Au bord du vide

Chapitre 28

J'ouvris les yeux péniblement, accueilli par un faisceau de lumière solaire qui traversait timidement les rideaux. La luminosité me piquait les yeux, accentuant le mal de tête lancinant qui s'était installé pendant mon sommeil. 

Avec précaution, je me redressai légèrement sur le lit, essayant de m'habituer à la lumière du jour. La gueule de bois était là, bien présente, me rappelant les excès de la veille.

Mes yeux se posèrent instinctivement sur l'espace à côté de moi, où Lux dormait paisiblement. Son visage serein contrastait avec mon état de détresse matinale.

Je tentai de reconstituer les événements de la soirée passée, mais mes souvenirs étaient flous, comme ensevelis dans un brouillard alcoolisé.

La scène dans les toilettes avec Clive résonnait dans ma tête comme un écho désagréable. Son comportement arrogant et humiliant avait laissé des marques profondes, des blessures invisibles mais bien réelles. Je me sentais envahie par un mélange de honte, de colère et de regret.

Ensuite, dans un effort pour échapper à ces pensées troublantes, je m'étais réfugiée au bar, noyant mes tourments dans des verres d'alcool. 

Lux m'avait rejointe, apportant une lueur de distraction dans la nuit sombre de mes émotions tourmentées. Nous avions dansé, riant et oubliant, du moins pour un moment, les tourments qui nous assaillaient.

Mais maintenant, dans la clarté éblouissante du matin, les souvenirs m'assaillaient avec une brutalité déconcertante. 

L'acte impétueux d'avoir embrassé Clive était comme une tache sombre sur ma conscience, un acte que je regrettai profondément. Je m'en voulais d'avoir laissé l'alcool gouverner mes actions, d'avoir permis à mes émotions tumultueuses de me dominer.

Je sortis de mon lit et me dirigeai vers la douche, où je me rinçai rapidement le visage. 

Une sensation de faim tenaillait mon estomac, je me dirigeai doucement vers la table de chevet, évitant de réveiller Lux qui dormait paisiblement à mes côtés.

Mon regard se posa sur mon téléphone, flambant neuf, acquis hier en ville avec Lux et Alexei. Bien sûr, cet achat n'avait pu se faire sans l'aval de Clive. Alexei n'avait pas hésité à l'appeler pour obtenir son approbation. 

C'était déconcertant de constater à quel point cet homme influençait chaque aspect de ma vie.

N'ayant pas encore eu l'occasion de l'utiliser, je comptais bien m'en servir aujourd'hui. Je glissai le téléphone dans la poche de mon jogging, qui me servait de pyjama, avant de quitter la chambre, veillant à ne pas troubler le sommeil de Lux.

Je traversai rapidement les couloirs silencieux, cherchant à éviter tout bruit inutile qui aurait pu réveiller Lux. 

La cuisine m'apparut, baignée de lumière, une invitation à la tranquillité. Les rayons du soleil perçaient à travers les baies vitrées, illuminant l'espace d'une lueur chaleureuse. Je me dirigeai vers la machine à café avec un soupçon de gratitude pour ce moment de calme.

À ma grande surprise, le meuble à vin trônait à nouveau, rempli à ras bord. Un rictus amer déforma mes lèvres. 

Clive se moquait bien de moi, déversant sa générosité hypocrite dans ce maudit meuble. Je secouai la tête, épuisée de cette mascarade incessante.

Le doux murmure de la machine à café me ramena à la réalité. Son signal retentit, m'invitant à savourer le réconfort d'une tasse fumante. Je la saisis entre mes mains, m'installant à la table dans l'espoir fugace d'une tranquillité éphémère.