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« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »

Dans les semaines qui ont suivis, je n'ai malheureusement pas réussis à faire mon deuil... J'ai sombré dans la déprime... Je ne mangeais presque plus, j'avais maigris, je pleurais souvent... La seule chose que j'ai réussis à maintenir c'est la religion, à chacune de mes prières je faisais des dou3as pour Malek...

Je ne faisais absolument rien, j'étais égoïste... Égoïste envers mon mari que je négligeais à ce moment, envers la famille de Malek que j'aurais dû soutenir...

Kaïs faisait preuve d'une grande patience, il ne m'avait jamais reproché mon état et faisait tout pour que j'aille mieux.

Un jour alors qu'il rentrait du travail un peu plus tôt, il a voulu faire bouger les choses... Il voulait que je me reprennes en main alors il m'a secoué avec des paroles franches.

Kaïs - Habilles-toi, on va à la mosquée, on va prier puis on ira quelque part !

- Je suis un peu fatiguée aujourd'hui, je pense pas que...

Kaïs - Je te laisse pas le choix Sakina. C'est bon, je comprends que tu sois triste mais tu ne vas pas passer ta vie à t'apitoyer sur ton sort ! La mort personne n'y échappe, on y peut rien ! Tu te laisses trop aller, et sa joue aussi sur mon moral. Crois pas que ça me fait plaisir de te voir dans cet état ! Je veux qu'on puisse avancer dans notre vie... On doit la construire. Je te demande pas d'oublier Malek, Allah y rahmou mais tu dois continuer à avancer. Certes tu penseras à lui, tu prieras pour lui, mais tu dois être pleinement heureuse avec moi. T'es ma femme, et malgré cette situation délicate je suis là pour toi. Jamais je me permettrai de te dire de zapper et de faire comme si de rien était... Mais aujourd'hui j'ai besoin de toi, j'ai besoin que tu sois présente pour moi et j'ai besoin qu'on construise un avenir solide. Je veux une famille, je veux pouvoir avoir des enfants et leur offrir ce que j'ai pas pu avoir. Je veux que leur mère soit forte, qu'elle sache affronter la vie même si ça fait mal.

Il a clairement eu les paroles d'un vrai homme. Il ne m'a pas manqué de respect, il est resté calme et ne m'a rien reproché... Je prenais alors conscience que j'avais mal agis à son égard. C'est mon mari et j'ai agis d'une mauvaise façon envers lui. J'ai été égoïste, et malgré ça il me soutient et continue d'me relever. Il a su avoir la patience nécessaire, certains ne m'auraient pas accorder cette faveur.

Je remercie encore Allah d'avoir mis un tel homme sur mon chemin. Il a tellement évolué en si peu de temps, le soir quand je le vois prendre le Coran entre ses mains et le réciter d'une merveilleuse façon, je me rend compte que j'suis chanceuse de l'avoir.

Je suis alors parti m'habiller, une fois prête je suis allée le rejoindre et ensemble, nous sommes partis en direction de la mosquée.

Il est allé prier avec les hommes et moi je suis montée en haut pour prier avec les femmes...

SoubhanAllah, le dars du jour était au sujet de la mort et ce qu'il nous attend après. J'avais pris ce fait comme un signe.

À ce moment là, je me suis dis que Kaïs avait raison. Je devais avancer...

Aujourd'hui, en me rapprochant de mon Créateur j'ai réalisé qu'il était temps d'accepter ce qui est écrit... Ce n'est certainement pas moi qui allait changer quoi que ce soit. Si il a décidé de reprendre une vie à un certain moment, c'est que c'était le meilleur pour la personne...

À partir de là, j'ai repris le dessus sur mon chagrin.

[...]

Quelques mois se sont écoulés, même si parfois, à certain moment je craquais, j'essayais de rester dans l'optique qu'il fallait que je laisse mon cœur se reconstruise. La perte d'un être cher est douloureuse, alors ce n'est pas toujours facile.

Mais avec l'aide de mon mari et de ma famille, de jour en jour j'arrivais à m'apaiser...

Djibril commençait tout juste à aller mieux et sa mère également. Ils reconstruisaient leur vie peu à peu...

Parfois ils venaient chez ma mère et avec Asma nous allions leur rendre visite. J'aidais Khalti quand je pouvais...

J'avais aussi appris par la suite que des amis de Djibril ont retrouvé le camionneur et que l'un d'eux l'a bien amoché. Je sais que malgré tout ça a dû faire du bien à Djibril et je le comprends... Mais bien que le camionneur soit la cause de l'accident, la violence n'est pas le bon moyen de résoudre les problèmes... Je reconnais cependant que dans ces moments on ne cherche qu'à assouvir notre haine... Puis il n'est pas tout blanc dans l'histoire... Il prendra certainement ça pour une leçon de vie.

Élevé par la rueDove le storie prendono vita. Scoprilo ora