The fall of no return

~•{Un air de normalité}•~

~•Tori•~

Mes phalanges saignent. J'ai encore cassé mon miroir. Mais ça va aller. Il faut juste qu'ils se taisent. Tout les deux. Ils ne m'ont pas laissé dormir de toute la semaine. J'ai besoin de dormir, putain! Ils vont me rendre cinglée. J'ai besoin de dormir. J'ai besoin de repos. Il me faut mes médicaments. Je cherche avec avidité ces pilules que m'ont prescrit mes médecins. Je n'en ai presque plus. Merde. Je prends quand même les pilules qui me restent. Deux calmants, un sédatif et 4 antipsychotiques. Ça devrait faire l'affaire. J'avale les pilules deux à deux avec un verre de gin Tonic, et le sédatif en dernier.

- Tu crois que c'est avec tes pauvres médicaments que tu vas nous faire taire? Redescend sur terre ma pauvre fille.

Je ferme les yeux et retourne dans mon lit. En fermant les yeux, je me fredonne la chanson que ma maman me chantais quand j'étais petite. Avant qu'elle ne meurt. Elle a encore malmené mon corps, l'a poussé à bout. Elle ne cesse de travailler et, par conséquent, moi aussi. Je n'en peut plus. Bref. Il faut que je trouves une solution pour me débarrasser d'elle, je ne peux pas continuer à réparer ses conneries et gérer ses paperasses. Je sais qu'elle veux m'aider mais qu'elle fasse ses affaires seule, pas en me laissant m'occuper de l'administration. Je ne suis pas sa secrétaire. Je dois me calmer, prendre un remontant. Le gin Tonic et le cocktail de médicaments ne sont plus suffisant.il me faut quelque chose de plus fort.
J'entreprends tout de même de me lever et de retourner dans la salle de bain pour pouvoir dupliquer la dose déjà ingérée, voire tripler. Il faut que je dorme. J'ai besoin de m'enfuir de ce cauchemar éveillé. J'entends les victimes de Lys et de ce qu'elle leur fait subir. J'ai envie de vomir. Je ferme les yeux et m'endors.

{Le lendemain}

Pourquoi t'a fait ça? Je regarde le nom sur la porte 13 B. C'est un rêve. Ça ne peut pas être lui. Ça ne peut pas être le gamin que je gardais. Mais son nom... J'arrive à l'apercevoir par la fenêtre de la porte. Il est dos à moi. À moitié nu. Je vois son dos. Oh mon dieu... Des centaines de cicatrices. Comme celles d'un fouet, d'autres d'une matraque. Ou encore une ou deux brûlures de cigarettes ou de coups de couteaux. Mais ce ne sont pas des marques récentes. Ces cicatrices ont l'air de parsemer sa peau depuis.... Des décennies. Je hoquete de surprise, les larmes aux yeux.

- Qu'est ce que tu fais là? La voix me fait sursauter et reculer. Je le reconnais. Asher. L'un des meilleurs amis de Lys.

- Je, um... Je voulais parler à Lys.

Il me regarde en haussant un sourcil, perplexe. Il à l'air perdu. Merde c'est vrai.

- Je voulais dire, les lys. Mais je me suis un peu perdue. Je viens de me réveiller.

Il me regarde de bas en haut, puis soupire en me tendant un gobelet en carton.

- Tiens, ton café habituel.

- Merci, Asher. Dis-je en regardant le liquide brûlant dans le gobelet.

-Tu dois dire Ash.

- Merci, Ash. Me corrigé-je après un raclement de gorge.

Il me regarde avec insistance. J'ai l'impression qu'il va pénétrer mon âme et en déceler tout mes secrets. Et je n'aime pas ça. Je me racle la gorge avant de prendre une gorgée du nectar "divin" que m'a au préalablement donner Asher, qui étonnement, est plutôt bon. La petite gorgée étant sensée m'aider en tant que distraction devient en un quart de micro-seconde une grande goulée que j'avale avec enthousiasme. Je devrais en boire plus souvent. Il faut qu'elle me donnes la recette.

- Le jardin est derrière le manoir... Ça va allez? Me demande-t-il après avoir remarqué l'état de mes mains que je cache distraitement.

- Oh, oui. J'ai juste encore le corps et le cerveau engourdi à cause des médicaments. Veux-tu m'aider à y aller? Au jardin, je veux dire. J'ai peur de tomber, tu sais, avec mes vertiges, et tout. Je débite, tellement vite que je suis à bout de souffle à la fin de ma phrase.

- Tu en as pris tant que ça? Il me regarde maintenant avec les yeux écarquillés.

Mais il vient quand même à mes côtés, plaçant un bras autour de mes épaules. Il me sourit tendrement et on commence à marcher dans les couloirs. Une fois arrivés au jardin, je prends une grande inspiration, l'air frais c'est vraiment ce dont j'avais besoin. On marche, silencieusement au début. On traverse les différentes zones du jardin. En commençant par la plaine de la fontaine, le jardin de cerisiers japonais, le labyrinthe de Lys, et on finit au centre de l'immense jardin, sous le saule pleureur. L'arbre est magnifique, l'acidité du sol le rends irréellement rose. Je me demande même si ils n'ont pas teints les feuilles en rose. Je pensais ce phénomène impossible, et pourtant, je me tiens devant un foutu saule pleureur rose, putain!

- J'aimerai en voir un bleu... Ça serait magnifique. Je dis sans réfléchir, Asher, se tenant à côté de moi, me regarde un instant avant de reporter son regard sur le géant de la nature qui se présente devant nous.

- Oui, ça serait magnifique. Dit-il en me regardant. Et j'aimerai le voir se refléter dans tes yeux.

Je reste bouche bée. Je fein de ne pas l'avoir entendu. Malheureusement Elle me rappelle à l'ordre et me dit de suivre le mouvement. Mais je ne peux pas. Asher n'est pas mon petit-ami. Mais le sien. A elle. Mes pensées se taisent lorsqu'il pose ses lèvres sur les miennes. J'ai envie de vomir. Mais je dois jouer le jeu. Je pose une main sur son torse et prolonge le baiser. Je n'aime pas ça. Je déteste ça. Les secondes me paraissent des heures. Mais je dois tenir bon. Il me rapproche de lui en posant ses mains sur mes hanches. Le baiser continue. Ça va aller. C'est bientôt fini. Je m'accroche à mes encouragements. Lorsqu'il recule et qu'il ouvre les yeux, j'essaie de sourire, pour paraître naturelle. Pour paraître Elle. Et ça à l'air d'être le cas. Il n'y voit que du feu.

On continue la balade encore quelques heures, main dans la main. Avant de retourner au manoir. Je remonte dans ma chambre et m'effondre, somnolente à cause des médicaments. Et je finis par m'endormir.