Chapitre 15

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Sven

Nous marchons à vive allure jusqu'au parking dans lequel nous devons récupérer la voiture de location. Sidéré, je jette des coups d'yeux effrénés de tous les côtés, captivé par toutes ces charrettes rangées les unes à côté des autres.

— Tu verras, c'est beaucoup plus confortable que le train. Il te suffit juste de t'asseoir dedans et profiter du paysage, tente de me rassurer Ingrid.

Je lâche un grognement dubitatif en retour. Les poings serrés le long du corps, j'observe Ingrid tendre le bras en avant et appuyer sur un carré noir. Au même moment, quelques mètres plus loin, un bruit retentit, deux lumières vives s'allument puis s'éteignent. Mes muscles se bandent par réflexe.

— Je viens d'ouvrir la voiture, ajoute Ingrid à mon intention. C'est pour ça qu'elle a fait du bruit.

Je me tourne vers la petite suédoise en hochant la tête, d'un air qui je l'espère feint la nonchalance.

Quand nous arrivons devant le véhicule, Ingrid saisit le sac à dos sur mes épaules et le range dans le coffre. J'en profite pour sortir mon épée de la besace.

— Sven, il en est hors de question, me gronde-t-elle.

Médusé, je baisse le menton pour plonger mon regard dans le sien. La petite suédoise ne se laisse pas impressionnée, c'est même tout le contraire. À croire qu'elle prend un malin plaisir à me prouver qu'elle est bien plus qu'un petit oisillon fragile.

— Et pourquoi je ne peux pas la garder avec moi ? je la défie, les bras croisés sur la poitrine.

— Parce qu'elle ne te sera d'aucune utilité, et qui plus est, tu risques de nous mettre en danger, si nous nous faisons arrêter pour un contrôler routier.

— Promis, je la cacherais entre mes jambes.

Ingrid émet un claquement de langue réprobateur avant de contracter la mâchoire, puis contre toute attente, abdique presque immédiatement. Dommage, notre petite joute verbale commençait à m'amuser.

— OK, fais comme tu veux.

Elle ouvre ma portière, m'invite à m'asseoir sur le siège, contourne la voiture et s'installe de son côté. Puis sans crier gare, Ingrid introduit la clé dans le trou qui permet d'allumer le véhicule.

— Par tous les Dieux ! je hurle effrayé, en dégainant mon épée pour faire taire la voix.

— Sven, arrête ! me conjure Ingrid en faisant disparaitre l'origine de cet affreux boucan.

— Bordel, c n'est que la radio ! Elle s'est automatiquement allumée lorsque j'ai mis le contact ! Sven, si tu détruis le tableau de bord, je devrais payer les dégâts à notre arrivée ! Et j'ai déjà bien puisé bien plus que prévu dans mes économies, tu comprends ce que je veux dire ?

Le souffle court, je peine à reprendre le contrôle de ma respiration. Je pose mon arme sur le sol en tissu, avec honte. Quelques instants de plus, et nous aurions dû trouver une troisième charrette pour nous rendre en Suède... Ingrid ferme les paupières en inspirant bruyamment.

— Mais par tous les dieux, où est enfermé l'homme qui parle ! D'abord une femme dans le toit de la gare, et maintenant un inconnu dans la voiture !

Le cœur battant, j'observe Ingrid dont la lèvre inférieure tremblote. Perplexe, je l'observe, m'attendant à ce qu'elle dise quelque chose, avant qu'elle finisse tout simplement par éclater de rire. La petite suédoise rit si fort qu'elle en pleure en se tenant les côtes. Contrarié par sa manie de se moquer de moi, je tourne la tête vers la fenêtre, les bras croisés et les narines dilatées.

De feu et de glaceDonde viven las historias. Descúbrelo ahora