Chapitre 29

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Aline

Je n'ai jamais rien fait de bien dans ma vie. Toujours tout raté. Ma vie amoureuse, ma vie de famille, ma vie sociale. Il n'y a qu'à l'école où je me suis toujours débrouillé. Alors je me plonge dans le travail comme je l'ai toujours fait lorsque ça ne va pas, c'est-à-dire souvent. Si j'étais en retard il y a quelque temps car je préferais voir le beau brun, ce n'est plus le cas, je suis désormais plus en avance que jamais. Amy est ravie bien que surprise de ce revirement de situation. Moi qui passait pour une fille procastineuse au possible depuis quelques semaines, avoir tout bouclé en un temps record lui en bouche un coin.

Même durant le midi je me dépêche de manger pour aller me terrer à la BU, au moins je suis sûr de ne pas le croiser dans les couloirs puisque lorsque je quitte le RU il y entre. Je le sais parce dès son apparition dans une pièce ou lieu très fréquenté je ne peux m'empêcher de le chercher inconsciemment et de le trouver très – trop – rapidement. Il arbore toujours le même air depuis notre discussion, c'est-à-dire fermé au possible. Je ne le vois ouvrir la bouche que rarement, même ses amis de sa classe ne lui parle pas et se contente d'être avec lui. Je me demande s'il est pareil au Dream, je l'imagine bien se dérider au contact d'une horde de filles. Cette pensée me hérisse instantanèment.

Je soupire et secoue la tête pour me concentrer sur ma feuille et mon fusain.

Le soir, je tombe de fatigue sur mon canapé. Allongé devant une série que je ne suis même pas je pense à Binx. Si j'étais chez le brun, le chaton ne se gênerait pas pour me grimper dessus, patouner le plaid étalé sur mes genoux puis venir se lover sur mon ventre et ronronner tout son soûl. En fermant les yeux j'imagine, en laissant divaguer mon esprit, le brun soulever délicatement mes chevilles pour se glisser sur le canapé et reposer mes jambes sur lui. Il me masserait sans prétention en me regardant. D'un regard brillant, pétillant, étrange même, je n'en ai pas l'habitude, ça ne m'était jamais arrivé. Ses yeux me laissent toujours sans voix. Surtout lorsque j'y décelle – décellais – une lueur lubrique.

Je soupire en reniflant. J'étouffe un cri de rage dans le coussin sous ma tête. Il faut que je me le sorte de la tête. Mais au fond est-ce que j'en ai envie ? Bien sûr que non. Merde qu'est-ce que je dis ! Oscar n'est plus. Oscar et Aline encore moins. Fatidique, véridique, affirmatif. Finit.

Un vibrement sur ma table basse me tire de mes ressassements. J'attrape mon portable en gromellant et l'ouvre les yeux plissés.

Béatrice

Obligation de venir au Dream ce soir c'est mon anniversaire !!!!!!!!!! 20:46

Je me passe une main sur le visage complètement partagée. Le Dream est l'antre du brun, Béa est son amie, c'est son lieu de travail. Mais Béa est aussi mon amie, elle m'invite et veut que je vienne. Tiraillé je me redresse pour réfléchir. Je choisis d'aller sous la douche pour méditer davantage.

Devant ma penderie je prends conscience que je n'ai pas vraiment le choix, sinon le mensonge mais je déteste cela alors je n'en ferais pas l'offense à autrui. J'attrape une robe que je n'ai jamais mise, un cadeau de ma mère dont je n'avais jamais trouvé l'occasion. Il est vrai qu'aussi pailleté je doutais trop de moi pour pouvoir la porter. Je l'enfile et me regarde dans le miroir hésitante. Toute dorée, courte, dos nu jusqu'au bas de dos et une chaîne autour de cou pour la maintenir. Peut-être que c'est trop. Sûrement. Mais après tout c'est un anniversaire, c'est festif, c'est pailleté !

Je hoche la tête à mon reflet et pars me laver les dents.

Coiffer et maquiller, j'appelle un taxi. Au Dream je laisse ma veste au vestiaire et entre seule. Il y a déjà beaucoup de monde sur la piste de danse et au bar, je suis arrivé presque au pic de la soirée. Je me balade au milieu des gens, essayant d'apercevoir une connaissance mais il n'y a qu'une foule de visage inconnu.

L'effet coyoteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant