Marie.

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  Aéroport de Cointrin Genève, 11 mai 2014.

J'avais pour intention de continuer à écrire ma saga de romans, éloigné de tout ce que je connais, de toute personne parlant ma langue afin de ne pas me laisser aller à des conversations incessantes, et de toute autre source de distraction. Mais le fait est que je ressens à présent le besoin d'écrire sur un tout autre sujet, sur des faits réels qui me sont personnellement arrivés dans cet hôtel, à l'ouest de Prague.

05/05/2014

Lors de mon arrivée en République Tchèque, le temps était ensoleillé. C'était une de ces belles journées de mai. Ma réservation dans un petit hôtel éloigné du centre m'attendait. J'avais choisi cet établissement pour sa simplicité et ses prix bon marché, sans compter son allure pittoresque. C'était un de ces anciens hôtels dont uniquement le rez-de-chaussée avait été refait complètement à neuf et dont les chambres en bois vieilli vous font vous sentir comme transporté dans une autre époque. C'était ce havre de paix que j'avais choisi pour commencer à rédiger ma saga de romans fantastiques. Je me sentirais peut-être un peu plus inspiré une fois coupé de tout. Je n'avais emporté que des vêtements et un bloc-note, ainsi que le nécessaire d'hygiène. Pas de téléphone, pas de laptop. Juste moi et la page blanche.

J'ai dû enjamber des marches en bois pour monter dans ma chambre. Elle se situait au sommet du bâtiment, dans la mansarde. Pour y accéder, il fallait franchir un couloir décoré par plusieurs peintures représentant des portraits de famille pour la plupart, mais également des scènes de chasse et des paysages. Cet étroit passage était bondé d'images en tout genre, n'ayant aucun rapport les unes avec les autres, des images semblant dater d'il y a longtemps pour certaines.

Le grenier était divisé en quatre pièces : deux chambres, une salle de bain et des toilettes. Une des chambres m'était attribuée, l'autre ne contenait personne d'après la réceptionniste. Le couloir était froid, comme si aucune isolation n'avait été posée. Pas étonnant d'un côté : ce bâtiment était d'une autre époque, construit avant le début du troisième millénaire. J'ai examiné les pièces communes avant d'entrer dans la mansarde. Le lit, situé sur la gauche de l'entrée, se parait d'un simple duvet et d'un oreiller cyan. Une commode gisait à l'opposé de la pièce, au pied d'un tableau représentant une scène de chasse : trois chiens couraient après un lièvre dans un décor forestier. La seule fenêtre disponible était un vasistas encastré dans la pente du toit qui éclairait le pied du plumard. J'ai installé mes vêtements dans la commode et ai sorti le bloc-note que j'ai également posé sur le meuble avec ma plume et quelques stylos.

J'ai vagabondé dans le quartier jusqu'à l'heure du dîner. J'ai ensuite pu me régaler de ce que les Tchèques appellent un Svíčková, une sorte de rôti à la sauce et à la confiture. Cette escapade de la culture Suisse me plaisait bien, et je me suis dit que ce séjour ne pouvait être que bénéfique pour quelqu'un comme moi.

Plus tard dans la soirée, j'ai décidé d'aller me coucher. Installé sous le drap, le sommeil me gagnait peu à peu. Cependant, Quelque chose me dérangeait. Pas la lumière : elle était éteinte et la lune retranchée derrière les nuages. Ce n'était pas non plus la température : j'avais augmenté le niveau du chauffage en arrivant. Le lit était étrangement confortable pourtant et ne me faisait pas mal au dos ; je l'ai même trouvé plus qu'excellent vu l'état du reste de la pièce. Non, ce qui m'empêchait de fermer l'œil ressemblait à une vibration dont le ton changeait constamment, comme un bourdonnement qui montait et descendait en permanence.

06/05/2014

J'ai questionné la gérante, qui m'a affirmé que je n'avais aucun(e) voisin(e) direct(e) qui aurait pu regarder la télévision tard le soir. Tous les autres clients avaient des chambres dans les étages inférieurs. Pour moi, c'était différent car j'avais demandé à ce qu'on m'octroie le strict minimum, à savoir une chambre avec lit ainsi que des toilettes et une salle de bain commune avec d'autres pensionnaires. Aussi, on m'a placé dans le grenier de l'hôtel, là où seuls les rats dorment normalement.

N'ayez pas peur. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant