L'Enfer c'est nous

•| 3|| Cauchemort ♪

Pensez à voter, mes Lunes !
Bonne lecture 🌒 💦💛
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→ Luna ♪

J'ouvre les yeux et constate que je suis en larmes. J'ai rêvé d'Émilie. Encore. Mon téléphone ne cesse de s'allumer et de vibrer sur ma table de nuit. C'est Baptiste, mon meilleur ami — et plus si affinités. Notre relation est très ambiguë et n'arrête pas de se concrétiser au fil du temps qui passe. D'étrangers, nous étions passés au statut de simples amis, puis de Best Friends et à présent... nous étions bien plus.

Baptiste : Lù, je m'inquiète beaucoup...

Baptiste : Appelle-moi.

Baptiste : S'il-te-plaîttt...

Baptiste : Est-ce-que tu vas bien ?

Baptiste : Luna ?

J'éteins mon portable et le laisse tomber sur mon tapis dans un bruit sourd. Je n'ai pas envie d'en parler. En tout cas, pas encore. Je veux le silence absolu. Je ferme les paupières, allongée sur le dos.

— Lunie ! Viens voir ! m'appelle Em'.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Je cours à sa suite dans le couloir de l'hôtel et le gouffre derrière elle dans la chambre qu'elle a louée : en désordre, bien sûr. Contrairement à moi, ma soeur était très bordélique... Elle plisse du front en me faisant signe de faire le silence.

— Je voulais te montrer ça...

Le décor change subitement. Nous sommes dans la pénombre de sa chambre, près du lit. À la maison.

Émilie repousse ses cheveux bruns en arrière et décalé son tapis, identique au mien, de quelques centimètres.

— C'est quoi ? je murmure.

Elle ne me répond pas, regarde derrière son épaule d'un air inquiet, puis reconcentre son attention sur le parquet sous le tapis qui est clairsemé par l'absence de passage. Glissant ses ongles dans une fente mal soudée, elle fait office de levier avec ses doigts pour soulever un bout, dévoilant une cachette de 15 centimètres sur 30. Vide.

Émilie sursaute alors sans raison, replace le parquet et disparaît sous mes yeux ébahis. Comme ça. Elle s'est envolée, et mon cœur s'emballe, brisé de la voir disparaître une nouvelle fois.

— Em ?

Je hurle de tous mes poumons, sursaute et me réveille brusquement de ce cauchemar angoissant. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Puis je me rends compte que je suis avachie sur le sol de la chambre de ma sœur aînée. J'ai toujours été somnambule mais mes pulsions m'avaient quitté depuis quelques mois... autant dire que je suis repartie pour une nouvelle salve de réveils en pleine nuit, le traumatisme récent du décès de mon aînée ayant ravivé des souvenirs douloureux en moi.

J'enfonce mon poing dans la bouche pour étouffer avec peine mes hurlements. Je dois laisser mes parents se reposer, c'est le moment de se taire. Les larmes dévalent mes joues sans interruption, je m'affale sur le matelas en plongeant mon nez dans son odeur. C'est agréable. Elle me manque. Je fonds en sanglots, les souvenirs affluant par vagues renversantes.

Je reprends peu à peu mes esprits, enroulée dans sa couette, et me remémore le rêve étrange qui s'est imposé à moi. Je n'ai jamais vécu cette scène qui a dû être inventée par mon subconscient. Malgré tout, rien ne peut empêcher le doute de se créer une place dans un coin de ma tête.

Et si... ?

Je me glisse au sol, écarte le tapis, teste toutes les failles du parquet... rien à faire. En fermant les yeux, je tente de rejouer la scène ayant eu lieu dans mon rêve. J'étais un petit peu plus en arrière, Émilie vers la gauche... Je tâtonne à l'aveugle, mes gestes éclairés par le croissant de lune fébrile se dessinant par la fenêtre aux volets entrouverts. Alors, lorsque mes ongles tapent le bois, il résonne un étrange son creux, différent des autres. Et si...

Mes ongles trouvent appui dans la fente, s'y glissent, et soulèvent la lame de parquet pile aussi grande que ce que j'avais imaginé.

Mais cette fois, la cachette n'est pas vide.

Il y a un téléphone à la coque bleue à l'intérieur.