DESPERATE TO LOVE [T1]

13. AURORE

Un silence emplit l'espace pendant un bref instant, comme si nos mots flottaient entre nous, tissant un lien fragile mais réparateur. Puis, Esdras reprend la parole, sa voix portant des nuances de douceur et de compréhension.

- Ce n'est pas grave. Qu'est-ce que tu fredonnais ?

- Euh... une poésie.

- Tu peux le répéter ?

Par-delà les voiles de l'existence, Se dresse un monde de pure éloquence, Où la vie et la mort dansent en cadence, Et se mêlent en une belle révérence, je récite. Dans l'écho des cœurs qui se sont tus, Les souvenirs s'élèvent, fragiles et crus, Portant en eux la douleur des adieux, Mais aussi la promesse d'un amour silencieux...

La mort, messagère d'une éternité voilée, Nous rappelle la beauté d'une vie étoilée, Elle nous enseigne l'urgence de chaque instant, Et nous guide vers un amour plus grand. Alors, au sein des pleurs et des rires, Dansons dans la clarté de nos soupirs, Car la mort n'est qu'une étape de la vie, Et notre amour restera, indéfectible, à l'infini...

Mes mots flottent dans l'air, s'élevant lentement, portés par la gravité des thèmes qu'ils évoquent. Je me rends compte que mes paroles se sont échappées de ma bouche sans réserve, sans penser aux conséquences. Et alors, je sens le regard d'Esdras sur moi, empreint de curiosité et d'une certaine fascination.

- Aurore, murmure-t-il d'une voix douce, cherchant à percer le mystère de mes vers. Ça vient d'où ?

Un frisson parcourt mon corps à l'entente de sa question. Je me sens à la fois vulnérable et inspirée par sa curiosité. Réunissant mon courage, je décide de partager la signification de ce poème qui résonne si intensément en moi.

- Ce poème est une ode à la vie et à la mort. Il honore la beauté éphémère de notre existence, tout en célébrant la force de l'amour qui transcende les limites du temps, lui expliquai-je, les mots coulant de ma bouche avec une passion qui ne se dissimule plus. Je le récite souvent quand les émotions m'envahissent, quand la mort semble si proche et que je cherche à saisir la véritable essence de notre présence ici. Il m'inspire à chérir chaque instant et à embrasser la puissance de l'amour qui éclaire nos vies, même dans les moments les plus sombres... seigneur, je n'arrête pas de parler... désolé, je parle quand je suis stressée...

- Ça ne me dérange pas... au contraire, c'est mieux que le silence... vraiment, dit-il d'une voix tremblante.

Un silence contemplatif s'installe entre nous, imprégné de cette nouvelle compréhension mutuelle. Je me demande s'il pleure, cela me rend triste, j'ai envie de le rejoindre et le prendre dans mes bras, le consoler. Je rougis, et peut-être d'autres choses.

- C'est rare de voir des personnes réciter des poèmes, me fit-il remarquer.

- Quand j'étais petite, ma mère me punissait en m'obligeant à apprendre des poèmes. Elle disait que cela travaillerait ma mémoire et mon esprit. Au début, je voyais cela comme une corvée, une tâche imposée. Mais au fil du temps, j'ai découvert que les mots poétiques devenaient des refuges pour moi, une échappatoire lorsque le monde devenait trop étouffant.

Je m'arrête un instant, ressentant la nécessité d'expliquer davantage cette part intime de ma vie. Esdras m'écoute attentivement, j'ai l'impression, peut-être l'envie même qu'il soit captivé par mes paroles, m'encourageant silencieusement à continuer.

- Et quand je suis émotive, stressée, submergée par les doutes qui m'assaillent, je récite des poèmes. C'est comme si ces mots, ces rythmes, m'offraient une bouée de sauvetage. Ils me rappellent la beauté du langage, l'émotion pure qui peut être transmise à travers les vers. Ils apaisent mon esprit agité et me ramènent à l'instant présent.