Chapitre 14

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 Oscar

Je ne sais ce qu'il s'est produit ce soir-là, mais nous n'en n'avons jamais reparlé. On se voit depuis en toute amitié sans que nos lèvres ne se touchent à nouveau ou quoi que ce soit d'autre en vérité.

Le mois de décembre s'est approprié la ville et le Père Noël ainsi que toute sa panoplie qui se trouve partout. J'aime bien cette période en général mais c'est aussi une source de tension, après les vacances ce sera le temps des examens et cela ne m'enchante pas vraiment.

En général je passe Noël avec Jackson. Nous n'en n'avons pas encore parlé mais j'imagine que cette année c'est chez moi que cela se fera. Depuis la mort de sa mère il a le cafard à chaque fête où il ne peut pas se mettre la tête à l'envers ce qui en compte quatre : la fête des mères, l'anniversaire de sa mère, l'anniversaire de la mort de sa mère et Noël. À toutes ces dates ils trouvent une excuse pour ne pas sortir de chez lui ou pour squatter chez moi. Il est compréhensible qu'il ne veuille pas rester cloîtré dans l'ancien appartement où vivait sa mère en ces jours-ci.

Un soir, en train d'étudier avec Diane, Nina et Thomas – Liam ne travaillant plus avec nous à cause de nos « piailleries » comme il appelle ça – j'entends des rires. Je lève la tête en fronçant les sourcils car l'éclat me semble familier. Je cherche la provenance des gloussements et aperçois la brune avec un garçon. Il la couve d'un regard qui me déplaît fortement.

Je reconnais alors ce Ian, le garçon de sa classe qui lui offre un petit-déjeuner souvent. J'enregistre sur mon ordinateur ce que j'étais en train d'écrire et me lève sous les yeux de mes camarades de classe. Je fonce vers eux les mains dans les poches.

Les iris noisettes de mon amie croisent les miennes un instant avant que l'on ne s'arrête en face à face. J'essaie de sourire en les saluant. Je tends la main à Ian qui la prend après un temps de latence, les joues roses, les épaules tendues et ses petits yeux presque exorbités furetant partout sauf dans les miens. Je la serre, peut-être un peu trop fort qu'à l'accoutumé avec un autre homme mais aucune expression sur son visage. Je replonge ma main dans ma poche et me tourne vers la brune qui me regarde, suspicieuse. J'ai remarqué qu'elle observait notre poignée de mains.

De façon totalement fermé à son copain à sa gauche, je demande à Aline si je peux lui parler. Il comprend bien le sous-entendu et s'éclipse en notifiant explicitement à ma voisine la table qu'il va occuper en « l'attendant ». Je serre les dents, j'espérais qu'elle me rejoigne – enfin qu'elle nous rejoigne avec les filles de ma classe évidemment.

On se glisse dans une allée peu fréquentée tandis qu'elle croise les bras en me suivant un peu en retrait. Enfin seule avec elle je peux sourire franchement et dire doucement – car nous restons dans une bibliothèque,

- Tu rentres à Paris toutes les vacances ?

Elle a un mouvement de recul,

- Attends tu me parles de vacances ? T'as pas été très sympa avec Ian je te signale.

- Pas du tout j'ai été très correct. Nie-je

- Tu crois que j'ai pas vu ses phalanges s'écraser. Réplique-t-elle ironique et irritée

- Il avait la main toute molle.

- Trouve une autre justification Oscar.

- Ah bon, et en quel honneur ? Je m'en tape de lui qu'est-ce que ça peut faire ? Je m'échauffe un peu en haussant la voix involontairement me prenant une vague de « chut » par les autres étudiants

- C'est un copain qui est gentil d'accord, alors fais preuve de sympathie.

- Lui aussi c'est un « ami » ?

L'effet coyoteWhere stories live. Discover now