⇝ Chapitre 57

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Je ne sais pas comment je me retrouve dans le salon de la maison de Freddie, avachie sur le canapé. (Il me dira plus tard m'avoir ramenée ici en voiture.) Un instant le brouillard autour de mon esprit recule.

— Je ne me sens pas bien, dis-je en me levant.

Je titube et manque de peu de tomber sur la table, ce qui serait arrivé si Freddie ne m'avait pas rattrapée.

— Tu m'étonnes.

Un pic de douleur transperce mon estomac. Étrange, cette sensation.

— Je crois que je vais vomir, annoncé-je, dans un éclair de lucidité, alors que j'entreprends de m'avancer dans la salle de bain la plus proche.

Ni une ni deux, Freddie m'emmène devant la porte qu'il ouvre d'un coup sec avant de me tirer à l'intérieur. Je m'affaisse quatre pattes devant les toilettes.

— Laisse-moi seule, supplié-je, dans un autre élan de lucidité.

— Mais-..., commence le jeune homme, dont la main rassurante est toujours sur mon épaule.

— S'il te plaît, articulé-je en retenant difficilement un haut le cœur.

— Je t'attendrai derrière la porte, dans ce cas.

Le poids de sa présence s'estompe et la peur ceint à nouveau mes entrailles. Sa compagnie me rassure, m'apaise, mais je suis trop fière pour qu'il me voit ainsi. Et surtout, je n'ai aucun souvenir des dernières heures : je me souviens seulement avoir bu quelques verres avec... Mince, comment s'appelle-t-il, déjà ? Et ensuite, je me souviens avoir vu Freddie s'avancer vers moi. Le reste me semble être dans les limbes brumeuses d'un souvenir inaccessible.

A peine a-t-il fermé la porte de la pièce que je vomis une quantité effroyable d'alcool. Cela dure de longues minutes et le brouillard épais enveloppe toujours mon esprit. Un sanglot franchit mes lèvres. Quand cela s'arrêtera-t-il ? J'ai chaud et froid en même temps.

— Emmy ? questionne la voix inquiète de Freddie.

Je me mords la lèvre, sentant mes réticences fondre face à la crainte qui transperce la voix du chanteur. Un sanglot lui répond et avant même que je ne puisse articuler une réponse, les vomissements reprennent.

La porte s'ouvre en trombe et alors que je tente sans succès d'éloigner mes cheveux de mon visage, une main les rassemble dans ma nuque.

— Ça ira mieux après, dit Freddie d'une voix empreinte de douceur.

— Ne... me... juge... pas, articulé-je entre deux vomissements.

— Pourquoi le ferais-je ? demande le chanteur, avec encore plus de délicatesse. Ce n'est pas de ta faute.

Lorsque j'ai fini, au bout de quelques longues minutes humiliantes, je ne me sens même pas mieux. Les doigts de Freddie s'attardent une seconde de plus dans mes cheveux, à moins que je ne l'ai rêvé ? Je frissonne.

— Tu as froid ? questionne-t-il, soucieux, alors que je viens de tirer la chasse et me demande sérieusement comment je vais pouvoir le regarder en face maintenant qu'il m'a vue vomir mes tripes dans ses toilettes.

Le temps d'une chanson (3)Where stories live. Discover now