L'Enfer c'est nous

•| 18|| Rêves(élations) ♪

Pensez à voter, mes Lunes !

Bonne lecture 🌒 💦💛
*

→ Luna ♪

Je crois que j'ai compris pourquoi tu es partie, mais je ne peux être sûre de rien. Ce Regrets, dans tes contacts, je sais que tu l'aimais beaucoup et qu'il t'a fait peur en tentant de s'ôter la vie. Te connaissant, tu as dû regretter énormément mais te forcer à garder tes distances avec lui. En voyant qu'il sombrait dans l'alcool, tu t'es mise à culpabiliser tellement que c'en a été trop. Je me trompe ?

J'aimerais tellement que tu sois là. Tu as toujours été de bon conseil avec moi, que ce soit pour améliorer mes tenues, mon caractère ou pour me parler de ce que les garçons aiment. Tu me manques, Em'. J'ai besoin de toi, il y a tellement de choses que j'aimerais te dire !

Pour me soulager, je vais te raconter ce qui m'arrive ici, peut-être que ça me soulagera comme ça soulage Apollon quand il relate ses souvenirs pour leur donner un aspect moins terrifiant.

Parlons-en, d'Apollon. C'est un garçon fantastique, vraiment. Il est extrêmement gentil et tu le connaissais très bien. Je sais presque tout de lui et il me connaît pratiquement en entier. Je peux lui parler de tout, lui aussi. Je me sens super bien quand je lui parle, tout semble clair dans ma tête, je ne me pose pas de questions sur moi, je ne pense pas à Baptiste, qui m'a complètement oubliée... Ça va mieux, grâce à lui. Il arrive même à ne pas me faire songer à toi. Je te remercie d'avoir caché ce portable, car, sans lui, je n'aurais jamais rencontré cette personne. Merci, Emy.

Ensuite, il y a Paul. Paul Da Costas. Bad boy. Il m'a harcelée, tu te rappelles ? Je te l'avais dit, même que tu t'étais énormément inquiétée à ce sujet, tu me disais qu'il fallait que je prenne garde avec ce gars. Bref. Il s'est excusé, aussi étrange que cela puisse paraître, et en sorte de dédommagement, il m'aide pour mes cours, ce qui est génial, car grâce à lui, les nombres commencent à dire quelque chose à mes yeux. On se retrouve souvent au café pour travailler mais puisque c'est les vacances, je suis allée toquer chez lui et son frère, Nolan, m'a ouvert... C'était super bizarre, quand il est descendu. Je sais pas... il n'arrivait pas à parler devant lui, il est devenu tout bizarre, et s'est mis à bafouiller. Je n'avais jamais vu cet aspect de sa personnalité. On est allés marcher mais il s'est mis à s'excuser en plein milieu du chemin, me disant qu'il regrettait et tout... ça m'a fait peur. Je suis partie en courant.

Je ne sais pas ce que je ressens à l'égard de ces deux garçons. J'aurais besoin de ton aide pour comprendre ce qu'il se passe dans mon cœur. Tu me manques.

Je t'aime,

Luna.

*

Je m'enroule dans ma couette en posant mon portable sur ma table de chevet, le sourire gravé sur les lèvres. Il vibre une dernière fois, je regarde l'écran, consultant les derniers messages :

Apollon : Bonne nuit, Lù.

Lunie : Fais de beaux rêves.

Mon ami tape un message, s'arrête, recommence, s'arrête à nouveau. Je reçois finalement un simple smiley qui a le don d'exciter mon palpitant. Un grand cœur. Rouge, rouge écarlate. Comme la teinte que prennent mes jours à l'heure actuelle, alors que je cache mon nez sous la couette en palpant le rythme de l'organe dans ma poitrine. Il s'affole. Je souris. Les bras de Morphée m'accueillent avec plaisir.

