The fall of no return

~•{Le temps d'un soir}•~

~•Tori•~

- Encore combien de temps?

Je suis encore devant le miroir de ma salle de bain personnelle. Je regarde mon reflet, qui n'est presque pas le mien. Mais je n'en peut plus, j'ai besoin de réponses, moi aussi. Pourquoi? Encore combien de temps? Est ce que je vais encore voir autant de choses? Mes mains tremblent encore de tout à l'heure, quand j'ai vu Orion faire une crise. Je ne l'ai pas supporter. Et Asher, ce même Asher dans mon lit, avec qui j'ai couché pour tromper les apparences. Je me sent usée, utilisée, encore.

- Je n'en sais rien. Il est plus solide mentalement que ce que je n'imaginait.

Me réponds tout simplement Lys. Sa phrase résonne dans ma tête comme une mise en garde. Elle m'en veux. Elle m'en veux d'etre intervenue.

- Et tu comptes vraiment sur moi pour revenir m'occuper de tes conneries? Tu comptes sur moi pour gérer ta relation?

- Oh, allez, Riri, Ça va aller. La prochaine fois je resterait jusqu'au bout et tu ne verra même pas les conséquences de mes actes. Et tu sais quoi? Comme on va arriver au fameux "Bal des Alliances" je serai sage.

Riri. Ce surnom que m'avait donné ma maman. Je balaie ce surnom du revers de la main, et me concentre sur la deuxième partie de ce qu'elle vient de dire. Le bal des Alliances. Une fois tout les ans, un bal est organisé pour les plus grands mafieux, ainsi que les personnes les plus riches et puissantes. Au départ, Lys et moi on étaient conviées avec notre Oncle. Mais on devais se relayer, elle et moi. Donc jamais toutes les deux au même endroit. Ce qui est un peu logique. Et cette année, c'est mon tour d'y aller.

- On s'était toutes les deux mises d'accord, je n'irai pas. Il faut garder Orion.

- Mais il est invité aussi, tu n'a cas...-

- Attends, comment ça, il est invité? Et comment tu es au courant?

- Il y était avec ses parents les 3 dernières années avant leur disparitions, donc je l'ai vu. Et comme ce sont des invitations pré-définies, il est sûrement invité. Enfin bref, prends le comme ton cavalier, ils n'y verront que du feu, et tu le surveillera.

Aller au bal avec Orion? Sérieusement? Non, elle déconne. On n'est pas dans un de ses livres à l'eau de rose envenimé qu'elle lit à ses heures perdues.

- Mais c'est toi qui y est conviée. Pas moi. Ils espèrent voir le Lys, pas Tori. Pas moi.

- Tu as 3 mois pour te préparer à être moi, Tori. Et je t'interdis de tout foirer. Même si on est liées, tu es encore beaucoup trop sensible pour ce monde. Tu es bien trop différente de moi, même si on a vécu la même chose.

- Désolée de ne pas être devenue une sociopathe avide de sang et de sensations fortes comme toi, hein.

- Par contre, respecte moi hein. C'est moi qui t'ai sortie de cette cave quand on avais 17 ans. C'est grâce à moi si tu es en vie aujourd'hui. C'est la sociopathe comme tu dis qui t'a décoincé le cul une bonne fois pour toute. Alors tu vas m'écouter et me faire un plaisir d'aller à ce fichu bal, accompagnée d'Orion et d'Asher, a ma place et gagner le cœur et des informations précieuses. T'a compris, gamine?

-..... T'est dure avec moi, quand même.

- Bah avec ton cerveau de gamine, il faut bien être un peu plus dure pour que tu comprennes enfin. Parce que putain, j'ai jamais vu de toute ma vie une femme aussi débile, innocente et naïve que toi. T'a 25 ans, Bordel! Pas 12! Alors-

- ARRÊTE! Arrête. Stop.

Je m'effondre, m'arrachant presque les cheveux. Je veux qu'elle se taise, qu'elle arrête. J'éclate en sanglots en enfonçant mes ongles dans mon cuir chevelu, grattant à sang. Je veux qu'elle se taise, qu'elle arrête. Et qu'il se taise lui aussi. Je veux qu'ils se taisent tous. Ma tête va exploser, mes poumons me brûlent, mes yeux me piquent, et du sang coule jusqu'à mes coudes. Je dois me calmer, mais je n'y arrive pas. J'attrappe la bouteille de Jack. Vide. Fait chier. Je m'explique contre le mur, j'en prends une autre. Vide. Elle finit dans le mur aussi, je retourne tout le bureau, plus de bouteilles, j'explose tout, le bureau, les miroirs, les fenêtres, les tableaux. Quelqu'un entre dans le bureau, je ne l'entends pas. Il dit quelque chose, il a l'air loin. Le sang pulse dans mon cerveau, je continue de malmener mon crâne et mes bras. Je sent quelqu'un attrapper mon poignet, je lui fou une droite. Je ne sais pas qui c'est, je ne sais même pas ce que je hurle. Mais je continue. D'autres bras essaient de m'arrêter. Je frappe à l'aveugle, je hurle à m'en casser la voix. Mes jambes et mes bras heurtent des corps, des silhouettes que je distingue à peine dans le brouillard de mon cerveau. Une chose est sur, il y a des blessés. Ils sont de plus en plus nombreux, je me débat comme je peux, mais je finit rapidement immobilisée, je hurle de me lâcher. Je ne veux pas qu'ils me touchent. Ils vont me déshabiller. Ils sont de retour. Je crie à l'aide, je hurle. On me retire ma chemise, et une douleur au bras gauche me fait comprendre qu'on me pique.

Non... Pas ça. Pas encore. Arrêtez. Lâchez moi.

Et puis, je m'endors. Les silhouettes autour de moi faiblissent. Le rouge devient noir, et je m'effondre dans les bras de mes ravisseurs.

J'ouvre les yeux, ma tête me fait horriblement mal et la lumière m'aveugle. Je prends quelques minutes pour ajuster ma vue. L'effet caméra de mes yeux se dissipe et c'est enfin à nouveau moi qui voit. Je suis dans mon lit. Tout le paraît à nouveau réel et moins distant maintenant.

Comment est ce possible? J'étais sûre qu'on m'enlevait.

- Enfin réveillée? Tu sais que tu nous a fait peur hier soir.

Je regarde la personne qui me parle, Dahlia, une autre amie de Lys. Je prends une grande inspiration et souffle, soulagée. Je suis en sécurité. Dahlia me prends par la main et la serre, en m'offrant un sourire qui se veut rassurant. Je lui rends son sourire et murmure un "désolée" qu'elle balaie d'un revers de la main. Elle a un bleu au niveau de la pommette, son autre main dans un bandage. Et merde. J'ai intérêt à trouver une bonne façon de m'excuser.

- Désolée, je.. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce n'est pas trop douloureux? Je demande presque imperceptiblement.

Elle me regardes un instant, les yeux plissés, comme si j'avais fait quelque chose de travers.

- Non, ne t'en fait pas. J'ai pris moins qu'Asher et qu'Alex, t'inquiète.

Dit-elle lentement, avant de poursuivre, sur un ton un peu plus entraînant :

- C'est la première fois que tu t'excuses, Lys. Il y a du progrès sur ta ré-humanisation! C'est super!

Ok, c'est officiel, Lys va me tuer.

- Écoute, Dahlia... J'ai besoin de sommeil. Je pense que je vais encore dormir un peu.

- Ne t'en fait pas, une crise de cette envergure doit vraiment avoir pompé ton énergie, repose toi bien!

Et sur ces dernières paroles, elle se lève et s'en va. Quant à moi, je ferme les yeux et me repose à nouveau.