Chapitre 33

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Mercredi 8 Février – Paris


Tout autour d'elle Louca ne voit que du noir. Le vide l'avale, ses pieds se dérobent sous elle et une impression de tomber à l'infini la fait tourbillonner sur elle même. Au loin, leurs voix. Celle d'Elio. Celle de Pierre. Elle essaie de les rejoindre mais quelque chose l'en empêche. Elle a beau se débattre dans tous les sens pour se défaire de l'emprise des ténèbres, elle ne parvient pas à avancer, à les retrouver. Un cri strident glace son sang et tout son corps se contracte.

Dans un sursaut, la brune se réveille, le souffle coupé, le cœur à deux doigts d'exploser dans sa poitrine. Elle ne réalise pas immédiatement où elle se trouve, et continue de se débattre avec son drap. Le cri strident retentit une nouvelle fois dans ses oreilles. Enfin, elle ouvre les yeux et comprend où elle se trouve. Louca est dans son lit, plongée dans le noir. Et le cri qui résonne encore dans ses tympans n'est autre que la sonnette de son appartement. Maudissant l'imbécile qui la réveille, la brune cherche son téléphone afin de voir l'heure qu'il est. 4h37. Qui peut bien la réveiller à cette heure-ci ? Bien décidée à rembarrer quiconque sonne à sa porte, Louca décroche son interphone.

- Quoi ? demande-t-elle agressivement
- Lou', c'est moi, ouvre, chuchote Pierre dans l'interphone
- Mais ? Qu'est ce que tu fais là ?
- Ouvre j'te dis, dit-il toujours en chuchotant
- Ça sert à rien de chuchoter vu le bruit que t'as fait avec la sonnette, se plaint-elle en déverrouillant la porte d'entrée de son immeuble

Louca pousse un soupir, ne réalisant pas vraiment ce qui est en train de se passer. Le cerveau toujours embrumé par le sommeil et son étrange rêve, elle enfile un sweat-shirt par dessus son débardeur et s'attache les cheveux en un chignon approximatif, attendant que Pierre gravisse les étages. Le brun met un certain temps à arriver, et Louca le remarque bien. Elle déverrouille donc la porte de son appartement et glisse la tête dans le couloir. Elle peut entendre le pilote grommeler entre deux respirations lourdes, et le bruit de son corps qui se prend les murs et la rampe.

- C'est pas possible, il est bourré ou ... ? murmure-t-elle

A peine a-t-elle prononcé ces mots qu'elle voit apparaître Pierre devant elle, titubant jusqu'à la porte. Elle ouvre cette dernière un peu plus grand pour le laisser entrer dans l'appartement, sans un mot. En lui passant devant, le doigt sur la bouche pour lui intimer de se taire, un large sourire étire ses lèvres. Louca a raison. Le brun est saoul. Elle le regarde s'avancer dans la pièce, repérer le lit dont les draps sont totalement désordonnés puis décider de s'y allonger, comme s'il se trouvait chez lui.

- Pierre ? interroge Louca, perturbée par le comportement du pilote. T'es bourré ?
- Ouep. Je suis torchon chiffon carpette, sec, torché, claquette chaussette, rond, raide, pompette Ginette, dé-chi-ré ! énumère-t-il avant de se mettre à rire
- Ok ... Et qu'est ce que tu fais là du coup ?
- Je trouvais plus les clefs de chez moi ! dit-il en se redressant sur le lit pour regarder Louca
- On est à Paris, pas à Milan, c'est peut-être pour ça, non ?
- T'es chou comme ça, avec ta tête d'endormie, le coupe Pierre avec un sourire béat sur les lèvres
- C'est parce que je dormais, avant que tu débarques.
- Hmmm, c'est logique en effet !
- Ce qui l'est moins, c'est pourquoi tu es là ?
- Alors, en fait, beh, c'est parce que, euh ... Quand je suis sorti de la boîte parce qu'il y avait plus personne, et que je me suis dit qu'il était peut être l'heure de rentrer chez moi, je me suis rendu compte que j'avais pas mes clefs. Et je me suis dit que peut-être toi tu saurais où elles sont !

Louca le regarde, les sourcils haussés. Mais que va-t-elle pouvoir faire de cette épave de normand, qui en plus de ne pas réaliser ce qu'il dit, s'installe de plus en plus confortablement sur son lit ?

- T'as ton téléphone sur toi Pierre ? Je vais essayer d'appeler Iliès ...
- Oh tu peux toujours essayer hein, mais il est parti avec une jolie rousse y a quelques heures, et j'ai aucune idée d'où il est !
- Ah ... Et vous étiez avec Lila ou pas ?
- Ouais, ouais, elle était là, ouais.
- Ok. Donne ton portable, je vais l'appeler, ordonne-t-elle en tendant la main devant elle pour récupérer le téléphone du brun

C'est sans compter sur ce dernier, qui au lieu de lui donner ce qu'elle veut, prend sa main fermement et l'attire vers lui, la faisant tomber sur le lit.

