22 ~ Knocking on Heaven's door

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11 janvier

Les rayons du soleil me chatouillèrent le visage. Je soupirai et portai la main à mes yeux encore clos. Le sommeil s'en allait plus facilement que je l'avais espéré et j'abandonnai tout espoir de flâner au lit. Ashton n'avait toujours pas ouvert l'œil quand je sorti de la douche. Je roulai jusqu'au téléphone puis appelai le room service pour commander un petit-déjeuner.

Après ça, je roulai jusqu'à la baie vitrée. J'ouvris la porte pour accéder au balcon et allumai ensuite une cigarette. Le soleil matinal dominait la ville, la remplissant d'une belle douceur orangée. Les premiers klaxons du trafic se faisaient déjà entendre dans cette métropole qui se réveillait à peine.

J'appréciai ce paysage et, presque comme par habitude, en oubliai de terminer ma cigarette. J'embrassai la vue du regard, du haut de mes quatre-vingt-deux étages et me dit que la journée commençait de la meilleure des façons.

J'entendis un bruit sourd venu de la chambre et me retournai aussi vite que je le pus. Mais mon inquiétude se remplaça rapidement par un immense fou rire venu de je ne sais où. Ashton venait de tomber du lit, la couette enroulée autour de la taille. Le plus drôle était qu'il ne s'était même pas réveillé dans sa chute et continuait de ronfler tranquillement.

J'immortalisai la scène puis la vue de Beijing lorsqu'on toqua à la porte. J'ouvris au room-service et récupérai le petit-déjeuner. L'employée de fonction me regarda d'un air intrigué mais je fis comme si de rien n'était. Je ne voulais pas être considérée différemment sous prétexte que mes jambes étaient temporairement coincées dans un fauteuil roulant.

Revenant à la chambre, j'attrapai un coussin et le jetai sur Ashton, toujours couché par terre. Curieusement il se réveilla d'un coup, ahuri, regardant où il était.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il, les yeux exorbités, la voix rauque et les cheveux dans les yeux.

- Rien. Tu es tombé du lit et je te réveille parce que le petit déjeuner est arrivé.

Il sourit et se redressa. C'est alors que j'aperçu les séquelles de sa blessure. Une longue cicatrice encore rose s'étirai de son pectoral droit jusqu'au-dessus du nombril. De loin, elle ne serait pas très visible, mais Ashton allait devoir se dispenser de se balader en maillot de bain pendant un bon bout de temps.

- Drôle de façon de se dire bonjour, en tout cas, dit-il en riant, n'ayant pas perçu mon trouble.

J'haussais les épaules et attrapai un croissant. Il aperçut la nourriture et vint s'asseoir à ma suite. Le déjeuner se déroula dans le silence, moi perdue dans mes pensées et lui sûrement toujours dans ses rêves.

- On fait quoi aujourd'hui ? l'interrogeai-je brusquement,projetant des miettes de croissant sur la table.

Il réfléchit quelques secondes avant de chiper une autre viennoiserie.

- On va aller à la muraille de Chine, si tant est que tu puisses m'accompagner.

Il avait un regard soucieux qui me faisait froid dans le dos.

- Tu crois que je ne pourrais pas monter ?

- L'année où je suis venu avec Michael, il n'y avait pas d'aménagements spéciaux pour les handicapés.

- Je ne suis pas handicapée !

- Pardon, je voulais dire les personnes à mobilité réduite, rectifia-t-il avec un sourire narquois.

Je lui filai une tape dans le bras et il éclata de rire. La tension de la veille semblait s'être dissipée, j'espérais surtout que ça allait durer.

***

La muraille de Chine, c'était un rêve de gosse. Heureusement que la ville avait changé depuis Ashton, parce que, contrairement à ses dires, un ascenseur flambant neuf n'attendait que moi.

Nous sommes rapidement passées par le musée avant d'entamer la visite. A cause de mon fauteuil, il était impossible de faire la randonnée entière, mais les cent mètres que mes bras ont grimpés pour accéder à la plateforme constituaient une épreuve déjà bien assez physique.

