19. AURORE

1 1 0
                                    

C'était ma soeur ainé. Le sentiment d'être traquée, même dans mon propre espace, s'immisça dans mon esprit. J'avais tant voulu croire que j'avais laissé ces disputes familiales derrière moi, mais elles me rattrapaient sans cesse, telles des ombres inévitables.

Avant même que je puisse composer une réponse, la sonnerie stridente de mon téléphone retentit, faisant sursauter mon cœur. Le nom de ma mère clignotait sur l'écran. J'hésitai un instant, puis répondis en m'efforçant de garder ma voix stable.

- Allo, maman?

- Aurore, ma chérie, sa voix mélodieuse transperça le combiné. Comment tu vas ?

- Je vais bien, maman. Et toi ?

Nous avons échangé des banalités pendant quelques minutes, parlant du temps, de mon travail, et d'autres sujets sans importance. Je sentais toutefois une tension sous-jacente, une pause trop longue, une hésitation dans sa voix. Finalement, elle dit :

- Écoute, Aurore, j'aurais besoin d'un peu d'aide pour payer quelques factures ce mois-ci. Je suis vraiment désolée de te demander ça, mais...

C'était comme si mon monde s'écroulait. Pas ma mère aussi. Je sentais les larmes monter à mes yeux, mais je refusais de les laisser couler. J'avais tant tenté de la joindre mais elle ne me répondait jamais ni me rappelait et quand elle le fait, c'est juste pour de l'argent.

Je suppose que maintenant que j'étais majeure, maman n'était plus en charge de ma fortune, papa ne lui versait peut-être plus rien et elle avait toujours eût un train de vie luxueux parce qu'elle avait ma garde. Je le savais depuis des années, tout le monde le disait, que j'étais sa poule aux oeufs d'or.

- Combien tu as besoin, maman?

Elle m'a donné un chiffre, et j'ai accepté, essayant de cacher le tremblement dans ma voix. Nous avons terminé l'appel sur une note positive, avec des promesses d'appels plus fréquents et des visites prochaines. Mais une fois l'appel terminé, la douleur se fit sentir, aiguë et lancinante.

J'aurais voulu croire que ma famille me soutiendrait toujours, mais en cet instant, j'avais l'impression d'être juste une banque pour eux ou un défouloir pour mes sœurs. Je me laissai tomber sur le canapé, cherchant un réconfort dans les coussins moelleux, essayant de me convaincre que tout irait bien demain.

Le reste de la soirée se déroula dans une brume de tristesse. La musique douce que je mis en fond sonore ne parvint pas à apaiser la morsure de la déception et de la trahison. La pièce semblait plus froide, les murs plus proches.

Mon téléphone, encore une fois, rompit le silence, m'extirpant de ma rêverie. C'était un message d'une amie proche, Myriam, la seule prêtresse du Temple qui ne m'avait pas boycotté. Elle me demandait si je voulais sortir pour prendre un verre. Je fus tentée de refuser, de rester enfermée dans ma coquille de solitude. Mais quelque chose en moi me poussa à accepter, peut-être l'espoir de trouver du réconfort.

Myriam m'attendait déjà lorsque j'arrivai au café en face du palais. Ses yeux se plissèrent de préoccupation quand elle me vit, et je réalisai à quel point je devais avoir l'air épuisée.

- Qu'est-ce qui ne va pas, Aurore ? demanda-t-elle en me serrant dans ses bras.

Avec elle, je ne ressentais pas le besoin de prétendre. Les mots s'échappèrent de mes lèvres, racontant tout ce qui s'était passé, le poids de chaque mot alourdissant l'atmosphère autour de nous. Myriam m'écouta avec attention, sa main chaude sur la mienne en signe de soutien. Lorsque j'eus terminé, elle soupira, secoua la tête et dit :

- Les familles peuvent être si compliquées, Dieu merci, je n'ai que mon frère et il est adorable. Ignore ces pimbêches, elles veulent juste se faire bien voir des matriarches, ils vivent tous en fonction d'elles...

DESPERATE TO LOVE [T1]Where stories live. Discover now