fit basculer un paquet de pages pour se lancer à la recherche de la généalogie des Rumors.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant