Chapitre 4

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Sven

Je me réveille en sursaut au petit matin, attaqué par les chatouilles de mon neveu de dix ans.

— Erik, par tous les Dieux, es-tu fou ou quoi de me faire peur comme ça ! je le réprimande la main sur mon épée rangée sous l'oreiller.

Ça m'apprendra à lui enseigner comment marcher sans être entendu de ses ennemis.

— Ahah, je t'ai eu oncle Sven ! Tu ne m'as pas entendu arriver, hein ? Dis-moi que j'ai réussi ! Dis-moi !

Je pose une main sur mon cœur pour calmer ses battements frénétiques. Un sourire aux lèvres, je contemple Erik, le fils de ma sœur, sauter sur mon lit. Il rit aux éclats, fier de lui.

— Oui, tu as réussi à me surprendre, je lui concède en l'attrapant pour le décoiffer. Petit garnement, va ! Je t'ai déjà expliqué que tu ne dois pas pénétrer comme ça dans ma chambre. Tu sais très bien que je garde mes armes avec moi.

Son rire cristallin rebondit sur les murs. Sa joie me contamine, et gonfle ma poitrine de joie. Sa présence suffit à illuminer le skalar tout entier.

— Grand-mère refuse que je dorme avec mon couteau, rapporte Erik en retroussant ses lèvres pour afficher une moue boudeuse. Mais moi, je veux faire comme toi ! Toujours être prêt en cas d'attaque !

— Elle sait que tu te trouves là, n'est-ce pas ? je lui demande, un sourcil arqué.

— Oh je pense que oui.

Erik saute sur le plancher en bois et imite des mouvements de combats appris quelques jours plus tôt. Je m'esclaffe en le regardant lutter contre des ennemis invisibles. Son père aurait ri avec moi en le voyant réaliser des feintes du haut de ses petites jambes maigrelettes.

J'émets un claquement de langue réprobateur. Nous devons toujours savoir où il est. Et il le sait. Erik est la prunelle de nos yeux. Ma sœur, Olga est morte en le mettant au monde. Son mari, soldat à mes côtés dans la garde royale, avait déjà rejoint les dieux lors d'un combat en Norvège pendant sa grossesse. Depuis ce funeste jour où il est devenu orphelin, nous veillons sur lui comme sur une pierre précieuse. Son rang et son statut nous demandent une constante vigilance quant à ses faits et gestes. S'il m'arrivait malheur, c'est à ce petit d'homme qu'on demanderait de monter sur le trône.

Je m'assois au bord du lit et me frotte les paupières, à moitié endormi. Encore torse nu, je m'étire en grognant comme un ours. Erik rit aux éclats en me voyant imiter l'animal.

— Oncle Sven, quand-est ce que j'aurais des cousins avec qui jouer ?

Mes yeux s'écarquillent de surprise. Je m'étouffe sans le vouloir avec ma propre salive et doit tousser à plusieurs reprises pour respirer à nouveau correctement.

— Tu sais que pour te donner des cousins, je dois me marier Erik, je lui explique, amusé.

Mon neveu se gratte la tête en fronçant les sourcils.

— Alors c'est facile, il y a plein de filles à Jelling ! Tu n'as qu'à en choisir une !

J'esquisse un sourire en secouant la tête. Il est trop jeune pour comprendre que je ne suis pas comme les autres jarls. J'ai envie de m'unir avec une femme que j'aime et non par convenance ou pour agrandir mon domaine.

Sans prévenir, je soulève Erik pour le porter sur mon dos tel un sac de farine. Nous nous dirigeons ensemble vers la salle commune où Astrid est en train de poser le petit déjeuner sur la table composé de fruits, de pain et de porridge.

— Je meurs de faim ! s'extasie mon neveu.

— Moi aussi ! Dormir, ça ouvre l'appétit.

Alors que je suis sur le point de porter ma cuillère en bouche, j'entends les cornes de brume retentirent. Mon sang ne fait qu'un tour. La ville est attaquée. Je lâche mes couverts et me lève d'un bond, prêt à me jeter dans la bataille. L'adrénaline circule dans mes veines à une vitesse effrénée. Je dois réagir rapidement. Erik se tourne vers moi, terrorisé. Peut-être que l'heure est grave, je ne peux pas le rassurer, ce serait lui mentir.

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