Le paysage était si beau que j'en oubliai de respirer. La nature, restée sauvage, prédominait dans ce paysage entièrement composé de vert. Le soleil était au zénith et jouait avec les ombres du paysage. Je pensai à Michael. Était-il ici ? Si oui, était-il libre ou captif ? Et si captif, par qui ?

Tant de questions trottaient dans la tête tandis que je cherchai Ashton du regard. Je le trouvai comme la veille, en train de tranquillement discuter avec une grande asiatique aux cheveux noirs. Je m'approchai prudemment, bien décidée à interrompre leur conversation lorsque le visage de la fille m'apparut soudain. C'était Phoebe.

Que faisait-elle ici ? Elle avait l'air tranquille, voire heureuse d'être sur ce que je supposais être la terre de ses ancêtres.

- Sam ?! Salut ! Comment vas-tu ? s'exclama-t-elle en m'apercevant. Calum m'a raconté ce qui t'étais arrivé ! Je suis désolée pour toi !

- Ça va, ça va, je n'ai pas besoin qu'on me plaigne, grommelai-je en jetant un regard accusateur à Ash qui avait arrêté de parler.

- Ne l'agresses pas, Sam, elle ne sait pas ce que tu as vécu, la défendit-il.

Phoebe acquiesça de mouvement d'épaules qui me donnait envie d'en finir.

- Ton chéri a raison, je ne sais pas ce que ça fait de tuer quelqu'un, tu ne peux pas m'en vouloir.

J'ai voulu me lever pour lui mettre une beigne, mais je n'ai pas pu. Ashton n'as rien dit et j'ai dû lui envoyer un regard rageur pour le faire réagir.

- Je n'ai pas tué cet homme, c'était un accident, ai-je craché.

- Bien sûr, et explique moi aussi que si tu étais pompette, c'était un accident ! Je n'y crois pas, Sam. Tu as tué un homme tout comme tu as fait fuir Michael.

C'est en entendant le prénom de son meilleur ami qu'Ash s'est enfin décidé à faire quelque chose. Il a armé son poing et ce dernier a terminé dans le nez de Phoebe qui ne l'avais pas vu venir. Elle a poussé un cri qui a fait se retourner tous les touristes de la plateforme sur laquelle nous étions. Du sang a jailli du nez de sa victime et celle-ci a porté les mains à son visage en poussant des cris aigus. Ashton regardait sa main qui était bleue avec un air ahuri, comme si l'acte qu'il venait de commettre lui était étranger.

- Je l'ai frappée ? me demanda-t-il, soudain inquiet.

J'ai acquiescé d'un hochement de tête.

- Et tu ne l'as pas loupée.

Un frisson le parcourut et il se plia soudain en deux pour vomir ses tripes dans le caniveau. Je comprenais parfaitement que la violence puisse le répugner. Je me souviens qu'il y a longtemps, le bouclé m'avait raconté que son père buvait, fumait et se droguait. Et plus que tout, il était violent envers ses trois enfants. Ashton m'avait juré que plus jamais il ne voulait avoir recours à quelque forme de violence que ce soit. Pourtant, en une semaine, je l'avais vu se rendre coupable de deux passages à tabac, dont l'un s'était soldé par un séjour à l'hôpital.

Ashton s'assit en tailleur sur le sol et ne bougea plus, regardant Phoebe soigner son nez qui gonflait à une vitesse alarmante. Elle finit par tourner les talons et se diriger vers l'infirmerie alors que je me demandai ce qu'elle avait voulu dire par « Tu as fair fuir Michael. ».

Je roulai à côté d'Ashton et la regardai s'enfuir alors que les touristes nous contournaient avec précautions.

- Merci, lui dis-je simplement lorsque la plateforme se fut vidée.

Il se leva et poussa mon fauteuil jusqu'au bout de la muraille. Nous restâmes tous deux quelques minutes, sans parler, juste à admirer le paysage, jusqu'à ce que je l'entende murmurer, le regard sans vie qui semblait perdu au loin.

- Il n'y a pas de quoi.

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