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Les couloirs étaient bondés de gens sans intérêt, comme d'habitude. Le bruit de conversations en tout genre flottait dans les airs jusqu'aux oreilles d'un jeune homme qui tentait de fendre la foule du petit couloir à l'aide de ses épaules. Fêtes, garçons, cours, devoirs, sport, sexe... Voilà de quoi parlaient les différents élèves des différents niveaux scolaires.

Celui qui tentait en vain de marcher en contre-sens du courant d'élèves, James McVey, était un redoublant de dernière année qui avait hâte de terminer ses études au lycée pour pouvoir se retrouver à l'université et retrouver ses meilleurs potes, Tristan, Bradley et Connor, qui eux, avaient un peu moins forcés sur l'alcool et les joints l'année précédente pour décrocher leurs examens de justesse. Bien sûr, les trois jeunes ne perdaient jamais une occasion de remettre James en place au sujet de son redoublement, ce qui agaçait très souvent le châtain qui n'hésitait pas à menacer de publier de vieilles photos de soirées de ses amis afin de les mettre sur la toile. Bizarrement, ça les calmait immédiatement.

Mais James en avait quand même marre de tout ça, de ces filles qui, quand elles ont un garçon en vue, ne cessent de faire les yeux doux ou de venir beaucoup moins habillées que les jours précédents. Marre de cette routine que lui offrait son stupide emplois du temps et marre d'être considéré comme le bébé de sa bande. Marre que les filles gloussent quand il passait, parce qu'il était sois disant "trop cute" ou même que son corps athlétique était attirant. Marre de tout en fait. Mis à part des clopes, des fêtes, des potes et d'une bonne partie de jambes en l'air de temps à autre, parce que ça déstressais des cours et de la vie.

Le jeune homme arriva bientôt devant sa salle de cours, la porte était ouverte, signifiant que son professeur n'attendait plus que lui, comme toujours. C'était le cours de gestion et il était dirigé par monsieur Allister, le seul prof qui plaisait un peu à James. Il mettait de bonnes notes à son élèves et ne parlait pas trop fort le matin, ce qui permettait au jeune homme de terminer sa nuit sans qu'on le dérange.

James prit place, au fond de la salle, collé au radiateur, parce qu'il faisait encore froid et qu'il ne voulait pas tomber malade inutilement. Il commença à observer les alentours de la pièce, une vieille salle de, facile, dans les soixante années de vies, avec des vieux murs couleurs crème qui s'effritaient par ci, par là. Les carreaux du sol étaient mit en un genre de mosaïque pas très bien réfléchie. Au final, c'était un mélange de couleurs tristes et dérangeantes, ça ne ressemblait vraiment à rien. Ça désespérait James au plus haut point, même les architectes avaient eu la flemme de bien faire leur boulot et s'était dit que, de toute façon, cette salle allait servir à des élèves tous plus abrutis les uns que les autres. Et James pensait honnêtement que ces architectes avaient eus raison de ne pas se casser la tête parce que, même si le sol avait été en marbre, le redoublant n'aurait pas mieux travaillé, au contraire il aurait cherché un moyen pour en tailler quelques grammes pour le revendre plus tard et se faire un peu d'argent.

« McVey, vous êtes avec nous mon vieux? »

Le concerné releva rapidement la tête et réalisa que tout les élèves de sa classe ainsi que monsieur Allister avaient les yeux rivés sur lui pendant que le sien avait le regard fixé sur le carrelage de la salle. Il soupira en hochant de la tête de manière affirmative, bien sûr qu'il était avec eux, il n'avait que ça à faire de sa vie. Bien entendu, si on lui avait proposé autre chose à faire, il aurait sûrement accepté cette autre activité, mais bon.

Pour paraître plus attentif, James se mit à fixer son professeur et à le détailler mentalement. Monsieur Allister, Henry de son prénom, était plus grand de quelques centimètres et avait une bonne grosse voix de baryton, ce qui amusait James car il était certain qu'il aurait pu faire chanteur lyrique dans un opéra avec une voix pareille. Ses cheveux étaient noirs avec quelques soupçons de blanc, faisant comprendre que le prof arrivait à un certain âge. Son nez était un peu retroussé et lui donnait un air enfantin que ses yeux verts complétaient. Malgré ça, James captait quelque chose de triste dans ce regard pourtant pétillant. Le jeune homme aurait bien voulu savoir quoi mais il se voyait mal débarquer à la fin d'un cours en lui disant, tout guilleret: « Alors, qu'est-ce qui ne va pas, mon vieux? ». C'était tout simplement inconcevable.

