Grattements.

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  J'avais presque 7 ans lorsque ça s'est produit. C'était au premier abord un soir tout à fait commun, un long et froid soir d'hiver où l'on s'empresse d'aller se coucher. Comme à son habitude, ma mère m'a bordé, embrassé et m'a souhaité une bonne nuit. C'était notre petit rituel, disons. Après une dure journée d'école, j'étais très heureux d'être enfin au lit.

Mon lit était en hauteur, et surplombait donc la totalité de la chambre, me forçant à utiliser une grande échelle chaque soir afin de l'atteindre. Je me suis toujours senti en sécurité dans ce lit, sans doute en raison du fait qu'aucun cambrioleur ou monstre ne s'embêterait à monter la longue échelle dans l'unique but de m'atteindre. Peu à peu, je m'endormais...

Jusqu'à ce qu'un bruit strident retentisse, me sortant de mon sommeil. Cette saleté de chat venait comme tous les soirs gratter à la porte, dans l'espoir que je le laisse entrer. Il était très tard, et j'avais tout sauf envie de descendre de mon lit pour le bon plaisir du chat. Je suis donc resté dans mon lit, passif aux grattements et essayant de les ignorer. J'ai ensuite eu une étrange sensation, comme si quelqu'un ou quelque chose m'observait. Je sentais qu'il y avait du mouvement en bas, sous mon lit exactement, une chose que les grattements du chat auraient réveillée.

Dans la pénombre je pouvais voir une silhouette animale, trop grosse pour être un rat et trop petite pour être un homme. Je commençais à m'inquiéter. Et s'il y avait un monstre sous mon lit ? Et s'il me voulait du mal ? J'essayais de garder mon calme, me raisonnant en me disant que les monstres n'existaient pas, maman me l'avait dit. Il y avait une chose en bas, c'était sûr, je le sentais.

Les grattements du chat étaient de plus en plus forts, mais je ne voulais pas descendre, je ne pouvais pas, pas tant qu'il y aurait ce truc par terre... Mon échelle bougeait, le monstre d'en bas grimpait. La pression montait, je paniquais. La découverte de cette chose m'a horrifié plus que tout. Après de longues minutes d'angoisse, j'ai aperçu la silhouette du monstre : il n'était pas imposant et ressemblait beaucoup à un chat.

J'ai allumé ma lampe de chevet, muni de mon oreiller, prêt à en découdre avec la bête. J'ai eu un immense soulagement lorsque j'ai découvert que c'était effectivement le chat, il avait dû m'emboiter le pas. J'étais très soulagé, il n'y avait aucun monstre.

Mais si le chat était à l'intérieur, qu'est-ce qui grattait à la porte ? La peur a commencé à s'emparer de moi. Les grattements étaient de plus en plus intenses, de plus en plus déterminés. Il y avait un monstre à ma porte, c'était sûr. La lumière l'avait encore plus énervé. Je pouvais entendre le monstre gémir et tous ces sons entremêlés avec le bruit des griffes enfoncées dans le bois. Le monstre faisait maintenant un vacarme fou.

J'étais tétanisé, je croyais vivre ma dernière nuit. J'espérais que ma mère vienne me sauver, mais elle ne venait pas... Pourquoi ? M'avait-elle abandonné ? Je me blottissais dans ma couette, accompagné du chat qui me rassurait beaucoup. Au fil de la nuit, les bruits se sont estompés. J'étais paralysé par la peur, la peur qu'il revienne, j'osais à peine respirer. Malgré cela, j'ai tout de même réussi à m'endormir.

J'ai été réveillé par la lumière des gyrophares. La police était chez moi, mais pourquoi ? Peut-être pour la bête de ce soir, j'étais perplexe... Un homme a interrompu mes songes en entrant dans la pièce, il était vêtu d'une tenue bleue et portait un pistolet. J'ai immédiatement su que c'était un policier. Il m'a demandé de descendre, ma mère m'avait toujours dit d'écouter la police. Je me suis exécuté. Il m'a pris dans ses bras et m'a ensuite interrogé sur cette nuit. Je lui ai tout raconté.

J'ai alors demandé si je pouvais voir ma mère. Il m'a dit que c'était impossible, que quelqu'un avait fait du mal à ma mère, qu'il lui avait brisé les jambes. C'est à ce moment précis que j'ai compris que ce n'était pas un monstre qui grattait à la porte ce soir-là...

Voilà 20 ans que ça s'est produit, et je suis toujours une thérapie. J'essaye vraiment, mais je ne parviens pas à oublier.  

#Laura :)

N'ayez pas peur. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant