Il la regarda et son regard azur sembla transpercer son âme. Son cœur venait de rater un battement, et pourtant, elle se sentait plus vivante que jamais.
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Dimanche 20 Novembre – Abu Dhabi
La soirée de fin de saison bat son plein lorsque Louca pénètre dans la grande salle réservée pour l'événement au bras de Paul. Devant elle se trouvent les pilotes accompagnés de leurs familles et d'amis, des membres des différentes écuries et quelques journalistes privilégiés qu'elle repère assez vite.
- T'es sûr qu'on a le droit d'être ici ? demande Louca, tendue - Mais oui ! Un des gars de chez Williams et qui bosse au service des relations publiques de l'écurie est un super bon copain et c'est lui qui a fait mettre nos noms sur la liste, le rassure Paul. Profite de la soirée, retrouve tes amis, bois un verre et n'oublie pas d'éviter ton ex, ok ? se moque le journaliste
Louca lui donne un coup dans les côtes en guise de réponse alors qu'elle vient de repérer Charlotte un peu plus loin dans la pièce.
- Fais pas de bêtises toi, hein ? - C'est pas mon genre, répond Paul avec un clin d'œil avant de s'éloigner pour rejoindre un groupe de journalistes qu'il connaît bien
La brune se dirige alors vers la monégasque qui l'accueille avec un grand sourire. Elle est en train de discuter avec deux jeunes femmes que Louca reconnaît comme étant les petites-amies de Lando et Carlos. Elle s'approche timidement, laisse Charlotte faire les présentations puis s'efface, ne se sentant pas réellement à sa place. L'architecte se rend vite compte de la situation et s'excuse auprès de ses autres amies avant d'entraîner Louca vers le bar.
- Je ne pensais pas que tu viendrais ce soir. - Paul m'a traîné jusqu'ici contre mon gré, répond Louca en haussant les épaules, regardant tout autour d'elle - Je suis contente que tu sois là. Tu veux boire quoi ? - Rien avec de l'alcool, rigole Louca, les yeux toujours rivés sur la salle - Il est avec toute son équipe au restaurant, il arrivera plus tard, murmure Charlotte à l'oreille de la journaliste - Oh, ok, c'est bien, répond Louca en reportant son attention sur son amie qui lui tend un verre - Essaye de profiter un peu de la soirée. Les filles avec qui j'étais sont vraiment sympas, et Charles sera content de te voir, une fois qu'il se sera échappé de sa conversation avec Horner, grimace Charlotte
Louca se met à rire et suit la brune qui rejoint les deux jeunes femmes qu'elles ont quitté quelques minutes plus tôt. Même si elle parvient à se détendre un peu et à discuter avec toutes les personnes qui vont et qui viennent, Louca a du mal à décrocher le regard de la porte de la salle, guettant l'arrivée du normand, décidée à s'éclipser de la soirée dès qu'il sera là. Charles et Carlos les ont maintenant rejoint depuis quelques minutes. Le monégasque est en train de raconter à Louca comment, une fois son coéquipier espagnol et lui sont partis en fou rire face à un journaliste qui ne parvenait pas à poser ses questions à cause de leur état d'excitation, lorsqu'elle sent son portable vibrer dans son sac à main. Elle le saisit et voit s'afficher le nom d'Emmanuel sur son écran. Elle pousse un grognement, agacée de savoir que même si c'est dimanche soir son chef ne s'arrête jamais de travailler, et s'excuse auprès de ses amis avant de s'éloigner pour décrocher son téléphone. À peine a-t-elle salué son rédacteur en chef qu'il commence déjà à lui poser un millier de questions sur son article, sur ce qu'elle doit encore lui envoyer et sur leur travail à elle et Paul en cette fin de saison de Formule 1. Tandis qu'elle tente de répondre au mieux à son chef, ses pas la mènent dans une petite salle, seulement éclairée par les lumières de la ville visibles par la grande baie vitrée, et qui semble être habituellement utilisée pour des réunions. Elle s'installe donc sur une chaise et continue sa conversation. Une quinzaine de minutes plus tard, Emmanuel raccroche enfin et Louca laisse échapper un énorme soupir de soulagement. Se prenant la tête entre les mains, les coudes appuyés sur la table qui se trouve devant elle, la journaliste s'octroie un instant de silence et de calme avant de retrouver Charlotte pour la suite de la soirée. Alors qu'elle s'apprête à quitter sa chaise et la salle plongée dans la pénombre, elle voit la porte s'ouvrir et une silhouette s'avancer. Silhouette qu'elle ne peut que reconnaître.
- Oh, pardon, je n'avais pas vu que c'était occupé, s'excuse-t-il dans un anglais parfait. - C'est moi Pierre, répond doucement la brune - Désolé, je voulais pas te faire peur, murmure Pierre, son cœur se serrant malgré lui lorsqu'il entend la voix de Louca - J'ai pas eu peur, je savais que c'était toi. - Ah, tant mieux. Je ne voulais pas t'embêter, je te laisse tranquille, continue le pilote, posant sa main sur la poignée de porte - La salle est toute à toi si tu veux, j'allais sortir. - Ok. - Tout va bien Pierre ? demande Louca en fronçant les sourcils, étonnée par le ton de sa réponse - Oui, oui. J'avais juste besoin de quelques minutes de calme. - Je comprends. Je vais te laisser alors, répond-elle avec un sourire que Pierre peut deviner malgré le peu de lumière
Louca se dirige donc vers la porte tandis que Pierre lui laisse le passage libre. Alors qu'elle passe devant le pilote elle sent sa main frôler son bras dans un geste pour la retenir. Sans un mot, elle décide de s'arrêter alors qu'elle est à son niveau. Son visage se tourne vers le pilote qui semble lutter contre ses propres émotions. En l'observant le plus discrètement possible, elle voit des larmes perler aux coins de ses yeux.