- Putain ! Pierre ! Qu'est ce que tu fous ?! s'emporte la brune
- Bah je te fais un câlin parce que je suis content de te voir, répond-il simplement. T'es pas contente toi ?
- Si, si, je suis contente, avoue-t-elle, réalisant que malgré la situation, voir Pierre dans son appartement la réjouit au fond d'elle-même. Mais les autres vont s'inquiéter si ils savent pas où tu es ...
- Personne va s'inquiéter ! Tout le monde est rentré chez soi y a un moment, et ils doivent penser que c'est mon cas aussi. Mais, comme je t'ai dit ... Je te l'ai dit hein ? J'ai perdu mes clefs, alors je suis pas chez moi !
- Mais ... Lila est partie sans toi ? demande Louca en fronçant les sourcils, écartant le fait que Pierre n'a toujours pas compris qu'il ne trouvait pas ses clefs de son appartement milanais, parce qu'elles étaient sûrement dans la chambre d'hôtel parisienne dans laquelle il passe son séjour
- Oh, Lila, tu sais ... dit-il d'une voix pleine de sous entendus.

Sous entendus que Louca ne saisit pas.

- Je sais quoi ?
- On s'est encore pris la tête, alors elle est rentrée chez elle, lâche-t-il en même temps qu'un haussement d'épaules désabusé
-Donc, parce que tu t'es disputé avec ta nouvelle copine, tu viens chez ton ex ... Pourquoi ? Pour la rendre jalouse ? demande la brune froidement

Pierre écarquille les yeux et fixe la parisienne, surprit par sa réaction. Les mots qu'elle vient de prononcer résonnent dans son cerveau embrumé et il met quelques secondes à répondre.

- Pas du tout. J'y ai même pas pensé, répond-il sincèrement. J'avais juste envie de te voir, toi. Pas quelqu'un d'autre, pas elle. Toi.

Louca plante son regard dans celui du pilote, à la recherche de ce qu'il pense vraiment. Mais l'alcool est comme un voile posé sur ses yeux bleus. Les lèvres pincées, elle continue de l'observer, ne sachant pas comment réagir ni quoi faire.

-Ah ..., dit-il d'une voix déçue
- Quoi ?
- Je t'embête, j'aurai pas du venir ...
- Non, non, c'est pas ça Pierre. C'est juste que j'ai du mal à comprendre pourquoi t'es là.
- Je te l'ai dit. Je trouve plus mes clefs et j'avais envie de te voir, répond-il avec un sourire

Louca ne peut s'empêcher de lui sourire en retour. Elle se lève du lit sous le regard du brun et va leur servir un verre d'eau à chacun. En revenant, elle s'installe les jambes en tailleur à ses côtés.

- Tu devrais t'hydrater un peu, sinon demain tu vas le regretter.
- T'as raison, merci, dit-il avant de boire une longue gorgée.
- Et tu devrais me laisser faire un message pour dire que t'es là. Au moins à Iliès, enchaîne-t-elle en voyant que le brun s'apprête à refuser
- J'vais le faire, ronchonne-t-il en sortant son téléphone de sa poche
- Et demande lui des détails sur sa soirée avec la rousse, ajoute-t-elle avec un rire, je suis curieuse !

Pierre esquisse un sourire et rédige son message sous le regard de Louca. Puis il pose son téléphone sur la petite table de nuit de la brune avant de se tourner vers elle.

- J'ai pas envie de retourner à mon hôtel, ma chambre est nulle, se plaint-il comme un enfant
- Ah, tu te souviens qu'on est à Paris et pas en Italie alors ? se moque Louca
- J'ai senti la carte de ma chambre en prenant mon téléphone, répond-il presque en rougissant
- Tu as tant bu que ça ?
- Ouais, franchement, c'est pas raisonnable ce que j'ai fait, mais bon, répond le pilote en haussant les épaules

Louca ne lui répond pas, n'osant pas demander pourquoi il a tant bu. Elle sait que Pierre aime faire la fête, et peut parfois boire un peu plus que de raison lorsqu'il est avec ses amis. Mais elle est étonnée de le voir si saoul, à quelques semaines du début de la saison. La brune ne peut pas s'empêcher de penser que la nouvelle petite amie du normand est un élément déclencheur de sa consommation excessive d'alcool. Les yeux plongés dans son verre à moitié vide, Louca se retient de lui poser toutes les questions qui traversent son esprit. Elle le sent à ses côtés, hésitant lui aussi à parler. Peut-être parce qu'il n'arrive pas à rassembler ses pensées de manière cohérente à cause de l'alcool.

Love to survive ~ Pierre GaslyWhere stories live. Discover now