- Je sais. 

       Un vent froid me bouscula soudain, glissant dans mon haut mouillé par la neige. Un frisson désagréable me traversa et il n'en fallut pas plus pour que je me lève, avec une envie de rentrer plus que présente.

- Jonathan et Marcus nous attendent, déclarai-je avant d'ajouter, légèrement amusée. Ils s'inquiètent pour leur Alpha qui fugue.

       Je me tournai vers lui, pour voir si cela lui convenait. Grognon comme il était, il serait capable de rester dormir dehors. Ses pupilles bleutées me transpercèrent, mon cœur fut la première victime. L'attention de l'un était braquée sur l'autre. C'était comme durant notre première rencontre. Il n'existait plus rien autour de nous, il n'y avait que lui. Là, je ne pensais qu'à lui, je respirais parce qu'il le faisait. Je vivais car il vivait aussi.

On est en train de les perdre, soupira le Loup avec sa voix de femme.

       Son intervention eut le mérite de me ramener sur Terre. Je secouai la tête en soupirant. Ce lien d'âme-sœur grillait tous mes neurones. 

- Je ne sais pas vers où on doit aller, lançai-je en m'avançant dans une direction au hasard.

      Je passai près de lui, en fixant un arbre qui me semblait familier. Son épaule frôla la mienne et, alors que je reniflai les alentours pour retrouver mon chemin, je fus tirée en arrière. Je glapis, stupéfaite, mais n'eus pas le temps de réaliser ce qu'il se passait. Ma joue rencontre doucement le torse ferme de mon grand brun et ses doigts agrippèrent ma nuque. Je ne bougeai pas d'un iota. Voyant que je ne le repoussais pas, il posa son menton sur mon crâne et me pressa contre lui. Même si je ne voyais rien, l'imaginer nu contre moi me fit rosir.

- Kurt ? l'appelai-je au bout de longues minutes.

- Ne recommence plus ça, marmonna-t-il. Si je n'avais pas été là, tu aurais pu te blesser, et il n'y aurait eu personne pour t'aider.

- Je ne serais pas monté dans cet arbre si tu n'avais pas été là, fis-je narquoisement.

    Un rire grave lui échappa et cela résonna comme une mélodie envoutante dans mes oreilles. Le Loup fit une imitation de bruit de vomi dans mon crâne. Un sourire amusé fleurit sur mon visage. Je finis par me défaire de notre étreinte, à regret. Je levai la tête vers Kurt, qui m'enveloppait de son regard. Ma marque pulsait doucement, comme apaisée par notre proximité. Mes mains parcoururent seules le chemin jusqu'à son visage. Je posai mes paumes sur ses joues barbues. Ses pupilles s'embrasèrent dans l'instant.

- Alice.

    Mon prénom sonna comme une menace dans sa voix. Je l'ignorai. J'avais beau essayer d'ignorer notre lien depuis le jour de notre rencontre, je n'y arrivais tout simplement pas. Kurt devait vivre la même chose, car nous vivions tous les deux la situation. Mes doigts touchaient à présent ses lèvres, et je suivais leur avancée des yeux. Je savourai la douceur de ses lippes légèrement pulpeuses. Kurt était aussi tendu que possible. Sa grande stature courba l'échine pour moi, menaçante. Il me défiait de continuer. Alors, sans me défiler, je relevai fièrement la tête et levai un sourcil, montrant qu'il ne m'effrayait pas. Je finis de le provoquer en souriant innocemment, les paupières papillonnantes.

Mais qu'ils s'embrassent, qu'on en finisse ! 

Tu en rêves, me moquai-je, la faisant grogner de désintérêt.

Trop jeune pour moi.

    Je ne sus qui rompit le douloureux espace qui nous séparait, mais nos bouches furent bientôt pressées l'une contre l'autre. Ses lèvres étaient dures mais douces contre les miennes, et firent naître un artifice dans mon ventre. Sa grande main se resserra sur ma nuque, ses doigts la pressèrent pour m'obliger à pencher la tête, découvrant ma gorge. Notre baiser avait un goût d'impatience et son grognement en fut la preuve. Mes ongles frôlaient sa gorge, faisant vibrer sa pomme d'Adam. Nos lèvres se mouvaient à l'unisson, sans se séparer un seul instant, presque dans la peur de ne plus toucher celles qui leur étaient destinées. Les cils de mes yeux clos frôlaient son visage et ce simple geste semblait le rendre fou. Nous nous séparâmes au bout d'un long moment qui défila trop vite, haletants. Ma bouche me faisait presque mal tant cela fut ardent. Mais ce n'était pas suffisant. Je fondis de nouveau sur lui, demandant encore et toujours plus, emplie d'une envie insatiable qui détruisait toute pensée cohérente qui osait s'aventurer dans mon esprit.

Mine [en cours de correction]Where stories live. Discover now