A un moment, quelque chose attira l'attention de James. Allister venait d'allumer son ordinateur portable pour projeter un diagramme au tableau, mais l'engin ne fonctionna pas comme l'homme le souhaitait et restait coincé sur son fond d'écran. Et, justement, c'est le fond d'écran qui a éveillé la curiosité de James à ce moment là. Immédiatement, il a levé son bras gauche bien en l'air pour que le professeur le voit. C'était bien la première fois qu'il levait la main pour dire quelque chose d'ailleurs.

  « Quoi, McVey? Questionna Allister de sa voix grave.
-Je peux vous aider? Je m'y connais un peu. A proposé le châtain, un immense sourire sur ses lèvres roses.»

Le professeur l'a regardé par dessus ses lunettes à monture en acier et a doucement hoché la tête, après tout, on avait toujours besoin d'un plus jeune que soi.

James s'est presque précipité sur l'ordinateur pour pouvoir mieux admirer le fond d'écran. C'était une fille qui souriait à pleines dents en tenant un enfant ayant la même expression. Ses cheveux blonds étaient un peu ondulés et tombaient en cascade sur son épaule gauche et prenait même possession d'une partie de l'épaule du petit garçon, lui brun. La fille avait des tâches de rousseur à certains endroits de ses joues et ça la rendait vraiment charmante, surtout qu'elle avait les mêmes yeux verts que son professeur. Le petit garçon qu'elle serrait dans ses bras ne devait pas avoir plus de sept ans et lui avait les yeux tout marrons et James lui trouva quelques ressemblances avec Brad.

  « Je ne parvient pas à ouvrir mes fichiers, tu vois? Dit Allister, sortant James de ses pensées.
-Ouais, je vois... Dit le jeune homme, faisant mine de réfléchir. Vous avez essayez de redémarrer?
-Non... Essayes toi. »

James appuya donc sur le bouton marche/arrêt de l'ordinateur afin de redémarrer l'appareil. Il fut déçu de ne pas pouvoir plus admirer le visage de la jeune femme inconnue mais il avait l'intention de se rattraper un peu plus tard.

Finalement, l'ordinateur daigna marcher après s'être remit en marche et James fut renvoyé à sa place pour suivre la fin du cours. Quand la sonnerie retenti dans l'ensemble du lycée, tout les élèves filèrent hors de la salle de classe, comme des voleurs, sans même demander leur reste ou quoi que ça soit d'autre. Après tout, il était quatre heure et ça avait été la dernière heure de cours.

  « Tu ne te précipite pas dehors comme les autres McVey? Questionna Allister en refermant son cartable.
-Non... Dit James en passant l'anse de son sac à dos sur son épaule. Je suis pas comme eux, je perds déjà mon temps ici alors, à la fin de la journée, je suis plus à dix minutes près, vous savez. »

 Le professeur eut un sourire rapide en attrapant son sac pour se diriger vers la sortie.

« Au fait, monsieur! Fit James en se rapprochant de lui.
-Hmm?
-Si jamais votre ordinateur vous refait des siennes, j'ai un pote qui est meilleur que moi en informatique, je pourrai lui amener. Il ferai ça gratuitement. Proposa le jeune homme.
-C'est vrai, tu as des connaissances dans le milieu?
-Bien sûr! Donc, si jamais...
-Aucun soucis, je penserai à toi à l'avenir. Dit le quadragénaire en hochant de la tête. »

Les deux hommes sortirent de la salle de classe sans dire un mot de plus. James cherchait les mots à utiliser pour que sa question passe aussi subtilement possible.

  « Sinon... C'était votre fille sur votre fond d'écran? »

La question sembla surprendre le professeur qui posa ses yeux couleur olive sur le jeune homme.

« Oui, c'est ma fille, pourquoi ça?
-Bah, pour rien. Elle est très jolie, c'est tout. Son fils aussi d'ailleurs.
-Son fils? C'est pas le sien mais le mien!
-Oh, toute mes excuses! Fit James, vraiment honnête dans ses paroles. »

Allister secoua sa tête horizontalement en soupirant.

  « Allez, files McVey.
-Justes... Comment ils s'appellent vos enfants?
-Décidément... Fit le professeur en soupirant. Théa et Eliott, ça te va maintenant?
-Ouais, super, merci msieur! A demain!
-C'est ça... A demain.  »

Ce soir là, James sortit tout content, il pensait à cette Théa et au goût que sa peau pouvait avoir. C'est sûr que celle-là, dès qu'elle serait dans son lit, il n'hésiterait pas à la partager avec ses potes!























His Daughter (J.McVey)Where stories live. Discover now