Des yeux bruns papillonnent à côté de moi alors que j'ouvre les paupières, allongée dans un champ de coquelicots. Je ne reconnais absolument pas l'endroit où je suis et n'arrive pas à déterminer quand est-ce que j'y suis arrivée. La silhouette près de mon corps éclate de rire et balance ses cheveux noirs en arrière, puis cueille une fleur et me la glisse derrière l'oreille. En me frottant les yeux, le flou autour d'elle s'estompe et je la reconnais : c'est ma grande sœur.

— Salut ! me souffle-t-elle, faisant voleter sa frange rideau.

Elle tourne autour de moi, arrache l'élastique qui attache mes cheveux en chignon et l'envoie au loin avec le pouce et l'index.

— Tu as toujours été plus jolie en les détachant, s'explique-t-elle. Alors, il se passe quoi, entre ces garçons et toi ?

Une larme de soulagement m'échappe : elle est là pour parler de mon message. Je décide de tout lui révéler au plus vite, au cas où elle disparaitrait comme la dernière fois.

— Je crois que j'aime Apollon. Je ne sais pas comment c'est possible, car je ne l'ai jamais rencontré dans la vraie vie, mais je suis tombée amoureuse de la personne à qui je parle par message. J'ai peur de me tromper. Mais je ne peux pas retenir mes sentiments. Avec Paul, c'est plus compliqué. Son côté inaccessible m'attire, et il est terriblement beau ! Mais je ne le connais pas, et j'ai peur de lui depuis ce qu'il m'a fait. Je ne sais plus quoi penser, Emy...

— Les apparences sont parfois trompeuses, Lunie. Ne caractérise pas quelqu'un par ce que tu crois savoir de lui. Tu comprendras le moment venu. Je suis là pour te donner quelque chose.

Elle claque des doigts et le champ de coquelicots disparaît, on est dans sa chambre telle qu'elle est de nos jours. Elle me fait un signe de la main pour l'inciter à m'asseoir près d'elle, je m'exécute. Crainte. Incompréhension. Tristesse.

— Attends, Em'. Dis-moi... Dis-moi pourquoi tu es partie... Ai-je raison ?

Ma sœur baisse la tête sur ses ongles manucurés de rouge pourpre, gardant le silence quelques instants.

— Les regrets détruisent l'âme, Lunie. Une fois que tu en as trop, ils grignotent ton esprit jusqu'à te submerger. J'avais trop de regrets par rapport à quelqu'un... J'ai préféré ne plus avoir à y penser...

— J'avais vu vrai, alors..., murmuré-je, les yeux larmoyants, et elle balaie l'air devant elle de la main pour montrer que la discussion est close.

— Tu as toujours vécu dans mon ombre, tu le sais, bien sûr ?

J'hoche imperceptiblement la tête, soulagée qu'elle s'en rende enfin compte et décidant de penser à autre chose. Elle me sourit en posant une main sur ma tête, puis se lève en direction de son armoire, ouvrant la porte coulissante en grand.

— Maintenant que je ne suis plus là, tu te dois de briller à ma place. Je ne suis pas partie dans de bons thermes, alors on m'a autorisée à revenir en tant que fantôme sur cette terre. Tant que je n'aurai pas accompli ma mission, je continuerai d'apparaître dans tes rêves. Première étape : mets ça !

Elle me lance une robe superbe que je n'avais jamais trouvé dans ses placards en allant secrètement fouiller. Tout en tulle, elle est légère et s'arrête à mi-cuisse, d'une couleur bleu canard. Elle possède des bretelles fines mais les épaules sont recouvertes de tissu aérien. Une fausse ceinture de la même couleur cintre la tenue à la taille.

— C'est Apollon qui me l'a offerte, porte-la à ton premier rendez-vous. Je ne l'avais jamais mise, elle t'ira mieux qu'à moi, je t'assure.

Émilie me serre contre elle, caressant mes cheveux, et me souffle quelques mots indiscernables l'oreille. Avant de m'allonger sur son lit, elle m'assure :

— La beauté vient toujours à ceux qui la souhaitent de tout cœur. Tu es belle, Luna Charleston. Je vais t'aider à faire ressortir cette beauté pour qu'elle soit visible aux yeux de tous.