•| 24|| Ailleurs ♪

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Pensez à voter, mes Lunes !
Bonne lecture 🌒 💦💛
*

Luna

Il n'y a personne chez moi, à cette heure de la journée. Je prends le contenu entier de la trousse de toilettes, laisse un mot évasif sur une feuille de papier qui attendra mes parents sur la table de la cuisine — comme quoi je dors chez une amie —, deux grandes couvertures qui rentrent facilement dans un sac, deux batteries externes, mon casque parce que je ne peux pas passer une journée sans musique, la plupart de ma réserve de bouffe personnelle et des habits de rechange, on ne sait jamais.

Paul me suit dans la salle de bains, sa main toujours nouée avec la mienne. Son regard gris perçant posé sur moi pendant que je recolle sa plaie me fait frissonner, mais je me rends compte que c'est plutôt agréable.

— Voi...lààà ! je m'exclame, fière de mon travail. Est-ce-que ça va ?

Il ferme les yeux, respire fort, les rouvre, me contemple, et demande lentement d'une voix grave :

— Et toi ?

— Moi ça va, je murmure tout bas, les joues pivoine.

Le silence, qui d'habitude est agréable, devient gênant.

— Viens là, souffle-t-il à mon oreille en m'attirant contre lui.

Je sursaute, surprise, mais passe mes bras autour de son torse et le serre de toutes mes forces, mouillant une nouvelle fois son polo de larmes.

— Merci, merci, merci, merci. Mais pourquoi... pourquoi est-ce-que tu t'en es pris à Baptiste ?

Il déglutit, encre ses yeux dans les miens, sa pomme d'Adam tressaute, dans ma poitrine, mon cœur loupe un battement, et j'ai l'impression qu'il bat dans mon bas-ventre. Chut, je pense tout bas. Ce n'est pas le moment. Pas Paul.

— Il te regardait comme si tu étais à lui.

Je n'arrive pas à arrêter de me plonger dans ses yeux qui m'hypnotisent. Il est partout. J'ai chaud, d'un coup, très chaud. C'est quoi ce bordel, qui a touché aux radiateurs ?

— Luna ?

Le mouvement que font ses lèvres quand il prononce mon nom me rend folle, je veux me rapprocher... Pourquoi il fait chaud ? Ses iris lâchent mes yeux, pour regarder la partie inférieure de mon visage.

Ma bouche.

Je sursaute, reprenant conscience, et pose ma tête sur son torse, rompant le contact. Pas Paul.

— Je... je vais aller voir ce que fait Nolan, je bafouille.

Je pose une main sur mon front. C'était quoi, ça ? J'ai beau m'éventer le visage de la main, la chaleur reste. Oulala...

— Ça ne va pas Luna ?

Nolan me regarde, la tête penchée sur le côté.

— Si, si.

Je lui souris.

— On y va ?

Il acquiesce et m'aide à ramasser les sacs étalés un peu partout sur le sol. Paul descend les escaliers quatre à quatre sans me jeter un regard, je crains qu'il soit vexé.

Le trajet est long, personne ne parle. Une bonne demi-heure plus tard, la voiture débarque sur la place de parking d'une maisonnette qui a jadis dû être élégante. Elle est délabrée, un pan de mur sous la porte d'entrée entrebâillée est arraché et en plus de ça, elle est située en plein milieu d'un champ perdu. On porte les sacs à l'intérieur et je m'installe dans un coin, silencieuse, bien décidée à avoir une discussion avec Apollon. Paul monte les escaliers et je ne l'entends plus une fois arrivé en haut.

Lunie : Tu n'es pas venu...

Apollon : Si...

Lunie : Je ne t'ai pas vu.

Apollon : Si tu savais qui je suis, tu saurais que tu m'as croisé un millier de fois aujourd'hui...

Lunie : Je suis enfermée dans une maison abandonnée loin de chez moi avec Paul Da Costas et son frère Nolan et je viens de me rendre compte qu'il a sûrement été adopté et je me demande si ce n'est pas toi.

Apollon : Tu penses ?

Lunie : J'aimerais bien que tu me contredises.

Apollon : Pourquoi ? Tu ne l'aimes pas ?

Lunie : Je ne sais pas si j'arriverais un jour à le regarder une journée entière sans repenser à ce qu'il m'a fait subir.

Apollon : Je pense qu'il doit comprendre ça, Lù.

Lunie : Bonne nuit, Apollon.

Apollon : Bonne nuit Lunie. Fais de beaux rêves.

Je m'enroule dans une des couettes que j'ai ramenées et arrange ma pile d'habits sous ma tête pour que ça soit moins dur. Le sommeil vient rapidement, même si le confort est au niveau minimal. Et quand je pense que là-haut, ils ont volé les seuls matelas... Personnellement je préfère quand même éviter les mites.

Émilie décide de me rendre visite, cette nuit.

— Luna Charleston ! tonne sa voix partout autour de moi. C'est quoi ce bordel ? Tu fais quoi ici ? Disparais de ce lieu !

Elle m'attrape dans ses bras, s'envole, et me lâche dans le vide.

— Aaaaaahhhhhh ! Non !!

Je me rends compte en arrêtant de me débattre que quelqu'un me secoue. La pénombre m'entoure et seul le parfum masculin corsé me permet de déterminer que c'est Paul qui me serre contre lui en me chuchotant à l'oreille de me calmer.

— Il se passe quoi, Lunie ? murmure-t-il.

— J'ai... je... Pardon, je m'excuse en frottant mes yeux.

Je distingue à peine la couleur perçante de ses yeux dans le noir, mais ses mèches blondes brillent au clair de Lune. Il me prend dans ses bras et me porte sur le canapé. Je me relève et attrape une gourde posée sur une étagère pleine de poussière.

— C'est... ma sœur, elle était là... je suis désolée de t'avoir réveillé.

— T'inquiète, dit-il de la même voix grave et tellement sexy que tout à l'heure.

Il tire la couverture sur ma tête et je ris tout bas.

— Regarde, murmure-t-il soudainement, s'arrêtant de me taquiner.

Il désigne le ciel d'encre visible par la fenêtre. Les étoiles sont aveuglées par la pleine Lune qui scintille au milieu de tout. Sa surface blanche illumine tout. C'est vraiment beau. J'inspire doucement pour humer son odeur caractéristique que je commence à apprécier. Ça me rappelle la nuit où j'ai regardé la Lune en même temps qu'Apollon, et je me rends compte que je me sens aussi bien que cette fois.

— Elle est belle, ajoute-t-il, mais cette fois, il ne regarde plus dehors, il fixe mon visage.

Je recommence à respirer avec difficultés. C'est sa faute, aussi, il n'a qu'à pas dire des trucs pareils ! Ça me gêne ! Mes pommettes en témoignent par leur couleur.

— Tu veux aller faire un tour ? il demande, et j'acquiesce.

Il glisse sa veste sur mes épaules et met ses chaussures et on sort dans le froid, par la porte fenêtre menant dans le jardin sans fin.

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L'Enfer c'est nousWhere stories live. Discover now