À la recherche de la réalité

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C'est un rêve, ce n'est pas la réalité. Comment expliquer ce qu'il est en train de se passer sinon ? Ce n'est pas logique.

À moins que je ne sois droguée à nouveau ?

Je ne sais pas comment démêler le vrai du faux, le réel de l'irréel.

Je regarde Tom-Richard qui, comme je m'y attendais, pousse son rire gras de grand méchant. Il n'est tellement pas crédible dans ce rôle que cela pourrait me faire sourire. Un type avec des rajouts blonds qui trafique des courgettes et se prend pour un ancien ascenseur... On aura vu mieux. Par exemple Batman aurait eu plus de prestence.

Bérangère: Bon, on lui trouve une sentence ?

Moi: Mais vous ne l'avez pas entendu, ou quoi ?Il vient d'avouer que tout est de sa faute !! Comment peut-on condamner quelqu'un pour des choses dont il n'est pas responsable ?

Tom-Richard: Tu es coupable mais pas responsable.

Moi: Ce n'est pas la bonne expression !

Je secoue ma tête et parviens enfin à me lever. Si c'est un rêve, si c'est mon rêve, je peux trouver comment en sortir.

Bérangère: Bon, on lui trouve une sentence?

Moi: Il faut que je me réveille.

Mais comment ?

Bérangère: Bon, on lui trouve une sentence ?

Ne peut-elle donc pas se taire ? Je remarque que c'est elle qui tient le bâton de parole. Une idée germe dans mon esprit. Ni une ni deux, je le lui arrache des mains et le brandis devant les autres.

Moi: Vous allez m'écouter maintenant. Il n'y aura pas de sentence, parce qu'il n'y a pas eu de procès. Cette mascarade n'est pas un procès, c'est une réunion de secte. Une secte stupide où vous vous sentez tellement inutiles que vous avez besoin de persécuter des gens qui n'ont rien fait. Mais ça ne marche pas comme ça.

Messala ricane, et dans un geste très naturel, je lui mets une baffe. Cela a au moins pour effet positif de calmer les autres.

Moi: Alors maintenant, vous allez me laisser me réveiller et je n'aurais plus jamais affaire à vous ; parce que vous n'êtes pas réels.

Ébranlés, peut-être par ma dernière phrase, ils s'agitent sur leur chaise. Seuls Bérangère, que rien ne paraît troubler, et Patrick, qui n'est rien d'autre qu'un minéral inerte, restent immobiles.

Je continue sur ma lancée, sans trop savoir où elle va me mener.

Moi: Messala, tu n'es pas réel. En plus, tu es mort depuis des siècles, et une nouvelle fois il y a quelques temps.

Et Messala, sa joue cadavérique encore rouge de s'être pris une gifle, se lève subitement sans un mot et va disparaître dans l'obscurité de l'entrepôt.

Moi: Tibulle, Jean-Dylan, Papa, vous n'êtes pas plus réels que lui. Et, vous êtes vous aussi morts, au moins une fois.

Comme Messala avant eux, les trois hommes se lèvent pour aller se fondre dans la pénombre.
Un à un, tous y passent. Ma mère, Manon, Fraise, Alicia, Marie-Stessy, Batman, Bérangère et même Patrick que l'un d'eux expédie d'un coup de pied.

Il ne reste ensuite que Tom-Richard.

Moi: De tous les personnages, tu es sans doute le moins réel. Et le pire.

Tom-Richard: Si tu le dis Stupida, si tu le dis.

Je le regarde se lever. Ses rajouts blonds effleurent ses épaules larges et carrés alors qu'il déplie sa grande carcasse. Un rire féminin résonne tandis qu'il s'avance dans le noir. Puis, plus aucune trace de lui, comme de tous les autres.

Restée seule, je repense à tout ce qu'ils ont raconté sur ce que j'avais prétendument fait. Cette fille, Amy-Cassie-Sidonie, Roberta, Amy, ou tout les noms qui lui avaient été attribués, est une étrangère.

Elle n'est pas réelle.

Moi: Je ne suis pas réelle.

Puis, je disparais.

Désespoir chroniqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant