Chapitre 15

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Aline

Je regarde une énième fois ma montre sur le quai. Debout près de ma grosse valise rose j'attends en grelottant. Emmitouflée dans ma veste d'aviateur je fourre ma main dans ma poche en moumoute. J'attends le brun depuis déjà vingt minutes. Il n'y a quasiment plus personne qui attendent de pénétrer dans le train. Je soupire. Plus que cinq minutes et je m'en irais seule. Je jette un coup d'œil aux contrôleurs qui hâtent les dernières personnes dont moi à monter. J'essaie de rester une minute de plus mais rien à faire, je dois y aller.

Je ferme les yeux deux secondes comprenant qu'entre Oscar et moi, ce sera difficilement rattrapable.

- Attendez ! Aline !

Un pied sur la marche, le contrôleur sifflant, les portes à côtés se fermant, je me tourne pour voir le brun courir un sac de voyage à la main et son sac à dos habituel bien sanglé sur ses deux épaules. Son apparition me fait recouvrir un grand sourire, je manque d'en verser une larme, je retiens tout cela aussi bien que les portes pour le laisser grimper avec moi. Face à face dans le train partant j'ai une terrible envie de le prendre dans mes bras, de le serrer contre moi, de sentir ses lèvres sur les miennes. Je souffle et ajuste mes cheveux. Lui me regarde à peine essouflé. Je finis par briser le silence,

- On va trouver nos places ?

Il acquiesce, toujours les yeux rivés au sol.

On s'assoit l'un en face de l'autre. Nos valises au dessus de nos têtes et notre sac respectif à notre droite sur les sièges qui se trouvent vides. On reste silencieux durant une heure, chacun encore surpris je suppose. Je sors mon carnet à dessin presque complet, noircit à tous les endroits possibles. Me restant quelques pages vierges j'attrape mon crayon à papier fétiche et mon fusain préféré pour me mettre au boulot.

J'observe à la dérobée le brun qui a les bras croisés, le regard dans le flou de la fenêtre au paysage encore endormi. Je souris derrière ma feuille tout en croquant la mâchoire serrée de mon voisin.

- Pourquoi tu me regardes depuis tout-à-l'heure ?

Je relève la tête comme prise en flagrant délit. Je sens mon visage chauffer sous ses yeux durs. Je hausse les épaules. Il hausse les sourcils, pas dupe. Je poursuis tout de même.

Satisfaite après plus d'une heure de travail j'éloigne mon carnet pour étudier le dessin. Soudainement des doigts me l'arrachent des mains. Il se mire un instant tandis que je vire au rouge. Son visage se défroissa mais je n'obtiens rien de plus que sa main s'approchant de moi pour me rendre le croquis. Je soupire, j'espérais un petit sourire, au moins une réaction. Je ferme alors le carnet et le range dans mon sac.

- Tu pouvais continuer. Il était pas mal. Ajoute-t-il toujours sans me regarder et sans émotion

Je ne réponds pas, me contentant d'observer son profil neutre d'une perfection à mes yeux. Je soupire et sans le vouloir réellement, j'obtiens une réaction. Oscar me jette un coup d'œil et dans son regard je crus un instant lire la culpabilité. Il se détourne promptement et cette fois plus un mot ni un regard durant tout le trajet.

Une main me secoue l'épaule. Je papillonne des yeux et m'étire avant de me passer une main dans les cheveux. Oscar se tient face à moi sa valise à la main, prêt à quitter le train. Il me sourit en coin, amusé. Un peu gêné je prends peur, si ça se trouve j'ai dormi la bouche ouverte, pire j'ai peut-être bavé ! J'attrape mon téléphone pour me regarder rapidement, ouf rien de bizarre sur mon visage. Je remarque ma valise à terre elle aussi, aux côtés du brun. Il l'a descendu pour moi.

Je me lève et enfile la anse de mon sac à main sur l'épaule. On quitte le train et sur le quai j'aperçois ma mère. Elle nous fait de grand signe de la main, tout sourire. Ma mère a l'air vraiment excité à l'idée de rencontrer le brun, je lui ai simplement écrit un texto qu'un copain viendrait peut-être avec moi. Depuis, elle n'arrête pas de poser des questions. Après une rapide câlin, je me mets entre eux et fais les présentations :

L'effet coyoteWhere stories live. Discover now