64. ZANE

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Je passai une nuit blanche. Les mots de l'ancienne Oprhys résonnaient encore dans mon esprit, et je me sentais coupable. Coupable de ne pas avoir su protéger ma fille, de ne pas avoir vu sa détresse. Et pire encore, coupable d'avoir envisagé de m'opposer à ce qui était le mieux pour elle.

La nuit fut longue et solitaire, emplie d'une douleur lancinante et d'une culpabilité amère. Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, pas après le chaos que j'avais causé. Ma fille, ma précieuse petite Bethanie, devait être terrorisée, éloignée de moi et jetée dans un monde inconnu à cause de ma fierté, de ma bêtise.

Je me tournai et me retournai dans mon lit, laissant mon esprit vagabonder dans les ténèbres, revivant les événements de la journée encore et encore. Je n'arrivais pas à oublier le visage de Ketmie, sa colère froide, sa détermination sans faille.

J'avais tort. J'avais commis une erreur terrible. J'avais manqué à ma promesse, la promesse que j'avais faite à ma défunte épouse. Celle de toujours protéger notre fille. J'avais laissé ma colère m'égarer.

Finalement, je ne trouvais pas le repos dans mon lit. Je me levai, sortant de ma chambre pour me diriger vers la galerie de portraits. Là, encadrée par la lueur douce et blafarde de la lune, se trouvait l'image de ma défunte femme, rayonnante et si vivante malgré son absence permanente.

Je m'excusai, d'abord à voix basse, puis plus fort. Je m'excusai pour mon échec, pour ne pas avoir su protéger notre fille. Je m'excusai pour avoir laissé ma colère et ma fierté prendre le dessus. Je m'excusai pour avoir failli en tant que père.

Je passai des heures là, parlant à une image silencieuse. Et même si elle ne répondit pas, je sentis un certain soulagement. C'était comme si je m'étais allégé d'un fardeau, comme si j'avais réussi à trouver un semblant de paix dans mes excuses.

Quand l'aube arriva, je me rendis à Celestia. Je n'étais pas seul. Elleryn me proposa de m'accompagner. Je l'acceptai avec gratitude, un soutien bienvenu face à l'incertitude qui m'attendait.

Alexandra nous accueillit à notre arrivée, son regard clair et son sourire chaleureux contrastant avec la froideur de notre dernière rencontre. Elle nous proposa de prendre le petit déjeuner avec eux, une offre que je n'eus pas le cœur à refuser.

Alors que nous nous installions pour manger, je rassemblai mon courage et dis :

- Alexandra, je voudrais m'excuser pour mon comportement d'hier. Je n'avais pas le droit de réagir ainsi, et j'espère que vous pourrez me pardonner.

- Je comprends votre réaction, Zane. C'est dur, de voir sa fille partir. Mais vous avez pris la bonne décision. Pour elle.

Je ne pouvais que hocher la tête en réponse, reconnaissant la vérité de ses mots malgré la douleur qu'ils provoquaient. Et je me fis une promesse silencieuse : je ferais tout pour rectifier mes erreurs, pour être le père que Bethanie méritait.

Alexandra nous conduisit à travers le dédale de Celestia jusqu'à un vaste jardin intérieur, où des dizaines de nymphes virevoltaient dans une danse joyeuse. Au milieu de cette valse légère, je vis ma fille. Elle riait, sa voix pure se mêlant à celle des autres filles, sa chevelure brune s'éparpillant autour d'elle en un halo désordonné. Elle était magnifique, vivante. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai vu ma fille heureuse.

- Bethanie !

J'ai appelé doucement. Elle s'est retournée et a couru vers moi, ses bras s'enroulant autour de ma taille dans une étreinte serrée.

- Je suis content de te voir, Bethie.

- Papa, tu ne devinerais jamais !

Son enthousiasme m'a fait sourire. Elle s'est écartée et a tiré sur le bas de son pyjama d'un air fier. C'était un vêtement aux couleurs vives, parsemé de motifs de feuilles et de fleurs.

DESPERATE TO LOVE [T1]Where stories live. Discover now