Faire déborder un foyer et faire surgir des flammes incandescentes était une chose. Calciner les entrailles d'un homme tout un le gardant en vie le plus longtemps possible en était une autre. Là où l'une était une démonstration de force brute, rapide et violente, l'autre en était une de maitrise, de précision et de patience. De cruauté aussi, mais Kayla supposait que l'on ne gagnait pas de guerre en faisant perpétuellement preuve de douceur.

Dans tous les cas, les choses étaient telles que la grande majorité des Aedíns ne laissaient qu'entrevoir l'étendue de leurs pouvoirs. Quant à Thérik, il en avait dévoilé assez du sien pour que la population se prosterne à ses pieds en tremblant et si Erryn ne comprenait pas le peu de courage dont faisaient preuves leurs concitoyens, Kayla entendait la raison de leur effroi. Elle avait elle-même fait l'expérience de la perte d'un être cher et ne souhaitait pareille souffrance à personne, tout autant qu'elle ne souhaitait avoir à l'endurer de nouveau.

Cependant, dans la présente situation l'inquiétude de Nenka était injustifiée. Aussi impressionnant que soit le Roi d'Aeda, il n'était pas stupide pour tenter un coup fourré dans une ville fortifiée hostile avec seulement une centaine d'hommes. Non, la bataille serai politique, le but de la manœuvre étant uniquement de les déstabiliser et la jeune détestait ses petits jeux.

Le roi arrivait dans deux heures et ils se devaient de l'accueillir avec un banquet digne de son rang. Abandonnant Nenka à l'empaquetage de ses affaires, Kayla se pressa en direction de l'étude de son père et confia à Nina le soin d'assister Shoele dans le changement de programme. En chemin, elle croisa un soldat, visiblement envoyé la quérir car il s'arrêta à sa rencontre.

« Je suis au courant ! l'interrompit-elle vivement. Où est mon père ?

- Dans la salle du banquet, Ma Dame. Il vous attend ».

Elle le remercia et, sans perdre un instant, repris sa semi-course en direction, cette fois-ci, de la salle de banquet, le garde sur ses talons.

Elle déboula finalement dans l'immense pièce et y trouva son père en compagnie de quatre de ses conseillers et un petit peu plus loin, d'Azar et Joash. Derrière Gaham papillonnait une armada de valets occupés à ajuster la lourde cape de la somptueuse tenue qu'il venait surement de revêtir.

Kayla navigua à leur rencontre, évitant les domestiques déjà affairés à préparer la salle et dresser les gigantesques tables capables d'accueillir l'intégralité de la cour et plus encore. Arrivée à leur niveau elle effectua une rapide révérence et attendit qu'ils lui accordent leur attention, les yeux baissés afin de ne pas paraitre s'immiscer dans leur conversation sans y avoir été invitée.

« Kayla, l'interpella son père après quelques instants. Dis-moi que la réception sera prête dans les temps. Je ne tolèrerai pas d'être de nouveau ridiculisé devant Thérik. Je ne souffrirai aucune remarque ».

Une partie d'elle-même, fut tentée de se recroqueviller sous le poids des regards qui se posèrent sur elle. Une autre se réjouit de voir que même dans la soumission une étincelle de fierté habitait toujours les Tibestis.

Heureusement pour Kayla, elle était en mesure d'apporter une réponse positive à la question de son père.

« Ce sera le cas Père, répondit-elle. Il reste de nombreuses tâches à effectuer, mais les consignes sont données pour que du personnel soit réaffecté selon les besoins les plus urgents ». Elle marqua une pose avant de continuer, espérant que personne n'ait remarqué son hésitation. « Puis-je me permettre de vous suggérer de sortir à la rencontre du roi et de l'accueillir à l'entrée de la ville et non de la Citadelle ?

- Qu'as-tu en tête ? » interrogeât Azar en se rapprochant du groupe pour suivre l'échange.

La jeune femme nota mentalement de le remercier pour son intervention, lui offrant la possibilité de soumettre sa suggestion sans qu'elle ne soit rejetée en bloc.

Dans l'ombre des flammesWhere stories live. Discover now