Chapitre 25 : super tisane

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          Lorsque Lucien passa la porte d'entrée de son appartement, il se rappela qu'il avait oublié de rappeler son frère.

« Tant pis. » pensa-t-il. « Je m'en occuperai demain. »

Il était vingt-deux heures quarante. Lucien enleva son manteau et ses baskets en faisant le moins de bruits possibles au cas où Edith dormait déjà.

La lampe à côté du canapé éclairait la table à manger et la cuisine d'un petit halo jaune. Alors qu'il approchait ses doigts de l'interrupteur posé sur le mur à sa gauche, il découvrit alors sa colocataire endormie sur le sofa, son ordinateur posé sur le ventre.

Lucien n'osa pas la réveiller et préféra plutôt ouvrit le frigo en quête d'un rafraîchissement.

« Qu'est-ce que... ? » Il prit dans ses mains une bouteille de jus d'orange sur lequel un post-it vert était scotché : « Pas touché, il est à moi. »

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

Soudain, une lumière aveuglante illumina la pièce et Lucien se retourna, la bouteille en main.

Edith venait de se lever et l'attendait de pied ferme malgré son teint pâle et ses yeux fatigués.

Il reposa sagement la bouteille dans le frigo et déclara :

« J'en ai pas bu, t'en fais pas. »

« Je voudrais bien savoir où tu étais. »

Lucien cligna des yeux en sentant le ton sérieux de sa colocataire.

« Euh... dans... un... bar ? »

Ce n'était pas un crime non plus ! Pourquoi s'en cacherait-il ?

Edith se frotta les yeux puis, le fusilla du regard.

« Si quelque chose ne va pas, dis-le-moi. Tu es très pâle. » commença-t-il, prudent.

Edith ne pouvait pas lui demander directement s'il connaissait Roger Bérant. Non, sa couverture d'agente d'écoute de la PSRP volerait en éclats ! Non, elle ne pouvait pas non plus déverser sa fatigue et son énervement sur Lucien qui n'avait rien demandé !

Elle soupira un grand coup avant se figer. Lucien, complètement perdu par le comportement lunaire de sa colocataire, assistait, impuissant, à son pseudo-sermon sortit de nulle part.

Soudain, elle n'était plus là. Elle avait détalé dans les toilettes sans demander son reste. Sonné, le jeune homme resta médusé sans bouger d'un poil. C'est lorsqu'il entendit un bruit de vomissement qu'il se précipita dans le couloir qui longeait l'entrée.

Edith s'était agenouillé par terre, ses deux mains posées sur les rebords de la cuvette des toilettes. Son corps, parcouru de spasmes brusques, semblait vomir la moindre substance qui reposait dans son gosier.

Ne sachant que faire, il lui tapota le dos.

« Ça va aller. »

Un vomissement lui répondit.

« Je vais te chercher un verre d'eau. » déclara-t-il en la regardant avec peine.

Une fois revenu avec l'objet escompté, il fut soulagé de voir le visage d'Edith. Au moins, s'il pouvait la voir ainsi, c'était qu'elle ne vomissait pas tête la première dans la cuvette.

Il s'accroupit et lui tendit le verre d'eau. Les yeux rougis de la jeune femme, tirés par des cernes interminables, le remercièrent d'un éclat éteint. Elle avala goulûment l'eau et posa le verre par terre.

Le Souffle de Nos RefletsWhere stories live. Discover now