Chapitre 31

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Lundi 16 Janvier – Paris


Les yeux rivés sur ses chaussures, Louca pousse un long soupir.

- Je sais que cela ne va pas être évident pour vous d'être sur place chaque week-end, mais c'est une super opportunité Louca.
- Oui, oui, c'est sûr, répond-elle sans lever le regard
- Vous pensez que même si vous n'y étiez pas, vous ne vous soucieriez pas de ce qu'il lui arrive ?
- Si, bien sûr que si. C'est juste que ... hésite la brune
- Oui ? l'encourage sa psy
- Je gère mieux mes crises d'angoisse chez moi que dans les paddocks.
- Je sais. Mais notre travail n'est pas terminé, et on a trouvé des méthodes pour vous apaiser et mieux contrôler l'anxiété. Maintenant que vous comprenez mieux toutes vos émotions, d'où elles viennent et ce qui les cause, il y a de fortes chances que vous soyez capables de gérer ces crises.
- Et si ce n'est pas le cas ? demande Louca en levant enfin les yeux vers la psy
- Si ce n'est pas le cas, on continuera ensemble à chercher des solutions, ok ? dit-elle avec une voix rassurante.
- Même à distance ? Parce que selon mon rédacteur en chef, je vais passer plus de la moitié de l'année à l'étranger.

La nouvelle est tombée quelques jours auparavant. Emmanuel a proposé à Louca de continuer son travail sur la Formule 1, en apportant toujours son aide à Paul et en continuant de développer sa chronique personnelle. La brune a demandé quelques jours de réflexion, acceptés par Emmanuel, sachant qu'elle avait rendez-vous quatre jours plus tard avec la psychologue. Ses séances hebdomadaires lui font du bien malgré le fait qu'elles soient éprouvantes et Louca a l'impression d'avancer, et de trouver des solutions. Mais elle ne sait pas si elle se sent capable de retourner sur les circuits, de croiser Pierre au quotidien, et surtout, de supporter l'angoisse de le voir monter dans sa monoplace.

- Oui. Il faudra planifier assez en avance nos séances, surtout en fonction du décalage horaire. Mais nous pourrons continuer en visio, si vous en ressentez toujours le besoin.
- Je ne crois pas que cinq séances suffisent. Décalage horaire ou pas, j'en ai encore besoin, répond Louca en hochant la tête
- Louca, je pense vraiment que vous devriez accepter de reprendre sur la Formule 1. Vous devriez voir à quel point vous vous animez, et à quel point votre passion pour ce sport transparaît lorsque vous m'en parlez.
- Ce n'est qu'un sport, dit-elle en haussant les épaules
- Un sport que votre frère aimait, que l'homme que vous voulez retrouver aime, que vous aimez. Et ce n'est pas rien.

Louca hoche la tête, pensive. Elle n'avait pas réalisé à quel point ce travail, ce sport, étaient devenus sa passion et à quel point cela lui manquerait de ne pas être sur les paddocks, que Pierre soit dans l'équation ou non.

- Vous n'avez pas encore 25 ans, ne vous privez pas de toutes ces chances et opportunités que la vie vous offre.
- 25 ans ... Il n'aura jamais 25 ans, murmure Louca après quelques secondes de silence. Il aura à tout jamais 19 ans. Et je dois faire comme si de rien n'était et continuer à vivre, à expérimenter, à être heureuse, alors que lui il ne peut plus.
- Vous avez le droit de vivre Louca. Vous avez le droit d'être triste, d'être heureuse, de souffrir, de ressentir, d'expérimenter, d'évoluer. Même sans Elio. Je sais que vous pensez que ce n'est pas le cas, mais je vous assure que si. Il ne voudrait pas que vous arrêtiez de vivre, et vous le savez aussi bien que moi. Et ça ne veut pas dire que vous l'oubliez ou que vous faites comme si de rien n'était.

Louca hoche de nouveau la tête, même si elle a du mal à croire la femme de l'autre côté du bureau. Cela fait des semaines qu'elle lui répète qu'Elio ne voudrait pas qu'elle s'empêche de vivre, et que sa mort n'est en aucun cas une façon pour lui de lui interdire d'être heureuse. Seulement Louca se l'interdit.

- Je ... Je vais accepter l'offre de mon rédacteur et repartir sur les circuits, annonce Louca à voix basse
- Et vous verrez que vous êtes assez forte pour cela, affirme la psychologue


A peine sur le trottoir devant le cabinet, Louca se décide à prévenir Emmanuel, de peur de changer d'avis avant de le faire. Elle se saisit de son téléphone et écrit rapidement un message confirmant qu'elle accepte le poste et qu'elle souhaite continuer sa chronique. Alors qu'elle cherche son boss dans sa liste de contact, elle voit le nom de Pierre parmi ceux-ci. Après avoir envoyé son message au journaliste, ses doigts tremblants appuient sur le nom du pilote.

Louca : Salut Pierre. Je voulais juste te prévenir que je serai de retour dans les paddocks dès le début de la saison.J'espère que ton arrivée chez Alpine s'est bien passée et que tu vas bien. A bientôt.

Remettant rapidement son téléphone au fond de son sac, à la fois impatiente et anxieuse de recevoir une réponse, elle repart vers son appartement. Une fois dans son cocon, elle s'autorise à regarder son téléphone toutes les trente minutes, même si elle se doute que le pilote est très occupé et n'a peut-être même pas son téléphone avec lui. Elle essaye de s'occuper tant bien que mal le reste de la journée, en bouclant un article, en passant l'aspirateur dans son appartement déjà propre, en expérimentant avec l'appareil photo qu'elle vient de s'offrir. Mais rien ne lui occupe assez l'esprit. Lorsque son téléphone vibre enfin, son cœur s'accélère malgré elle. 

Love to survive ~ Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant