117. AURORE

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Le chaos régnait autour de nous, la tour de l'ouest était devenu champ de bataille terrible, les ombres attaquant avec une férocité inouïe, brisant les boucliers de nos défenseurs comme de simples fétus de paille.

Soudain, du coin de l'œil, je vis une ombre massive foncer droit sur moi. Mon sang se glaça dans mes veines. C'était la fin, je le savais. Jamais je ne pourrais esquiver à temps, jamais je ne pourrai résister à un assaut d'une telle violence.

Je fermai les yeux, attendant l'inévitable. Mais au lieu de la douleur, au lieu du néant, c'est une chaleur intense que je ressentis soudain. Une énergie puissante, presque brûlante, qui semblait émaner de mon propre corps.

Incrédule, j'ouvre les yeux... Et je vis mon bouclier, ce bouclier que je pensais si dérisoire face à de tels adversaires, briller d'une lumière aveuglante. L'ombre était là, à quelques centimètres à peine, mais elle est comme figée, incapable de franchir la barrière dorée qui m'entourait.

Je n'en croyais pas mes yeux. Comment était-ce possible ? Moi qui pensais ne tenir que quelques secondes face à un tel monstre, voilà que je lui résistais, que je le repoussais même ! Mais je n'avais pas le temps de m'appesantir sur ce miracle. Déjà, deux autres ombres fondaient sur moi, leurs griffes acérées cherchant la moindre faille dans mes défenses.

Je serrai les dents, m'attendant à voir mon bouclier voler en éclats sous ce nouvel assaut... Mais non. Encore une fois, il tint bon, repoussant mes assaillants avec une facilité déconcertante. Dix secondes. Vingt secondes. Trente secondes. Je ne flanchai pas, portée par cette énergie nouvelle qui semblait couler dans mes veines. Esdras apparut auprès de moi.

Son épée tournoie, fauchant les ombres avec une précision mortelle. En quelques instants, mes assaillants n'était plus que des volutes de fumée noirâtre, se dissipant dans la lumière triomphante du jour. C'était fini.

Esdras se rua vers moi, le visage déformé par une inquiétude telle que je ne lui avais jamais vue. Je m'attendais à des reproches, à des cris. Après tout, n'avais-je pas désobéi en me jetant ainsi dans la bataille ? N'ai-je pas risqué ma vie de la plus inconsciente des manières ?

Mais non. Au lieu de la colère, c'était une tendresse infinie que je lisais dans ses yeux lorsqu'il me pris dans ses bras. Une tendresse mêlée de soulagement, de fierté... en public en plus.

- J'ai eu si peur, murmure-t-il contre mes cheveux. Si peur de te perdre...

Sa voix se brisa sur ces derniers mots, et je sentis mon cœur se serrer. Moi aussi j'avais eu peur, je réalisai. Peur de ne plus jamais le revoir, de ne plus jamais pouvoir me blottir dans la chaleur de son étreinte. Mais nous sommes là, tous les deux. Vivants.

Alors qu'Esdras et moi étions encore enlacés, Sarael s'approcha de nous, je rougis en lâchant Esdras. Sachant que maintenant je savais que Sarael n'était pas le gentil et innocent impérator que je pensais mais le chef de la Légion, j'avais plutôt intérêt à rester prudente.

- Princesse.

- Sarael.

- Une envie de rejoindre la Légion ou vous vouliez un petit pic d'adrénaline ?

- Aucun des deux... j'étais inquiète, bredouillai-je en regardant autour de moi pour ne pas rougir de honte, en fait...

- Vous pensiez que c'était Zeus ?

- Non mais... (je soupirai) je suis désolé d'être venue...

- Hmm, fit-il en souriant. Votre bouclier semble avoir un effet particulier sur les ombres, vu que vous êtes déjà là, ça vous dit de le tester ?

DESPERATE TO LOVE [T1]Where stories live. Discover now