•| 15|| Un talent caché ∞

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Pensez à voter, mes Lunes !
Bonne lecture 🌒 💦💛
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Apollon

Sécher est une habitude chez moi. Mon haut potentiel intellectuel me fait m'ennuyer dans tous les cours qui ne m'apprennent rien, alors je préfère partir faire autre chose.

En roulant vers le café j'aperçois Luna Charleston, encore une fois. Elle est partout depuis qu'on se parle... Elle vacille encore, toute fragile, et je vois là un bon moment pour tenter de m'excuser, je gare donc ma caisse devant elle.

Son regard croise le mien, je hausse un sourcil, puis le baisse car je me rappelle m'être fait promis d'arrêter de lui faire du mal après tout ce qu'elle m'avait dit hier soir — cette nuit. Je claque la porte, elle perd le contrôle de son corps, tombe, je cours, me jette sur elle, la serre dans mes bras et grâce à moi, sa tête ne s'écrase pas contre le bitume. Je la porte sur mon épaule et la mets dans la voiture, attendant son réveil.

Je ne me reconnais plus. Peut-être que c'est bien. « Tu as le droit d'être qui tu veux être au fond de toi », avait-elle écrit à "Apollon". Je vais essayer. D'être qui je voudrais être. En commençant par arrêter de lui faire du mal car elle n'est pas sa sœur et que je n'ai pas à me venger de ce que m'a fait son aînée.

— Apollon ? murmure-t-elle dans son sommeil.

Ses cheveux noirs tirés en un chignon sont décoiffés, je tire sur les baguettes ornant sa coiffure et ses mèches lisses dégringolent le long de ses épaules frêles.

— Luna ? je la secoue par l'épaule.

Sa tête dodeline et elle papillonne des paupières, les yeux dans le vague. Je peux totalement imaginer la fatigue quelle doit ressentir, et je m'en veux soudain de la maintenir éveillée la nuit, alors qu'elle a tant de problèmes et que son sommeil doit déjà être beaucoup trop agité.

— Moui ?

Je ne sais pas à quel moment quelque chose a changé en elle, mais c'est récent. Elle a un truc de nouveau qui est... Mais qu'est-ce-que je raconte, bordel ?!

— Luna !

Son visage épuisé se tourne vers moi, ses yeux aussi profonds que la nuit m'inspirent de la peur, pour une fois. Mais malgré tout, je me lance.

— Écoute, je suis désolé. Je n'aurais jamais dû te faire autant de mal.

Elle hoche le menton de bas en haut avant de replonger dans le sommeil. Je teste sa capacité de réaction en claquant des doigts devant ses yeux : aucun geste, je suis foutu, je parie qu'elle n'a rien entendu.

Émilie m'avait donné son adresse il y a longtemps, au cas où, elle avait dit. Heureusement que je la connais aujourd'hui car je ne sais pas comment j'aurais fait avec une Luna dormant sur le siège passager.

Arrivé à destination, je la hisse sur mon épaule, fouille dans son sac et trouve ses clés. Je ne sais pas comment elle fait pour rester aussi endormie alors que je monte les escaliers pour la déposer sur son lit.

Je pense qu'elle n'était pas assez consciente pour entendre les excuses, d'ailleurs. Je retournerai la voir demain. Et ceci n'est pas un prétexte.

*

★ 05/06/2015 ★

J'ai retrouvé ma mère une corde autour du cou, assise la tête dans les genoux au milieu de la salle de bains. J'ai compris que quelques mois après, quand elle est morte, que la trace rouge autour de son cou était dû à la corde, et qu'elle avait essayé de mourir. Je lui en ai beaucoup voulu, je lui en veux toujours autant de m'avoir abandonné aux mains de mon père.
« Parfois, Apollon, le ciel est bleu au-dessus des nuages », elle m'avait dit ce jour-là.

C'était vrai, en soi. C'est pour cela que j'ai essayé de la rejoindre. Mais j'ai échoué. Au moins, grâce à cette tentative, j'ai trouvé une nouvelle famille et mon père a été jugé puis emprisonné.

*

Lunie : Il m'est arrivé des choses incroyables aujourd'hui.

Paul : Ah bon ? Quoi par exemple ?

Lunie : Paul Da Costas a débarqué alors que j'allais manger, en me disant qu'il voulait me parler, puis je suis tombée, il m'a fait me relever mais je me suis évanouie de fatigue. Et en rentrant il m'a récupérée sur la route parce que j'ai fait un autre malaise et m'a ramenée chez moi.

Heureusement que je sais déjà ce qu'il s'est passé, parce que sinon, je n'aurais rien compris.

Paul : Attends... on parle bien de ton harceleur là, non ? Il voulait quoi ?

Lunie : Oui. Il s'est excusé, je crois. Je sais plus. J'étais un peu dans les vapes, j'ai plus trop conscience de la scène.

Alors elle s'en rappelle vaguement. Je retournerai la voir demain, s'il le faut.

Lunie : Apollon ?

Paul : Oui ?

Lunie : Tu as serré les poings ? Ou les dents ?

Elle commence à bien me connaître, je l'admets. Entendre mon prénom est toujours aussi frustrant.

Paul : Les dents. Trop forte.

Lunie : Je sais, je sais.

Paul : J'avoue qu'écrire mes souvenirs chasse les mauvais esprits de ma tête. Ils se couchent sur le papier et sortent de ma mémoire.

Lunie : J'ai un poète devant moi. C'est beau ce que tu dis, tu te rends compte ?

Paul : Merci ! Tu vas mieux à part ça ?

Lunie : J'ai de la compote à la place de la matière grise et je crois qu'un éléphant a élu domicile sur mon cerveau.

Paul : Je te laisse dormir, tu dois te reposer.

Lunie : Bonne nuit !

Lunie : Bonne nuit !

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L'Enfer c'est nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant