16 ~ Oscar Wilde was gay

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20 décembre

Trois semaines plus tard, je fumais sur le balcon lorsqu'Ashton arriva en courant. Il me vit et me cria de lui ouvrir la porte. J'actionnai le bouton depuis l'appartement et l'attendis dans le couloir, ma clope à la main. Il me salua et entra en coup de vent. Il était essoufflé, tout rouge, les cheveux ébouriffés et les yeux rouges d'avoir pleuré.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je, inquiète de voir sa mine ainsi défaite.

- Je crois que j'avais tort, fit-il d'une voix tremblante.

Depuis notre virée à New York, le bouclé restait persuadé que Michael ne voulait pas qu'on le retrouve et avait abandonné les recherches. Faute de pouvoir continuer seule, j'avais fait de même. Chacun était donc rentré chez soi et j'avais repris ma petite vie d'étudiante bien rangée, même si j'étais presque sûr qu'il fallait que l'on fasse quelque chose.

Je fronçai les sourcils.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Il regarda autour de lui comme pour être sûr de ne pas être observé et sorti une photo de sa poche.

- Ce matin, quand je me suis levé, j'ai ouvert les volets de l'appartement, comme tous les jours. Sauf que sur le lit de Michael, il y avait ça.

Je reconnu l'endroit où avait été prise la photo. C'était le lac de la presqu'île où je venais parfois camper. 

- Qui aurait pu la poser sur son lit ?

Ashton haussa les épaules, aussi perdu que moi. Il retourna le cliché pour me désigner un horaire inscrit au derrière : 17h00.

  - A part Mike et moi, personne n'a les clés de l'appartement ! Je ne vois pas qui aurait pu venir en pleine nuit juste pour poser une misérable photo.   

- C'est un rendez-vous ! devinai-je. Quelqu'un a donné rendez-vous à Michael !

- Ou bien c'est Michael qui nous donne rendez-vous, termina-t-il.

Visiblement il en était arrivé aux mêmes conclusions.

- Nous devons y aller ! Il y a des chances qu'il soit là-bas, et même s'il n'y est pas, il y aura forcément quelqu'un !

Il hocha la tête et sortit son téléphone. Vingt minutes plus tard, Luke et lui étaient installés dans ma voiture tandis que je roulais en direction du lac de la presqu'île. Le bouclé essayait d'expliquer la situation au blond que nous venions de tirer du lit, malgré le fait qu'il était plus de quinze heures trente.

Nous nous installâmes derrière une petite bute située à environ cinquante mètres de la route, de façon à pouvoir observer d'éventuels arrivants. Ashton ne tenait pas en place.

- Arrête avec ces foutues clés ! lui intimai-je, agacée.

Nous attendîmes dix minutes avant qu'un Hummer blanc ne passe devant nous à toute allure. Il s'arrêta vingt mètres devant nous, laissant des traces de pneu sur le sol sablonneux.

Le conducteur alla ouvrir le coffre de la voiture et un chien de chasse en sortit, tout excité. Aussitôt, Luke recula avec une expression horrifiée.

- Tu as peur des chiens ? demandais-je à voix basse.

Aussitôt, l'animal tourna la tête dans notre direction. Le blond hocha la tête, pétrifié. Il fit signe de la main à Ashton qui paru comprendre. Le bouclé sortit aussitôt de sa poche un couteau suisse et commença à creuser la terre.

- Tu fais quoi ? l'interrogeai-je.

Du doigt, il m'indiqua de me taire. Il prit un peu de terre humide dans le trou qu'il avait creusé  et l'écrasa sur le visage de son ami. Luke ne protesta pas, et Ashton repris une autre poignée pour l'étaler sur ses joues.

Looking For SmokeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant