Chapitre 1

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L'Empire de Ghrian était connu pour vénérer le soleil, cet astre lumineux qui apportait ses bienfaits à la terre. Il était présent absolument partout, sur le drapeau de Ghrian, l'armure des chevalier, la couronne de l'Empereur mais aussi sur la devanture des magasins. Arboré le symbole du Soleil servirait à repousser les esprits malins de la nuit et apporter chance et prospérité. Il y avait même une fête pour célébrer sa toute puissance lors du jour le plus long de l'année. Tout le monde s'habillait avec leurs vêtements les plus colorés et rendait grâce au soleil en récitant toutes sortes de prières de remerciements. 

Mon village dans la région de Sisko n'échappait pas à cette tradition vieille de plusieurs siècles. Pour ma famille, c'était le jour le plus important de l'année. Malgré notre pauvre condition, notre table débordait toujours de plats préparés avec soin par ma mère. Chose qui n'arrivait jamais en temps normal. En général, notre repas frugal ne se composait que d'un morceau de pain sec accompagnant une sorte de soupe majoritairement à base d'eau et de pommes de terre bouillies. Mon père apprenait à ma petite sœur comment fabriquer des petites statuettes qui selon lui nous protégeaient des créatures des ténèbres. Et moi... 

Mes parents refusaient presque mon existence, pour eux, c'était comme si je n'existais pas. Imaginez la douleur d'une enfant qui n'a jamais connu le réconfort de sa mère après un cauchemar,qui n'a jamais senti ses bras l'entouraient pour la protéger du monde, qui n'a jamais connu le sentiment de protection que confère un foyer. 

 Tout le village m'avaient déclaré maudite le jour de ma naissance car j'avais sur le dos uneétrange marque noir, un cercle s'entremêlant à un autre, le tout transpercé par une ligne droite, qui selon les croyances populaires faisaient de moi une Enfant des Ténèbres. Cela jeta ma famille dans la disgrâce. Mes parents m'en voulaient au point de ne m'avoir jamais adressé la paroles. Ils ne me mirent pas à la porte pour autant. Ils avaient simplement rayé mon existence de leur vie. Je mangeais et dormais avec eux mais ils ne le remarquaient même pas. Alors je vivais presque toujours dans la solitude. 

 Ce que j'aimais par dessus tout, quand tout le monde était endormi, était de sortir de notre petite chaumière et de m'installer pour observer le ciel nocturne. La lune me fascinait au plus hautpoint. Elle me faisait penser à moi. Dans ce royaume où le Soleil était vénéré, remercié, la lune était crainte, injuriée. Le jour et l'astre solaire rimaient avec rire et joie alors que la nuit et l'astre lunaire rimaient avec pleur et malheur. Moi aussi, on avait peur de moi, peu importait où j'allais, des murmures se faisaient toujours entendre dans mon sillage. «C'est elle, c'est l'Enfant des Ténèbres, l'enfant maudite », « Ne t'approche surtout pas d'elle mon enfant ! ». Alors que le soleil m'avait abandonné dès le jour de ma naissance, la lune, la nuit, l'obscurité, m'apportaient le réconfort que rien ne m'apporteraient jamais. Quand l'aube s'élevait au loin, je retournais discrètement dans ma chambre. 

 La seule personne qui osait m'adresser la parole était ma sœur. Ma petite sœur, Roselya, qui voulait qu'on l'appelle Rose. Elle n'avait que cinq ans à l'époque et ne voyait pas la peur que j'inspirais. Elle adorait les fleurs, les roses rouges en particuliers, et les histoires de prince et de princesse que je lui racontais. C'était l'être le plus gentil et le plus doux que je connaissais. Quand j'étais avec elle, j'oubliais tous ces murmures, j'oubliais toutes ces personnes qui me dévisageait et regardaient mon dos comme s'ils pouvaient voir ma marque à travers le tissu de ma tunique. Je ne louais pas le soleil, mais elle représentait pour moi le soleil de ma vie. Dans les ténèbres que j'aimais tant, il y avait toujours sa lumière pour me rappeler de ne jamais perdre espoir. 

