Fifty-three (1/2) ✔

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Copyright jangwoo © 2015

" Nothing lasts forever
Nothing stays the same
So why can't I stop feelin this way ? "

// Jeudi 16 avril 2015, Zayn & Kelly's house, 20h42 //

Point de vue de Kelly Malik

Je serrai l'oreiller contre moi, y enfouissant la moitié de mon visage. Mes yeux étaient rivés sur le plafond de la chambre, vides mais remplis à la fois.

J'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer, m'étouffant mais de manière inaudible. C'était comme s'il y avait une bataille dans ma poitrine et que les sanglots se battaient pour éclater. Il n'y avait que ma respiration bruyante qui emplissait la pièce.

Depuis une vingtaine de minutes, j'étais dans un état second qui était du à de douloureux souvenirs qui remontaient... ceux de mon agression.

Je savais que cette agression appartenait au passé, c'était il y a quatre ans mais je n'arrivais pas à m'en détacher. Nous étions à deux jours de la date fatidique, le 18 avril, et je ne pouvais pas m'arrêter d'y penser. Zayn le savait, ces derniers jours, il m'avait beaucoup réconforté à ce sujet parce que mes crises devenaient fréquentes. Je dormais très mal la nuit et il m'arrivait de faire des cauchemars.

La plus douloureuse situation était de pleurer, d'avoir la main sur le cœur et l'autre plaquée sur la bouche, pour essayer de camoufler le bruit.

C'était ma situation actuelle.

Même si je pleurais, la boule dans ma gorge ne se dissipait pas. Je ne m'étouffais pas physiquement mais c'était à peu près la même chose. J'avais l'impression de me noyer, de totalement lâcher prise et de sombrer dans la douleur qui me rongeait. Tout autour de moi, c'était pareil : rien n'avait bougé mais j'avais l'impression de partir. Il fallait que ça cesse.

Maintenant, mes yeux étaient clos et la scène de mon agression se rejouait dans mon esprit tourmenté.

Je sentais le mur de briques derrière moi, la légère brise de vent et cette odeur infecte ; un mélange d'alcool et d'autres choses puantes.

Je sentis mon short glisser le long de mes jambes. J'essayais de me débattre et de crier mais il attrapa mes mains et les monta plus haut pour m'immobiliser. Je criai à l'aide mais il plaqua sa main dessus. J'avais même essayé de le mordre, sans succès. Petite pute ! Je vais t'apprendre à vouloir me mordre !

Il y avait son souffle dans mon cou : il humait mon odeur et bientôt, je sentis ses lèvres contre ma peau. Tu sens si bon, ma jolie...

Je n'avais plus de force et c'est à ce moment-là qu'il avait défait sa ceinture et que son jean est tombé. Je ne pouvais rien faire et il n'accordait aucune attention à mes larmes. Je crois même qu'il avait souri en voyant mon visage. Qu'est-ce que tu es belle, il avait dit. Juste après, il tira ma culotte d'un coup sec et il m'avait pénétrée. Oh... Tu es vierge ? J'avais hoché la tête mais je crois bien qu'il s'en moquait. Hé, bien, maintenant, tu ne l'es plus... Et il avait rit avant d'attraper une de mes jambes pour l'enrouler autour de sa taille. Qu'est-ce que tu es étroite... Oh, c'est si bon.

J'ouvris les yeux, horrifiée en me rappellant les choses horribles de cette journée d'avril. Un cri de douleur sortit de ma bouche et j'y plaquai ma main.

" Bébé, le dîner est prêt ! S'exclama Zayn du rez-de-chaussé. Tu descends ? "

Sans hésiter un seul instant, je balançai l'oreiller et quittai le lit, manquant de vaciller. Je ne savais pas d'où cette force me venait puisque tout à l'heure, j'étais comme morte. À toute vitesse, je dévalai les escaliers.

Zayn était debout, de dos, devant les plaques de cuisson. Il semblait tenir une grande cuillère en bois dans ses mains. Au moment même où il se retourna - m'ayant sûrement entendu venir - je me jetai à son cou, l'entourant de mes bras et y enfouis mon visage. La cuillère tomba platement au sol.