- Pierre, t'es sûr que ça va ? demande Louca en fronçant les sourcils - C'est difficile, répond Pierre à voix basse. C'est ma dernière soirée avec AlphaTauri, avec Yuki comme coéquipier. Et j'aurai aimé que tu sois à mes côtés ce soir.
La voix de Pierre n'est qu'un souffle mais ses paroles résonnent dans le corps de Louca. Elle sait qu'elle l'a blessé et c'est la dernière chose qu'elle souhaitait. Elle sait aussi que son choix est égoïste, mais sa douleur est insurmontable et ses angoisses paralysantes.
- Mais je sais que ce n'est pas ton cas, continue le pilote sur le même ton - Pierre ... - Au moins tu feras plus de crise d'angoisses à cause de moi, ajoute-t-il en haussant les épaules - Tu sais très bien que ce n'est pas vrai, soupire Louca - Non, je n'en sais rien.
Louca se pince les lèvres, mal à l'aise. Les paroles de Marianne lui reviennent en tête. Et bien sûr qu'elle avait raison. Bien sûr qu'elle continuera à avoir peur pour lui. Parce qu'elle se soucie de son bien être, qu'elle s'est attachée à lui. Et aujourd'hui, pendant ce dernier grand prix, l'angoisse était bien présente, malgré une course qui s'est bien déroulée pour le normand.
- J'ai passé tout le Grand Prix à tenir à distance une crise d'angoisse, et je ne suis pas certaine que mon inquiétude pour toi ne disparaisse comme ça, d'un coup ... - Alors qu'est ce que ça change qu'on soit ensemble ou pas si de toute façon tu es inquiète pour moi ? - Parce que j'ai peur Pierre. Et que quand je suis avec toi je ressens beaucoup trop de choses auxquelles je ne suis plus habituée. Et c'est trop. J'ai passé 4 ans à me construire un mur de plus en plus épais pour ne plus rien ressentir. Plus de tristesse, plus d'angoisse, plus de joie, plus d'amour. Et toi tu arrives, et tu fais tomber ce mur, et toutes ces émotions refont surface. J'ai cru que j'étais capable de gérer tout ça, j'en avais envie. Sauf que c'est trop. Trop d'un coup. - Alors tu me repousses ? Et tu t'empêches de vivre ? - Je sais que c'est idiot, mais je ne sais pas comment faire autrement ... - Laisse moi t'aider, laisse moi être là pour toi et te montrer qu'avoir toutes ces émotions ça peut être beau et que tu en es capable. - J'aimerai vraiment, mais je ... Je pense que ce n'est pas de ton aide dont j'ai besoin.
Pierre fronce les sourcils, pas sûr de de comprendre ce que lui dit la brune.
- Comment ça ? Tu ... Y a quelqu'un d'autre ? Je ... - Non, non Pierre ! la coupe Louca. Je parle d'aller parler à quelqu'un, à un pro quoi ... - Oh, ah, oui, ok, répond Pierre gêné - J'ai besoin d'aide, et c'est toi qui me l'a fait réaliser. C'est juste que tu ne peux pas être celui qui m'apporte cette aide. - Alors j'attendrais que tu ailles mieux. Je t'attendrais. - Non, ne fait pas ça. Tu mérites mieux que d'attendre quelqu'un qui n'est pas sûre de pouvoir aimer à nouveau. Il faut que tu sois heureux. - C'est un ordre ? répond Pierre avec un petit rire - Plutôt un souhait, répond Louca en souriant. Sois heureux pour nous deux, tant que je ne peux pas l'être. - Alors j'essaierai.
Les deux jeunes se regardent enfin dans les yeux. Une immense tristesse a envahi le regard de Louca, qui réalise qu'elle a beaucoup de chemin à parcourir avant de pouvoir un jour accepter tout ce qui lui est arrivé et tout ce qu'il pourra lui arriver. Pierre s'approche doucement de Louca, en ouvrant les bras timidement.
- Je peux ? Juste un dernier ...
Louca hoche la tête et vient se blottir contre le brun, qui pose son menton sur son crâne, refermant ses bras autour du corps de la brune. Pierre serre la jeune femme entre ses bras, profitant de sentir son corps contre le sien, sa douce odeur et les battements de son cœur contre sa cage thoracique. Il n'a pas envie de la laisser partir, car il n'est pas certain qu'elle lui reviendra un jour. Mais il sait qu'il n'a pas le choix. Pas si il veut qu'elle aille mieux, qu'elle se reconstruise, qu'elle soit heureuse un jour. Mais il fait durer cette étreinte tant qu'il le peut, jusqu'à ce qu'il sente sa chemise s'humidifier là où le visage de Louca est posé. Il se détache doucement d'elle pour essuyer tendrement les larmes qui coulent le long de ses joues. Louca se laisse faire, puis sans un mot, se hisse sur la pointe de ses pieds et dépose un baiser au coin des lèvres de Pierre avant de lui tourner le dos et de sortir de la pièce.
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Hello !
Chapitre plus court que d'habitude, mais nécessaire pour la suite ! Ne vous inquiétez pas, l'histoire de Pierre et Louca ne s'achève pas ici. J'espère que vous avez aimé ce chapitre, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, et à voter ! :D xx
