Au bord du vide

Chapitre 41

Un sourire éclaira mon visage à l'entente de sa voix familière.

- T'es pas censée être en train de travailler, toi ? demandai-je, taquine.

À travers le combiné, j'entendis la musique étouffée du club, laissant présager que Lux était loin de son poste de travail.

- Si, mais Anja m'a dit de faire une pause, répondit-elle avec désinvolture.

Je m'approchai de la fenêtre, le regard perdu dans l'obscurité de la nuit. Le scintillement des étoiles et la douce lueur de la lune donnaient une ambiance presque apaisante à cette soirée chargée d'émotions. Pourtant, en moi, c'était un tourbillon d'appréhension et d'incertitude. Le soleil avait disparu depuis longtemps, et je savais que Clive m'attendait en bas, probablement depuis un moment déjà.

- Alors, tu stresses ? chuchota Lux à travers le téléphone, son ton teinté d'amusement.

Stressée ?

C'était bien plus que ça. Mon cœur battait la chamade, mes pensées tourbillonnaient dans ma tête comme des feuilles emportées par le vent.

- Légèrement, répondis-je, tentant de masquer l'angoisse dans ma voix.

Dans un brouhaha de fond, j'entendis Lux adresser quelques mots à quelqu'un, puis elle revint à moi avec un conseil qui me fit esquisser un sourire.

- Mauraa, profite de cette soirée, laisse-toi aller avec lui et oublie tout le reste. Allez, je dois retourner sur scène. Bisous.

Elle raccrocha avant que je puisse lui répondre, laissant derrière elle un léger réconfort dans mes pensées tourmentées. Lux avait ce don de me redonner le sourire, même dans les moments les plus sombres.

Je jetai mon téléphone sur mon lit, prenant une grande inspiration avant de me diriger vers la porte de ma chambre.

Quand je sortis, les couloirs sombres et silencieux du chalet m'accueillirent, leurs ténèbres semblant absorber le moindre son. Mes pas résonnaient doucement, le bruit de mes talons claquant contre le sol, créant une atmosphère oppressante. Une angoisse sourde m'envahissait alors que je traversais ces couloirs, ayant l'impression d'être constamment observée par des ombres invisibles.

Je descendis les escaliers, le bruit de mes talons résonnant dans l'entrée vide du chalet.

À ma grande surprise, j'aperçus Yuri près de la cheminée, un verre de whisky à la main. Son regard, momentanément fixé sur ma tenue, remonta lentement vers mes yeux après avoir brièvement erré sur ma poitrine.

Un léger froncement de sourcil trahit mon irritation face à son comportement impoli. Cependant, un sourire en coin se dessina sur ses lèvres alors qu'il s'avançait vers moi, accentuant mon malaise croissant.

Il me tendit son verre de whisky, mais ce qui attira mon attention fut sa bague, une chevalière en or ornée d'une gravure représentant une faucheuse. Étrangement, c'était la même bague que j'avais reçue lors de cette soirée à la commission.

Je ne pouvais m'empêcher de remarquer que je n'avais jamais vu Yuri porter cette bague auparavant. Voyant que mon regard s'était fixé sur sa bague, il ramena rapidement son verre vers lui, comme pour dissimuler le symbole qui avait éveillé ma curiosité.

Je sentis une tension palpable s'installer entre nous, comme si un voile de mystère enveloppait soudainement cette rencontre. Yuri esquissa un sourire énigmatique, ses yeux brillant d'une lueur indéchiffrable. Je me demandai ce qu'il cachait derrière cette expression impassible, mais je n'eus pas le temps de poser de questions, car il brisa le silence d'une voix calme mais chargée d'une aura troublante.