DESPERATE TO LOVE [T1]

62. ZANE

Je me tiens là, à la lisière de la salle bondée, balayant du regard la foule colorée qui engloutit l'espace. C'est l'anniversaire de ma fille, Bethanie, une journée de célébration, de joie.

Mais je ne peux m'empêcher de me sentir étrangement distant, comme si je regardais une scène de théâtre dépourvue de sens. C'est bizarre. Ce n'est pas comme les fêtes que j'ai connues auparavant.

Le décor est à la fois extravagant et confus, avec des rubans brillants et des fleurs suspendues partout, et des ballons multicolores qui flottent comme des nuages colorés au plafond.

La pièce semble vibrer d'énergie et d'excitation. Il y a de la musique, des rires, des conversations animées, mais tout cela me semble étrangement décalé. Comme si je n'étais pas tout à fait là.

Je fais un pas en arrière, les sons s'estompent un peu. Je plisse les yeux, essayant de comprendre ce qui me dérange. Est-ce l'arrivée récente de Melina ? Sa présence a toujours réussi à jeter une ombre sur les choses. Ou peut-être est-ce simplement la douleur lancinante qui ne me quitte jamais vraiment, le fantôme de la mère de Bethanie qui hante chacune de ces occasions ?

Pourtant, chaque fois que mon regard se pose sur Bethanie, un sourire éclaire son visage. Elle est le soleil dans cette pièce autrement sombre, irradiant de joie et d'innocence.

Poussant un soupir, je me détache du mur où je me suis appuyé et m'avance vers la foule. Les gens me saluent, la familiarité de leurs visages apportant un certain réconfort. Ma tante Lillian me serre dans ses bras, sa voix éraillée me souhaitant bonne chance. Mon cousin Edwin tape sur mon épaule, un sourire malicieux sur son visage.

Je serre des mains, échange des sourires, fait la conversation. Les salutations familiales me rappellent une certaine normalité, la routine familière adoucissant le sentiment d'étrangeté qui persiste.

Après plusieurs minutes, je m'excuse et me fraye un chemin à travers la foule, déterminé à voir Bethanie. Ses rires joyeux et son sourire éclatant me parviennent, mais un sentiment d'inquiétude sourd persiste en moi.

Alors que je m'apprête à m'approcher d'elle, une silhouette se dresse devant moi, interrompant mon chemin. Melina. Elle est là, dans sa robe rouge audacieuse, un sourire séducteur accroché à ses lèvres. Ses yeux scintillent d'un éclat rusé qui m'incite à la prudence.

- Zane, dit-elle doucement, sa voix est mielleuse, presque caressante.

Je retiens un soupir d'irritation, sa voix mielleuse, presque caressante me fait l'effet d'un venin et m'agace ce soir, je ne comprends pas pourquoi.

- Melina, je réponds avec un calme calculé. Oui ?

Elle rit, un son qui semble forcé et faux à mes oreilles. Je continue à chercher ma fille du regard, histoire qu'elle comprenne que je ne vais pas lui accorder l'attention qu'elle semble tant chercher.

- Non, Zane, rétorque-t-elle avec une feinte innocence. Je voulais savoir si tu vais besoin de quelque chose...

Son sourire semble un peu trop fixé, un peu trop parfait, et je ne peux m'empêcher d'être méfiant. Déterminé à mettre un terme à cette conversation stérile, je me tourne vers Melina.

- Je dois aller voir Bethanie, je déclare, essayant de garder mon ton neutre. Je veux m'assurer qu'elle va bien.

- Oh, elle va très bien, Zane, dit-elle rapidement, son sourire se crispant légèrement. Elle profite de la fête.

Je m'arrête un instant, luttant contre le désir de bousculer Melina pour aller vers Bethanie. Cependant, mon sens de la courtoisie l'emporte et je réponds simplement par un signe de tête.