DESPERATE TO LOVE [T1]

9. ESDRAS

Je savais qu'elle tenterait de fuir, je l'avais envisagé et je m'y étais préparé. Mais ce ne fut pas ce qu'elle fit. Elle écarquilla les yeux quand elle me vit et m'esquiva. Par reflexe, je ne bougeai pas parce que je savais qu'étant dans mon champ maintenant, elle ne pourrait plus m'échapper.

Sauf qu'à ma grande surprise, elle ne s'enfuit pas, elle se cacha derrière moi. Je fronçai les sourcils et plissai des yeux. Des solitaires et deux hommes qui ne sentaient rien, tout comme ceux qui avaient attaqués le ciel pour récupérer Isha.

- Je vais y arriver, je vais y arriver, bredouillait-elle dans mon dos.

Un nouveau dilemme s'imposa à moi, la ramener ou me battre. Mon arme apparut dans ma main gauche tandis que la droite se posait là où je supposais que devrait se trouver la marque des Prima. Je me rendais au Sanctuaire pour voir si le gardien pourrait la localiser quand j'avais reçu un message venant de la part d'une de mes soeurs : Village Saly, retrouve-la avant qu'il ne la retrouve. Les prima ne soumettent pas, elles meurent. P.

Je ne ressentis aucune marque en elle, elle me regarda en rougissant, comme si j'étais devenu fou. Je fis apparaître mon bouclier autour de nous et le quittai, car en la touchant, j'avais senti sa peur. La colère bouillonnait en moi à l'idée que ces sauvages lui aient fait du mal.

- Ne t'inquiète pas, dis-je d'une voix apaisante. Je suis là pour te protéger.

Elle me regarda avec des yeux écarquillés, incapable de prononcer un mot. Je sentais son cœur battre rapidement, sa respiration saccadée. Je lui tendis doucement la main, la rassurant silencieusement.

- Ne sors pas du bouclier...

Elle acquiesça timidement. Sans hésiter, je dégainai mon épée, prêt à mettre hors d'état de nuire ces ennemis qui osaient s'attaquer à notre précieuse princesse. Je me lançai dans la bataille, libérant la part de ténèbres en moi, que je laissais libre rarement. Les lames s'entrechoquaient, créant des étincelles dans l'obscurité de la nuit. Mes mouvements étaient rapides et précis, anticipant chaque attaque et ripostant avec force. Je me déplaçais avec une grâce maîtrisée, mon corps agissant comme une extension de mon esprit concentré.

La première tête qui tomba ne m'apaisa pas et même lorsque je fus le seul encore debout, entouré de cadavres, ma fureur restait la même. Finalement, le silence tomba sur le champ de bataille. Les ennemis gisaient à terre, vaincus. Je repris mon souffle, essuyant la sueur qui perlait sur mon front.

J'inspectai rapidement les environs pour m'assurer qu'aucun autre danger ne nous guettait. Ces sauvages avaient oser la traquer, lui faire peur et lui faire du mal. Les tuer avait été trop cordial de ma part. J'aurais dû les torturer, pendant des heures. Mais elle m'attendait et elle avait besoin de soin. Je retournai auprès d'elle et l'attirai contre moi pour la téléportation.

Aussitôt, une tension inattendue s'installa entre Aurore et moi. Les battements de mon cœur s'accélérèrent, et je sentis une chaleur envahir mon corps en la regardant. Mon regard parcourut son visage meurtri, et malgré les blessures, je ne pouvais m'empêcher de voir la beauté qui émanait d'elle.

Son regard brillant, ses cheveux légèrement décoiffés par l'agitation du combat, tout cela ne faisait qu'accentuer sa beauté naturelle. Je me sentais irrésistiblement attiré par elle, d'une manière que je n'avais jamais ressentie auparavant.

Pourtant, nous étions au milieu d'un champ de bataille, un endroit peu propice à ce genre de sentiments. Je tentai de chasser ces pensées de mon esprit, de me concentrer sur ma mission et la sécurité de la princesse. Mais la connexion entre nous semblait si intense, si palpable.

Nos regards se croisèrent, et je vis dans ses yeux une lueur d'admiration mêlée d'une certaine vulnérabilité. Je ne pouvais m'empêcher de me demander si elle ressentait la même attraction que moi. Était-ce le stress du combat qui provoquait ces sentiments ou y avait-il autre chose ?

Habituellement, je la trouvais agaçante, elle me rappelait Davina. Par son attitude, son comportement avant, quand je la regardais, je l'assimilais aussitôt à ma femme. Je me retiens de soupirer, même penser qu'elle était ma femme m'agaçai. Mais pourquoi Davina ?

Aurore et elle étaient le total opposées. La princesse ressemblait à la princesse Aria, on aurait dit une personne totalement asiatique avec sa peau très claire et ses traits typiquement asiatiques. On avait du mal à croire que son père était noir. Alors que Davina était métisse avec des cheveux courts bouclés et des yeux bleus, Aurore était quasiment blanche avec des longs cheveux noirs et raides.

Même physiquement, elles étaient le total opposés. Davina était mince, elle détestait manger dans mes souvenirs et s'énervait si je l'emmenais dans un restaurant de luxe où on ne servait que des portions minuscules. Dès qu'elle prenait du poids, la maison devenait un enfer.

Aurore elle, elle avait beaucoup plus pris du côté des nymphes célestes, elle avait le physique de son espèce, comme toutes les filles d'Alex. Des formes, une taille fine et un je m'en foutisme Royal de leur poids. J'avais remarqué que comme la princesse Aydie, Aurore mangeait plus que ce que j'avais conne avec ma femme.

Je repris mon sérieux, ramenant mon attention sur la situation présente. Mon esprit était partagé entre mon devoir et le désir qui brûlait en moi. Et je ne comprenais pas pourquoi c'était aussi soudain.

- Nous rentrons.

On se retrouvai dans un hall. Je pris la main d'Aurore et la tira jusqu'à un pièce vide. Je fis apparaître un canapé et convoqua la seule personne que je savais que je supporterais de voir pour l'instant, le temps de me calmer.

- Je peux entrer ? me demanda Raph sur le pas de la porte.

- Oui. Seulement toi !

Jude ne se vexa pas et resta hors de la pièce. Je fis quelques pas jusqu'à la baie vitrée tandis que Raphaël examinait Aurore. Je me passai une main devant le visage, la rage bouillonnant toujours en moi. Apparemment, je n'allais pas réussir à me calmer avec la méthode pacifique.

- Jude ?

- L'Autre est en déplacement, m'informa-t-il.

Je n'avais pas besoin de m'expliquer, il devait sentir que mon Divinae prenait le pas sur le Céleste et que j'étais au bord de la Rage. Raphaël qui allait poser sa main sur le front d'Aurore se stoppa et me regarda aussi.

- Est-ce vraiment une bonne idée ?

- L'Empereur te demande, me prévint Jude.

- Elle n'est pas en état, marmonnai-je.

- Esdras, l'Empereur te demande, répéta Jude avec insistance. Mère est au palais... (Jude soupira) je vous précède mais Esdras, fais un effort !

- J'arrive.

Il disparut. Raphaël utilisa son énergie et se mit à guérir Aurore sans la toucher. Je décidai qu'il valait mieux quitter les lieux tout de suite avant que je ne le regrette. Je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais plus à me calmer. Pourquoi même s'il était normal qu'un dominant comme moi réagisse en voyant Aurore être attaqué, je réagissais de façon aussi extrême. Tout mon être n'était focalisé que sur deux choses : le désir que je ressentais ou la rage en moi.

- Je vais au Donjon, décidai-je, furieux.

En dehors de l'Autre, c'était la solution la plus radicale, tout en ne prenant aucun risque. Sentir la crasse de ces lieux, l'odeur et les cris de désolations, et m'installer de mon propre gré dans une des chaises de tortures. La douleur immense qui envahit mon corps me permit de pouvoir de nouveau entrer en Calme, un état qui me permettrait de patienter avant de réussir à reprendre le contrôle de tout mon être...