Chapitre 9 - Partie 4/4

10 2 2
                                    

Lorsqu'Axel s'arrête dans le garage, Justine s'est endormie. Cela lui simplifiera la tâche. Il descend de voiture et ouvre l'un des tiroirs de son établi, en soulève le faux fond pour accéder au clavier qui y est dissimulé, et tape un code qui débloque le tiroir. Une fois celui-ci retiré, il peut récupérer la mallette dans laquelle sont rangés son Glock et ses munitions. L'arme dans une main et un chargeur vide dans l'autre, il se tourne vers Vincent, qui est sorti de la voiture avec hésitation. Il enfonce le chargeur dans le magasin, racke pour mettre la culasse en place et pointe le pistolet vers la tête de l'adolescent.

« Me tuez pas, murmure le garçon en perdant le peu de couleurs qu'il avait repris.

– C'est un aperçu de ce qui t'arrivera si tu révèles quoi que ce soit de ce que tu as vu ce soir. Si c'est moi qui tire, ce sera rapide. Mais d'autres pourraient prendre du plaisir à te faire souffrir un peu avant.

– J'ai rien vu.

– Bien sûr que si.

– Je dirai rien.

– Tu vas rejoindre le salon et m'y attendre. Tu as des questions, je te donnerai des... »

Axel s'interrompt alors que la portière de Justine s'ouvre. Bon sang, il ne pensait pas qu'elle se réveillerait... Il baisse son arme, mais c'est trop tard, sa protégée a tout vu.

« Axel ? À quoi tu joues ? T'es dingue !

– C'était un simple avertissement, dit-il en retirant le chargeur.

– Mais tu as pointé ton flingue sur lui ! s'offusque-t-elle.

– Et je lui ai demandé de rejoindre le salon. Tout de suite. »

Vincent hoche la tête avant de détaler vers la porte qui mène à la maison. Aussi peu sûr de lui qu'il soit, Axel ne doit pas montrer ses failles.

« Mon chargeur était vide, explique-t-il en rangeant l'arme et sa mallette. Ça ne m'amuse pas de lui faire peur, mais ta sécurité est en jeu. Il fallait que je lui fasse comprendre clairement qu'aller raconter ce qu'il a vu n'est pas une option.

– Et le dialogue, tu y as pensé ? »

Il se tourne vers l'adolescente, qui s'appuie contre la voiture, bras croisés. Malgré son visage pâle, épuisé, sa colère est impossible à ignorer.

« Dans une situation pareille, je ne peux pas faire les choses qu'à moitié, se justifie-t-il.

– Tu pourrais vraiment tirer ?

– Pardon ?

– S'il en parlait à quelqu'un, tu le tuerais vraiment ? »

Axel cligne des yeux pour chasser l'image et les sensations qui s'imposent à lui. Son doigt crispé sur la queue de détente. L'homme qui s'écroule, une balle logée dans le crâne.

« La SPC le ferait disparaître sans états d'âme, élude-t-il. Allez, je vais te porter à ta chambre.

– Laisse-moi ! s'énerve-t-elle alors qu'il s'approche. Je peux très bien marcher. Et tant que Vincent est là, je reste. »

Incrédule, Axel la regarde traverser le garage en titubant, et il s'empresse de se placer derrière elle au cas où elle perdrait l'équilibre.

« Tu n'es pas en position de négocier, lui dit-il. Pas après cette soirée. »

Elle se retourne vivement, fait un pas en arrière pour réussir à rester droite. Ses sourcils froncés durcissent son visage comme jamais Axel n'en a été témoin. Si elle avait encore assez d'énergie pour alimenter accidentellement ses pouvoirs, nul doute que sa colère ferait des dégâts.

JustineWhere stories live. Discover now