 Mais un jour, elle mourut, subitement. Elle et mes parents. Ce jour-là, il était gravé en moi pour l'éternité, j'étais partie comme toutes les nuits observer la lune et parler avec les étoiles, si brillantes dans le ciel d'un noir profond, magnifique. J'avais alors entendu des hurlements venant de notre minuscule maison de paysans. Ces hurlements, je ne les oublierai jamais. Ils me glacèrent jusqu'aux os et me paralysèrent. C'était les voix de Rose, de ma mère et de mon père. Quand je pus à nouveau bouger, je courus aussi vite que mes petites jambes en étaient capables. Plus je m'approchais, plus les cris s'intensifiaient au point de devenir insupportable, au point de me briser les tympans. Quand j'arrivai sur le seuil de la porte, la main sur la poignée, je n'entendais plus rien, le silence était lourd et insoutenable. J'ouvris la porte et vis le contenu des placards gisant sur le sol, le vieux fauteuil était éventré, la table où nous mangions était brisée en deux. Mais je ne voyais personne, je courus vers la chambre de ma petite sœur. Je m'arrêtai, juste avant d'entrer dans la chambre, la porte était sortie de ses gonds et gisait par terre à côté d'une petite forme recroquevillée. Je m'approchais, c'était Rose, ma douce Rose, ma gentille et fragile Rose, elle avait les paupières closes. Je la pris dans mes bras, son frêle corps avait perdu sa couleur. Je ne remarquais pas tout de suite la profonde entaille dans son ventre, le sang écarlate qui avait taché mes mains et qui se vidait inexorablement sur le sol. J'essayais de le retenir mais rien y faisait. Je l'appelai doucement « Rose, je suis là, ta grande sœur est là, il faut se réveiller maintenant » mais seul le silence me répondit. Je secouai doucement son épaule mais ses yeux ne s'ouvrirent pas. 

 Elle était partie, jamais plus je ne verrai son beau regard émeraude, son sourire lorsque je lui contais les aventure d'une princesse d'un royaume lointain. Rose, ma lumière, s'était éteinte. Je restai avec elle un long moment puis je me décidai à aller voir dans la chambre de mes parents. Ils étaient sur le sol de leur chambre, leur cou formant un angle si étrange que j'étais tout simplement incapable de m'approcher. Ils n'avaient rien fait pour moi, il m'avaient abandonnée depuis mon premier jour dans ce monde. Mais ce n'était pas des êtres fondamentalement mauvais, je le savais à l'époque et je le sais toujours aujourd'hui. Je ne leur en avais jamais voulu, ils ne méritaient pas de mourir, surtout pas comme ça. Je me détachai finalement de cette vision d'horreur et retournai dans le salon et observai le désastre. Je remarquai un morceau d'étoffe déchiré sur la table brisée. Je le pris et vis un emblème que je ne connaissais pas, une tête de loup noir. Je le fourrai dans ma poche et fis tomber la lampe à huile sur le sol. Un feu se déclara et commença à grandir de plus en plus. Je quittai la maison et ce fut seulement lorsque je fus sur la colline, observant ma maison partir en fumée, que je me rendis compte des larmes qui s'écoulaient en un flot ininterrompu de mes yeux gris acier. Et je m'effondrai, libérant toutes les émotions que j'avais retenu, la vision des corps sans vie de ma famille me hantèrent. Je hurlai à m'en casser la voix, jusqu'à ce que ma gorge brûla. Au bout d'un moment, mes larmes s'étaient épuisées, je me relevai avec une détermination nouvelle dans le regard, serrant le bout d'étoffe dans mon poing. Je ne désirai plus qu'une chose : la vengeance. Ce jour-là, je mourus aussi. Aeryn Burnarrow perdit la vie.

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Helloo,

Je suis très heureuse de partager mon tout premier roman !! J'espère que ce premier chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires pour que je puisses m'améliorer.

Sincèrement, leammf

The Blood Tears of RevengeWhere stories live. Discover now