Là, mes larmes se mirent à ruisseler abondamment et libremement. Les bras de Zayn se resserèrent autour de ma taille et je sentis son souffle dans mon oreille :

" Kelly, appella-t-il plus concerné. Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tu pleures, mon ange ? "

Je restai muette dans ses bras, souhaitant seulement avoir du réconfort de sa part. Il dut le comprendre parce qu'il me serra un peu plus fort.

" Shhh... Ma puce... Shhhh. "

Je déliai mes bras dans sa nuque pour les poser contre son torse. Ainsi, je me sentais doublement en sécurité. Nos corps étaient comme emboités, comme deux pièces de puzzle.

" C'est encore tes crises ? "

Je hochai faiblement la tête et il vint tracer des formes dans mon dos. Ses actions apaisantes contribuèrent à faire tarir mes larmes.

Pourtant, je n'arrivais pas à enlever les images présentes dans mon esprit. Toute la scène de mon agression se rejouait et je ne pouvais rien faire pour ne plus y penser ; c'était gravé dans ma mémoire, comme quelque chose d'indélébile.

" Calme-toi, susurra-t-il contre mes cheveux. Shh... "

Lentement, il se recula pour pouvoir embrasser ma joue puis il remit les mèches rebelles - dont quelques unes collées à mon visage à cause de mes larmes - derrière mon oreille.

La peine se voyait sur son visage. Que faire pour réconforter quelqu'un ? Quand il ne se sentait pas trop bien, j'avais mal parce que je ne savais pas trop quoi faire pour lui remonter le moral. Juste savoir qu'il était là, à mes côtés, me rassurait.

Je ne savais plus depuis combien de temps j'étais lovée dans ses bras. Deux, cinq ou dix minutes ? Je semblais perdre la notion du temps grâce au confort et au réconfort qu'il me procurait.

Tout semblait s'être s'arrêté.

Il frottait maintenant mon dos, alternant avec des baisers sur ma tempe. Il glissa des mots doux à mon oreille et sa voix douce m'aida à me calmer.

Mes larmes avaient séché mais je sentais le dessous de mes yeux m'irriter... Je n'aimais pas cette sensation, c'était désagréable et elle me rappelait que j'avais pleuré... encore et toujours pour la même raison.

Un proverbe disait que l'on pouvait pleurer mais pas pour la même raison. Je n'arrivais pas à l'appliquer mais dans mon cas, je pensais que c'était justifié ; une agression sexuelle ne s'oubliait pas.

Pour moi, c'était une entaille, une cicatrice profonde qui s'était refermée, guérie. Mais, parfois, une plaie guérie ne signifiait pas que la douleur était aussi partie.

Nous n'allions pas rester indéfiniment à s'enlacer, dans la cuisine. Ce fut pour cela que je me détachai de lui, à contrecœur. Ses mains attrapèrent les miennes qu'il embrassa.

" C'est revenu, c'est ça ?

- Oui... j'ai cru que j'allais mourir, avouai-je sincèrement. "

Un sourire triste fleurit sur ses lèvres. Il passa sa main dans mes cheveux, revint poser sa main sur ma joue et plongea ses yeux ambrés dans les miens.

" C'est terminé, d'accord ? C'est fini, ma chérie. "

Je lui répondis par un hochement de tête.

" Parle-moi. Viens me chercher ou appelle-moi quand la crise arrive, d'accord ? Ce n'est pas bon que tu sois seule dans ses moments-là. Tu ne me dérangeras jamais, n'oublie pas ça. "

Je coinçai ma lèvre entre mes dents en entendant ses paroles réconfortantes.

" Merci beaucoup, m'exclamai-je en venant embrasser sa joue.

- Ne me remercie pas, dit-il en me souriant. C'est normal. "

Puis mes lèvres vinrent s'enrouler autour des siennes avec une infinie tendresse.

Right now 2 {réecriture}Donde viven las historias. Descúbrelo ahora